Dès leur arrivée aux affaires, les nouvelles autorités comptent réformer le pays. Pour ce faire, le CNRD entend refonder les
institutions, dont la CENI, qui selon plusieurs observateurs, l’une des sources de conflits politiques. Mais la Commission électorale nationale indépendante est-elle le réel problème ? Dr Alhassane Makanéra Kaké répond par la négation. Selon ce juriste, cette institution n’est nullement responsable des crises électorales qui sévissent à travers le pays.
Selon lui, le processus électoral lui-même et son mode d’organisation, sont les bases du problème dont on parle. Dans un entretien qu’il a accordé à notre rédaction, le Professeur d’université dénonce l’implication excessive du Pouvoir exécutif des les travaux de la CENI. En plus de cela, le Président de l’institution possède d’un pouvoir énorme. Ce qui empêche la démocratisation de celle-ci. Ce sont entre autres, les manquements soulevés par notre interlocuteur.
« Le véritable problème de la Guinée c’est l’élection et la CENI n’est pas l’élection. Elle est un acteur principal du processus électoral. Mais le problème réel de la Guinée, c’est l’élection. En Guinée, la loi électorale est faite de telle sorte que celui qui est au pouvoir puisse gagner. Quoi que vous fassiez, même si vous amenez une CENI composée que des « dieux »,avec cette loi, celui qui est au pouvoir va remporter. Il y a un pouvoir énorme pour le Président de la CENI. C’est expressément fait, parce qu’il est facile de manipuler un seul en lui donnant tout le pouvoir, que de manipuler le reste des commissaires. Donc la loi électorale est comme ça. On dit que pendant la révision à titre exceptionnel, c’est le Président la CENI qui fixe la durée de l’enrolement et non la CENI », indique t-il, avant d’ajouter, « le pouvoir exécutif refuse que la CENI soit indépendante. Donc si on dit que c’est la CENI qui est le problème, moi je dirais que c’est le pouvoir exécutif qui est le problème. Donc ce n’est ni les commissaires, ni les assistants », précise Dr Alhassane Makanéra Kaké.
Pour trouver une sortie de ces perpétuelles crises nées de chaque élection, l’ancien commissaire à la CENI formule une chaîne de propositions.
« Il faut démocratiser la CENI, elle n’est pas du tout démocratisée. Mais ce n’est pas seulement la CENI. Aucune institution guinéenne n’est démocratique. Donc le problème c’est que le chef de chaque organe ou institution fait ce qu’il veut. Je souhaite vraiment voir nos institutions démocratisées. La CENI n’est pas indépendante. Alors il faudrait que l’intervention excessive du Gouvernement dans le processus électoral, s’arrête. Il faut que le Gouvernement soit neutre, il faut la Démocratie dans les institutions. En principe, c’est la CENI qui gouverne, les autres la suivent », suggère t-il au micro de maguineeinfos.com.
Notons que dans sa démarche de refondation de l’Etat, le CNRD a sur sa liste, la réforme de la Commission électorale nationale indépendante. Mais pour l’heure, rien n’est encore défini à cet effet.
Siradio Kaalan Diallo pour maguineeinfos.com