L’effondrement des valeurs faisant de notre pays une Nation a conduit le Dimanche, 5 septembre 2021, l’armée guinéenne à prendre le pouvoir, sous la bannière du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD). En sa tête, le Lieutenant-Colonel Mamady Doumbouya du régiment des forces spéciales.
Tout comme un marteau-piqueur, cette transition doit casser ce mur crépis d’ethno stratégie, de manipulations éhontées, de mensonges, d’offres politiques stériles, qui non seulement obstruent notre vue commune, mais aussi éloignent les guinéens les uns des autres.
Il est grand temps de tirer les leçons de nos expériences communes passées pour éviter le perpétuel recommencement.
Pour rappel, la « transition démocratique » en Afrique subsaharienne a été le grand objet scientifique des années 1990. Notre pays n’est pas en marge de cette donne dans la mesure où il est à sa troisième transition depuis son indépendance, le 2 octobre 1958.
Le vent du changement en cours dans notre pays est propice à l’émergence et au développement de la société civile. La sphère des libertés publiques sera certainement élargie davantage.
Les questions de rapport entre la citoyenneté, la politique, le droit et la loi, restent entières.
Ce qui nous amène à nous interroger sur: comment la nouvelle culture politique citoyenne doit-elle se présenter? Quels rapports doivent entretenir les partis politiques avec la société civile ? Y voient-ils un terrain potentiel d’extension de leurs activités et de diffusion de leurs idéologies ?
Les changements politiques que connaissent le monde, notamment les pays africains, et les périodes de transition politique, laissent apparaitre la fin du monopole du champ politique par l’État, car les organisations de la société civile s’accaparent de plus en plus de pouvoirs.
En effet, avec les avènements des « printemps arabes et noirs », de nouveaux acteurs de la société civile ont émergé et exercent des missions et rôles aussi divers qu’inhabituels. Ce qui peut être considéré comme étant une dépossession des rôles traditionnels de l’État.
En plus de contribuer à la rotation des élites, la société civile assure une fonction socio-éducative, tout en contribuant fortement à la consolidation du processus démocratique. Elle doit être perçue comme étant un espace de formation et de reconversion des logiques d’accumulation et des acteurs sociaux, mais aussi des politiques et économiques.
La société civile guinéenne doit faire un flash-back pour mieux comprendre le rôle qu’elle doit jouer pendant cette période de transition.
« Par nature, la société n’est pas homogène : elle est diversifiée et polymorphe. Ses composantes évoluent au gré des forces qui la composent. Des intérêts souvent contradictoires, voire conflictuels, sont représentés ; ce qui n’exclut pas en son sein la recherche de convergences et l’utilité d’un travail en commun. »
De l’autre, une démocratie ne s’importe et ne s’impose pas. Un pays la construit en tenant compte de ses spécificités. Nous avons connu des empires avec des modèles de gouvernance qui devraient nous servir d’exemple.
De toute évidence, le concept moderne de démocratie, en tant que pouvoir du peuple pour le peuple et par le peuple, ne se limite ni aux élections libres, permettant de définir une majorité, ni au règne sans partage d’une majorité. Elle implique aussi la liberté d’opinion, le respect des droits des minorités, la confrontation pacifique des intérêts et donc la liberté d’organisation et l’Etat de droit.
Pour terminer, l’organisation d’un forum sur la société civile en Guinée est plus que nécessaire aujourd’hui. Cela permettra de débattre des politiques d’orientation des OSC, de financement innovant, de la diplomatie des OSC, les exigences nouvelles qui s’imposent à la société civile, car elle reste encore incomprise par l’Etat et le grand public.
Cette transition doit réussir et ne réussira que par la participation active et non passive de la société civile.
Soninké Diané
Entrepreneur-
Engagé pour les Causes
Citoyennes-Sociales-.Développement