La grossesse constitue une véritable distance entre bon nombre d’hommes et leurs conjointes. Beaucoup aperçoivent cette période de la femme comme un moment de méfiance entre les couples. Mais quelles conséquences de la grossesse sur la sexualité ? Quelle est la durée qui doit exister entre la contraception et la grossesse ? Les réponses à ces questions surprendront ceux qui tiennent à l’idéologie évoquée ci-dessus. Selon les explications d’un Gynécologue médical, interrogé par maguineeinfos.com, aucune conséquence négative directe n’est à noter sur la sexualité pendant la grossesse.
Dans un entretien qu’il nous a accordé, MoSidi FOFANA évoque de long en large ces questions qui hantent plus d’un. Le Médecin Gynécologue parle également des changements que connaîtra la femme pendant sa grossesse. Plus loin, le Sexologue met à nu, les risques directement liés à la grossesse.
Par ailleurs, notre interlocuteur a apporté des précisions sur les attitudes à adopter et celles à éviter durant la grossesse.
Nous vous proposons ci-dessous, l’intégralité de l’interview!
APRÈS LA CONTRACEPTION COMBIEN DE TEMPS FAUT-IL ATTENDRE POUR ÊTRE ENCEINTE ?
Après l’arrêt de la contraception, la grossesse peut survenir au cycle suivant ou se faire attendre plusieurs mois. Tout dépend de l’âge (la fertilité baisse avec l’âge surtout après 35 ans), de la régularité de l’ovulation, de la qualité du sperme du conjoint. Il n’y a qu’une ovulation par mois et le taux de grossesse est en moyenne de 25 % par mois si on est jeune. Ce taux passe à 5 % si la femme a plus de 40 ans. Au bout de 2 ans de rapports réguliers sans contraception, 80 % des femmes sont enceintes. Si au bout d’un an de rapports réguliers sans contraception la grossesse ne survient pas, il faut consulter un médecin spécialiste avec votre conjoint pour faire des examens appropriés pour essayer de comprendre ce qui empêche la survenue de la grossesse.
DORMIR SUR LE VENTRE ÉTANT ENCEINTE, EST-CE DANGEREUX ?
Il n’y a pas une seule bonne position pour dormir ! Certaines personnes ne peuvent trouver le sommeil qu’en s’endormant sur le côté ou sur le dos et d’autres ne réussissent à gagner les bras de Morphée qu’allongées sur le ventre.
Il n’y a aucune contre-indication à dormir sur le ventre enceinte pendant le 1er trimestre. Que la femme enceinte adepte de cette position de sommeil, se rassure. Cela ne présente aucun danger pour le bébé, qui est bien protégé dans la cavité utérine remplie de liquide amniotique. Elle doit lui faire confiance car celui-ci n’hésitera pas à signifier s’il est indisposé par sa position, à renfort de coups dans le ventre !
Le problème réside plutôt dans le fait que cette position sera difficilement tenable, et deviendra impossible au-delà du 4e mois de la grossesse, une fois que le volume du ventre aura augmenté. Souvent fragilisé pendant la grossesse pour des raisons hormonales mais aussi psychologiques, le sommeil peut voir ses troubles augmenter seulement par l’impossibilité de trouver une bonne position. Les femmes dormant sur le côté gauche sont moins handicapées, car rien ne s’oppose sur le plan morphologique à maintenir cette position durant toute la grossesse.
Le sommeil risque d’être, durant un certain temps difficile, à trouver pour les femmes ne sachant s’endormir que sur le ventre. Il leur faudra parfois un petit temps pour que leur corps trouve une nouvelle position, sur le côté ou sur le dos, adaptée à la physiologie du moment. Elles peuvent augmenter leur confort à l’aide d’un coussin d’allaitement (un coussin rempli de microbilles permettant de bien positionner le bébé au moment de la tétée ou du biberon), qu’elles pourront installer entre leurs jambes, par exemple et qui leur permettra de soulager l’inconfort lié aux nouvelles positions.
LA GROSSESSE, UN DESERT SEXUEL ?
Si, suivant cultures et époques, la sexualité pendant la grossesse s’est vue proscrite, nous pouvons tout de même nous rassurer, sexe et grossesse se marient plus qu’on ne le pense : en fait, l’épanouissement sexuel ne fait courir aucun risque à la future maman en bonne santé ni à l’enfant à qui elle s’apprête à donner la vie. La grossesse ne doit pas être un désert sexuel et affectif pour la sexualité du couple. Pendant les transformations de la grossesse, malgré les fluctuations normales de la libido, la sexualité continue, le deuxième trimestre serait même la période de la « lune de miel ». Il est certain qu’au fil du temps, les rapports demandent quelques aménagements : le ventre qui s’arrondit rend la position du missionnaire de plus en plus difficile. Il faut faire preuve d’imagination, mais c’est tout le charme de la créativité sexuelle du couple dont il est question.
L’image corporelle de la femme est souvent sujette à des complexes lors de cette période, ainsi le regard que l’homme porte sur la femme enceinte est-il très important. Le ventre gravide et les seins qui gonflent peuvent être à la base d’une hyper érotisation associée à une hypersexualité. Si pour une minorité, ces modifications corporelles peuvent entrainer craintes, angoisses et hypersexualité, notons que selon une étude réalisée en France en 2007, 49 % des hommes trouveraient leur partenaire tout aussi désirable et 33 % d’entre eux trouveraient leur femme encore plus désirables !
Certaines femmes, complexées, voir comblées par la plénitude que leur procure la grossesse auraient tendance à s’éloigner de leur compagnon. On ne saurait que conseiller la compréhension et l’écoute à l’égard des délaissés. Si le désir sexuel n’est pas au rendez-vous pour l’une ou l’autre raison, n’omettez tout de même pas les caresses, les massages, les moments d’intimité et de rencontres sensuelles, qui sont autant d’éléments qui peuvent renforcer le couple et aider les partenaires à vivre au mieux ce moment magique que représente l’attente d’un enfant.
QU’EST-CE QUI CHANGE AU COURS DE LA GROSSESSE ?
Au cours de la grossesse, la sexualité est dénuée d’objectif de procréation. Elle a donc comme seul but le plaisir du couple. Mais justement, lorsque seuls le désir et le plaisir constituent la finalité du rapport sexuel, certaines craintes s’en trouvent amplifiées chez les partenaires. La présence du foetus peut être considérée comme le témoin d’un vécu strictement intime. L’intérêt pour l’enfant à naître, peut, consciemment ou non, générer des inquiétudes, des angoisses et de possibles complications sexuelles au cours de la grossesse. Ce qui peut modifier le comportement des futurs parents.
La sexualité ne doit pourtant pas être un tabou pendant la grossesse. Les modifications anatomiques, physiologiques et psychologiques doivent simplement être connues. En effet, des conseils sont parfois nécessaires pour aider à l’harmonie du couple et éviter certaines difficultés. La grossesse modifie la sexualité et la sexualité peut compliquer la grossesse. Certaines difficultés générées par la naissance de l’enfant seront mieux anticipées si l’on parle de la sexualité pendant la grossesse.
◾Les modifications hormonales.
Au cours de la grossesse, les taux d’œstrogènes et de progestérone, dont l’action centrale est calmante, augmentent fortement. De même on constate une augmentation de la prolactine, une hormone fabriquée par l’hypophyse et qui favorise la lactation après l’accouchement.
L’ocytocine, considérée comme hormone de l’attachement et du lien affectif, semble jouer un rôle dans nos relations sociales et amoureuses. Elle provoque des contractions utérines. Elle réduit la peur, induisant un sentiment de calme et de sécurité. Les stimulations sexuelles et l’orgasme peuvent élever la sécrétion de l’ocytocine au cours de la grossesse. Elle sera sécrétée de façon pulsative en début de travail, pendant l’accouchement.
◾ Les modification anatomiques
Elles se produisent sous l’influence des hormones et se caractérisent par l’augmentation rapide du volume des seins. Ce qui donne une apparence flatteuse et plus érotique à la poitrine. L’utérus va progressivement augmenter de volume. En fin de grossesse, la hauteur de l’utérus est chiffré en 33 cm. Il peut ainsi comprimer les gros vaisseaux, l’aorte et la veine cave inférieure et ainsi expliquer les malaises que peut présenter la femme lorsqu’elle est couchée sur le dos à partir du 5e mois de grossesse. La position sexuelle dit « du missionnaire » (l’homme sur la femme) est donc à déconseillée au profit d’autres variantes.
L’hypervascularisation pelvienne avec une hyperpression veineuse explique la congestion pelvienne vaginale et vulvaire. En fin de grossesse, la vulve et le vagin sont gonflés, ce qui diminue les sensations sexuelles.
Il existe au cours de la grossesse et surtout au 3e trimestre un état de sécheresse vaginale. Ce qui peut nécessiter l’utilisation d’une crème lubrifiante.
La distension périnéale de l’accouchement peut favoriser des lésions traumatiques, entraîner une diminution de sensation vulvovaginale lors de la reprise des rapport sexuels après l’accouchement.
◾ Les modifications physiologiques
Au cours du premier trimestre, la femme peut-être très gênée par des nausées et vomissements. Son état général est souvent marqué par une hypersomnie (tendance à beaucoup dormir), un grand état de fatigue. Les femmes notent souvent une modification du goût et de l’odorat.
Au cours du 2e trimestre, l’état général s’améliore. Sur le plan sexuel, la congestion pelvienne (turgescence – gonflement – clitoridienne et vulvaire) améliore la lubrification vaginale et la sensation de plaisir. La sexualité est souvent au top.
Au cours du 3e trimestre, l’état de congestion pelvienne est maximal, expliquant que la vulve est gonflée et les parois du vagin sont épaissies. Si la femme est sur le dos, le volume utérin gêne la circulation veineuse, entraînant parfois un malaise. Il faut mieux se coucher sur le côté gauche et utiliser, pour des rapports sexuels, soit la position dite des petites cuillères, soit la position dite de l’Andromaque ou la position de Lotus (position de chaise).
◾ Les modifications psychologiques
Elles sont très importantes, car elles modifient le statut de la femme qui va devenir une nouvelle maman. Pour l’homme, il est peut-être difficile de faire la part des choses entre la maman et l’amante. Comme nous l’avons déjà dit plus haut, le foetus peut-être considéré comme « une personne » pouvant contrarier l’intimité de couple.
La femme peut avoir peur d’une fausse couche, peur pour son bébé. Les influences religieuses et culturelles jouent un rôle important dans les modifications du comportement du couple. Pour la femme comme pour l’homme, un refus des rapports sexuels peut ainsi s’exprimer. Il est important de noter que la sexualité avant la grossesse conditionne très fortement les relations sexuelles pendant et après la grossesse. En effet, si le couple entretenait une sexualité épanouie et sans tabou, la grossesse n’est pas une gêne. Mais certains troubles antérieurs non réglés peuvent s’exprimer durant cette période particulière.
QUEL EST L’IMPACT DE LA GROSSESSE SUR LA SEXUALITÉ ?
◾ L’impact sur les rapports sexuels
Les changements anatomiques décrits plus haut vont retentir sur la sexualité.
L’augmentation de la taille de l’UTÉRUS constitue une potentielle gêne au cours du 2e et surtout du 3e trimestre.
LES ZONES ÉROGÈNES PRIMAIRES (clitoris, vestibule vulvaire) deviennent moins accessibles. LES ZONES ÉROGÈNES SECONDAIRES présentent quant à elles des réactions différentes : les SEINS sont plus tendus et donc plus sensibles.
LES PHASES DE RÉACTIONS SEXUELLES au cours du rapport peuvent changer.
✔ Le désir peut être modifié avec au cours de la phase d’excitation, une modification de la lubrification. S’il est souvent diminué au cours des 1er et 3e trimestres, il augmente fréquemment au deuxième trimestre de la grossesse.
✔ La phase en plateau (phase du plaisir) a une durée prolongée (rôle de la progestérone).
✔ La phase orgasmique est parfois plus difficile à atteindre.
✔ La phase de résolution se traduit par un complet état de bien-être et la survenue de contractions utérines devra être notée.
Les modifications physiologiques de la grossesse liées aux HORMONES (œstrogènes et progestérone) et aux MODIFICATIONS PHYSIQUES (augmentation du volume utérin, rythme cardiaque…) modifient le désir sexuel. Globalement, la sexualité diminue en fréquence et en intensité au cours de la grossesse.
👉 Au 1er trimestre
Ce moment est caractérisé par des vomissements, d’hypersomnie, de fatigue, de modification du goût et de l’odorat. Ce qui peut entraîner une diminution du désir. Le temps pour atteindre l’orgasme peut être augmenté. Le conjoint doit se montrer plus proche et plus affectueux.
👉 Au 2e trimestre
C’est une période de privilégiée d’épanouissement physique et psychique. Le ventre s’est arrondi mais ne constitue pas un obstacle à une vie sexuelle intense et harmonieuse, d’autant que la libido peut s’intensifier. Le pouvoir de séduction de la femme est amplifié. Sur le plan physique, la congestion veineuse vaginale s’associe à une lubrification vaginale plus importante. En dehors de pathologie particulière, il n’y a pas de contre-indication à la sexualité. Le volume utérin est encore peu important et toutes les positions sont possibles.
👉 Au 3e trimestre
Au cours du 3e trimestre, les statistiques concernant la sexualité objectivent une diminution des rapports. Certes le volume utérin impose une adaptation des positions sexuelles, mais en dehors de risques d’accouchement prématuré, la sexualité est toujours permise. La position dite de missionnaire (couchée sur le dos) n’est pas recommandée, car elle favorise les malaises par compression de la veine cave inférieure. Les positions de côté gauche (cuillère), l’Andromaque (femme sur l’homme) ou la position du Lotus (chaise) doivent être conseillées.
◾ Le retentissement sur le couple
Si la grossesse peut s’accompagner d’une entente érotique plus forte, elle peut également être révélatrice de problèmes conjugaux, relationnels et sexuels. Les problèmes d’IDENTITÉ DU CORPS sont notés chez 14,1% des femmes qui se trouvent moins belles et moins attirantes. La grossesse peut-être une excuse facile de ses désirs. Un SENTIMENT DE JALOUSIE peut également opposer l’homme à ce duo femme-enfant. L’entente, le dialogue, les échanges au sein du couple sont fondamentaux pour éviter ces blocages. L’ENFANT PRÉSENT DANS L’UTÉRUS est la preuve du lien, la concrétisation humaine de l’acte d’amour passé. Cette perception permet de réitérer l’acte sexuel sans culpabilité.
SELON UNE ÉTUDE SCIENTIFIQUE, la fréquence des rapports sexuels est diminuée chez 64 % des femmes enceintes, alors qu’elle n’est augmentée que chez 4 % d’entre elles. Les raisons de diminution des rapports pendant la grossesse sont :
✔ Nausées et vomissements du premier trimestre (30 %)
✔ Fatigue physique (20 %)
✔ Peur de la fausse couche (12 %)
✔ Perte d’intérêt pour la sexualité (10%)
✔ Peur d’une rupture des membranes (8%)
✔ Peur d’une infection (8 %)
✔ Inconfort physique (6%)
Dans l’enquête réalisée au CHU de Nantes, 47 % des femmes disent avoir été gênées par leur volume abdominal.
EXISTE-T-IL DES RISQUES PENDANT LA GROSSESSE ?
Beaucoup de risques relatifs à la sexualité pendant la grossesse restent potentiels sans validation scientifique. Chez les mammifères, la sexualité est souvent saisonnière et liée à l’oestrus, période durant laquelle la capacité ovulatoire de la femelle coïncide avec la réceptivité du mâle. Au cours de la gestation, la femelle se refuse habituellement au mâle.
Dans l’espèce humaine, l’acte procréatif est dissocié de l’acte sexuel et certains risques existent, mais des idées fausses également :
✔ Le risque de fausse couche tardive ne peut être exclu. En revanche, le risque de fausse couche spontanée du premier trimestre n’a pas de lien avec la sexualité.
✔ Les hémorragies du col de l’utérus sont possibles chez les femmes souffrant d’une inflammation ou d’une tumeur cervicale, qu’elle soit bénigne (polype) ou maligne (cancer du col de l’utérus). En cas de saignement, un avis médical doit être sollicité.
✔ Les risques infectieux sont majorés avec un risque de développer des condylomes (verrues génitales situées sur la vulve, le périnée ou de l’anus dues au HPV 6 ou1) ou des mycoses.
✔ Les risques d’accouchement prématuré peuvent être majorés chez les femmes ayant des contractions utérines. L’activité coïtale peut favoriser ces contractions, la distension vaginale peut entraîner la sécrétion d’ocytocine, qui joue un rôle dans le déclenchement de l’accouchement. Environ 25 % des femmes ressentent des contractions après l’orgasme. Les rapports sexuels doivent être évités en cas de risque d’accouchement prématuré.
✔ Le col utérin es plus fragile et la douceur est recommandée lors de la pénétration pour éviter des saignements. Des antécédents ou certaines pathologies doivent faire éviter la pénétration : accouchement prématuré, grossesses multiples, rupture prématurée des membranes, placenta inséré bas.
✔ Il est souvent admis que les rapports sexuels peuvent déclencher l’accouchement. Or les études scientifiques n’ont pas validé cette hypothèse.
La prise en charge des problèmes sexuels doit être différée du temps de la grossesse à la période postnatale. Cependant, une information concernant la sexualité au cours de la grossesse est absolument nécessaire. Il incombe au médecin de rassurer sur la faiblesse des risques liés à la sexualité au cours d’une grossesse normale et savoir conseiller sur les positions sexuelles, en rappelant que la sexualité ne se réduit pas la pénétration vaginale. Mais avec plus d’intimité d’affection et de douceur pour la bonne harmonie psychosomatique de la femme enceinte.
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