C’est en 1932 que le métier de cordonnier a été créé à Dalaba par Thierno Oumar Diogo, fondateur de cette ville, après avoir fait venir d’ailleurs, plusieurs corps de métiers tels que: des cordonniers, des tisserands, des maçons, des bijoutiers, ainsi de suite…; mais parmi ces métiers cités plus haut, la cordonnerie a pris le devant. Ces corps de métiers, Thierno Oumar Diogo les a fait venir dans sa ville en 1932, quand il venait juste de fonder cette ville qui a fait l’objet de beaucoup de convoitises des touristes étrangers, notamment des blancs. Dalaba était considéré à l’époque, comme la Suisse d’Afrique, à cause de la douceur de son climat.
Pour valoriser ce métier, les cordonniers ont décidé de se constituer en coopérative. Ainsi, en 1991, ils ont créé le bureau de la coopérative des cordonniers de Dalaba, qui a alors eu son agrément préfectoral.
«C’est en 1991 que la coopérative a été créée et en 2018, nous avons renouvelé son agrément. Nous vivons de cette cordonnerie, nous nourrissons nos familles et construisons nos maisons de ce métier de cordonnier», soutient Amadou Tounkara, cordonnier, membre du bureau coopérative des cordonniers de Dalaba.
Dans cette cordonnerie, située au quartier Garankela, en bordure de la route nationale Conakry-Labé, on y trouve plusieurs objets de valeurs fabriqués par des cordonniers installés à travers toute la salle, au milieu, s’installe une vaste table sur laquelle sont exposées des chaussures dont l’esthétisme force l’admiration. Mais, ce n’est pas que des chaussures qui y sont fabriquées.
«Dans cette cordonnerie, nous fabriquons de chaussures pour hommes, femmes et enfants. Nous fabriquons également des sacs pour hommes et femmes, des bouteilles, des machettes et des ceintures», liste ce cordonnier en pleine activité.
Pour la fabrication de chaussures, plusieurs cuirs d’animaux différents sont utilisés avant d’en avoir le produit fini.
«Nous utilisons le cuir de vache, de mouton et de chèvre. Nous utilisions aussi le cuir de certains animaux sauvages, mais puisque c’est interdit par le département de l’environnement de se servir de ces animaux, on a mis fin à ça».
Des tapis de qualité sont aussi utilisés tout simplement, parce que certains clients en font la demande. Ces cuirs et tapis sont importés de Conakry d’où il est très facile d’en trouver une quantité suffisante, fait savoir ce cordonnier.
Les chaussures en cuir de Dalaba sont beaucoup réputées parmi tant d’autres qu’on retrouve sur le marché. D’ailleurs, beaucoup profitent de leur voyage pour le Foutah pour s’en approvisionner. Qu’est-ce qui explique cette particularité, cette admiration ?
«C’est pas magique, nous faisons très bien le tannage pour faciliter le traitement. Nous ne mélangeons pas aussi la colle, nous l’utilisons comme on l’a acheté au marché et nous la mettons très bien sur le cuir, de telle sorte que si le client porte la chaussure, il va directement sentir la différence entre les chaussures fabriquées ici à Dalaba et celles fabriquées ailleurs. Nous avons même un comité de contrôle de qualité. Si ce n’est pas bien fait, on ne va pas accepter que ces chaussures soient exposées à l’intérieur de la cordonnerie», explique notre interlocuteur.
Ce qui fait que d’ailleurs, ces chaussures ne traînent pas longtemps, une fois qu’elles sont prêtes à être portées.
«Par la grâce de Dieu nous parvenons à écouler tous nos produits. On a pas eu un produit avarié ici, quelque soit le temps qu’il fait ici, il finit par être écoulé», se réjouit Amadou Tounkara.
Cependant, force est de constater que les multiples crises d’ordre politique, économique et sanitaire ont considérablement impacté le fonctionnement normal de cette activité, regrette cet artisan.
«Depuis que la pandémie de coronavirus est apparue en Guinée, l’écoulement de nos produits a considérablement baissé. Nous n’avons pas vendu depuis que la maladie a commencé à sévir. Nous n’avons fait que régresser. De la pandémie de Covid-19, à la crise pré et postélectorale, en passant par l’augmentation du prix du carburant, nous avons beaucoup été affectés », se lamente-t-il.
Ces produits fabriqués dans cette cordonnerie très connue de Dalaba, sont exportés en dehors même du territoire guinéen.
«Nous avons des clients qui viennent du Sénégal, du Libéria, de la Sierra Leone, de Conakry…, pour acheter une grosse quantité et aller revendre dans ces pays», fait-il remarquer.
Les prix de ces objets d’art varient en fonction de leur qualité et selon les négociations avec le client, assure notre compagnon dans cette aventure. Les chaussure sont vendues à partir de 60.000 GNF, les bouteilles à 150 ou à 180.000 GNF et les sacs pour hommes à 400.000 GNF.
Mamadou Aliou Diallo pour maguineeinfos.com