Les dernières années ont été émaillées de violences politiques à travers la Guinée. Souvent, ces violences sont dues à des manifestations politiques. L’une des pires épreuves est la crise postelectorale d’octobre 2020. Au lendemain de ce vote, plusieurs citoyens ont été victimes de tirs à balles réelles. C’est le cas de Mamadou Bobo Bah, rencontré par maguineeinfos.com. La vingtaine avait reçu deux balles dans son abdomen.

Un an après, la douleur en même temps physique et psychologique, reste encore sur le jeune. Selon ses explications, les gens (ses bourreaux) l’ont pourtant trouvé dans son quartier, avant de lui coller deux balles. Aujourd’hui, l’inquiétude pour son rétablissement est encore grande, malgré une première opération suivie d’un traitement intense.

N’ayant pas les moyens nécessaires pour suivre un traitement approprié, la victime voit sa vie chambouler. Il est même interdit d’exercice physique, au risque de vivre le pire.

« Après les élections du 18 octobre, alors que des citoyens de la zone manifestaient leur joie suite à l’auto proclamation de Cellou Dalein Diallo comme Président, une descente musclé des forces de l’ordre, qui au cours de son ratissage, nous a trouvé arrêtés derrière la cour, le moment pour nous de prendre la fuite, ils ont dégainé leurs armes sur nous à bout portant, c’est là que je me suis retrouvé avec deux balles à l’abdomen. Ils étaient deux, habillés en tenue de gendarmes, j’ai vu celui qui m’a tiré dessus, je ne dis pas que je pourrai le reconnaitre aujourd’hui », a-t-il raconté, avant de rebondir sur sa vie difficile et incertaine.

« Moralement je suis encore trop blessé et physiquement on n’en parle pas parce qu’on m’a interdit de prendre d’objets lourds, ce qui me fait perdre le droit de travailler, je ne peux plus conduire comme il le faut. Je ressens des douleurs au niveau du ventre, je suis mon traitement sur mes propres fonds. Je dois dire que c’est loin d’aller, psychologiquement je suis touché. Je n’ai reçu aucune aide pour dire que je vais continuer mon traitement et ça va faire un an le 28 octobre prochain, jusqu’à présent je suis avec mon médecin qui me suit régulièrement. Actuellement on me recommande une nouvelle opération, qui est nécessaire au cas où le traitement ne marche pas. Je demande aux bonnes volontés de m’aider afin que je puisse être réopéré parce qu’aujourd’hui selon mon médecin, c’est la seule solution qui pourrait soulager ce que je vie. Ça commence à devenir un problème rénal parce que dès que ça touche les reins, vous savez ce que ça fait. Je ne sais pas vers qui me tourner aujourd’hui, je suis issu d’une famille où ce n’est pas si rose que ça, je ne dispose pas de moyens pour supporter les charges d’une opération qui va couter 30 à 50 millions, s’octroyer un voyage pour aller se soigner. Quand on te demande de ne pas exercer de travail physique alors que c’est en travaillant tu te nourris et prends en charge ta famille, cela est difficile. Je suis marié, comment je vais y parvenir? Je suis tenu obligé de travailler parfois pour m’en sortir un peu », explique t-il.

A l’image de Mamadou Bobo Bah, d’autres victimes de ce genre, sont encore dans les hôpitaux et maisons en train de se tordre de douleur physique et morale.

Siradio Kaalan Diallo pour maguineeinfos.com