Après plusieurs années d’hésitation, le Ministère de l’enseignement pré-universitaire a instauré cette année la diversification des filières pour les classes de 11e. En lieu et place des options traditionnelles, les nouveaux lycéens sont orientés dans deux séries à savoir la série scientifique et littéraire.
À Kindia, notre correspondant a fait le tour de certaines écoles pour s’enquérir des réalités autour de cette réforme. Dans la commune urbaine, c’est une réforme pour le moment peu appréciée par les élèves rencontrés. Après quelques semaines de cours, Amadou Oury DIALLO élève en 11e série scientifique dans une école privée de la place, trouve l’expérimentation des nouvelles filières hâtive. «Lorsque je faisais le Brevet, je m’attendais pas cela du tout. Je me disais qu’une fois admis, j’allais choisir l’option qui me convenait c’est-à-dire les sciences mathématiques. Donc cette réforme m’a beaucoup surpris. Au contraire des sciences mathématiques avec sept matières, actuellement nous nous retrouvons avec neuf matières dispensées. C’est pas facile de maîtriser toutes ces matières», raconte l’apprenant.
Également élève en série scientifique, Aly Fan CAMARA lui, estime que la réforme surcharge les élèves « En accumulant les deux options (sciences mathématiques- expérimentales) ils nous donnent une lourde charge. Les matières augmentent, mais surtout il y a certains d’entre-nous qui ne comprennent pas la biologie ou les mathématiques», déplore t-il.
Face aux nouveaux lycéens souvent mécontents de leur orientation, la tâche n’a pas été facile pour l’encadreur Mamady TRAORÉ. Ce responsable d’une école privée déclare avoir fait beaucoup de pédagogie, de persuasion, voire d’autorité pour expliquer le mécanisme de la réforme aux élèves et à leurs parents. « Dès que la DPE nous a livré la liste des élèves des deux séries, nous avons directement procédé à leur répartition. Il s’est avéré qu’il y avait des élèves qui voulaient faire la série scientifique alors que leurs noms se trouvaient dans la série littéraire et vice-versa. Nous leur avons expliqué. Certains ont compris, d’autres non. Il y a même des élèves qui ont quitté l’école », confie le responsable d’école
Les mesures d’accompagnement mais surtout l’information ont manqué dans la mise en œuvre de cette diversification des filières, déplore Abel Faya KAMANO proviseur «Nous sommes d’abord avec les réformes sauf que quand il y a une réforme, il faut trouver les mesures d’accompagnement. Ce n’est pas de passer des options aux séries, mais nous rencontrons énormément de difficultés. La première c’est que les enfants n’étaient pas préparés au courant de l’année qu’il y aura une réforme de la sorte. Il y a des enfants qui disent que l’Etat a brisé leur rêve », martèle Abel Faya KOMANO
Le jeune proviseur ne comprend pas comment est-ce que les autorités éducatives sensées maîtriser tous les contours de la réforme, sont les premières à s’emmêler les pinceaux. « Pratiquement rien n’a changé. C’est les mêmes matières dispensées et le même programme. Mais nos autorités elles-mêmes ne maîtrisent pas d’abord cette réforme par ce qu’il y a des choses qu’ils nous ont confiées d’attendre jusqu’au mois de février pour régler tout ce qui pouvait être évacué. Si nous attendons jusqu’au mois de février, cela veut dire que ces autorités n’étaient pas prêtes pour la réforme. C’est un problème. Un vrai calvaire pour nous ».
Initier des séries de formation à l’endroit des acteurs du système éducatif guinéen, semble primordial pour ces encadreurs interrogés. surtout que la réforme rentre dans la deuxième phase dès la prochaine année scolaire avec les classes de 12e.
Abdoubacar Wayé Touré depuis Kindia pour maguineeinfos.com