Un peuple longtemps  opprimé, humilié, méprisé et trahi par ses dirigeants corrompus et autoritaires accorde rarement sa confiance et reste très vigilant sur les questions de démocratie, des libertés et de l’État de droit.

Le peuple de Guinée  dans sa grande majorité a salué et félicité nos forces de défense et de sécurité qui ont pris leur responsabilité le 5 septembre 2021, en mettant un terme au règne des putschistes constitutionnels du 22 mars. Cette attitude de nos populations était aussi une manière d’exprimer le mécontentement général face aux agissements d’un régime antidémocratique et liberticide qui a gouverné la Guinée pendant 11 ans.

La chute d’une gouvernance caractérisée par la haine, l’exclusion, l’impunité, l’arbitraire, la corruption, les détournements des deniers publics et la manipulation ethnique a été un motif de soulagement et des raisons du soutien de nos populations aux autorités du CNRD.

Le colonel Mamadi Doumbouya en affirmant je cite: « aucun recyclage ne sera autorisé », a donné de l’espoir à tous nos concitoyens qui aspirent à plus de démocratie, de liberté, de dignité et de bonne gouvernance.

Néanmoins, cinq (5) mois après, certaines actions du CNRD appellent à la réflexion et à la nécessité d’ouvrir un dialogue sérieux avec la classe politique et les acteurs sociaux afin de prévenir d’éventuels conflits dont s’est rendu coupable l’ancien régime putschiste, déchu.

Les démons semblent refaire surface à travers plusieurs actes de grande maladresse posés a ce jour par le CNRD :
Primo, les nominations fantaisistes et la reconduction de certains soutiens du troisième mandat. Une attitude en contradiction avec les premiers discours du Colonel et la volonté exprimée à l’époque par le CNRD de rompre avec les anciennes pratiques à la base de la faillite de notre État, de notre démocratie et  de nos institutions.

Secundo, l’injustice et le mépris exprimé par les autorités du Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation à l’égard de l’UFDG et ses alliés de l’ANAD.

Alors que la classe politique a retenu les critères en fonction de la représentativité et du poids électoral pour attribuer quatre (4) places à  l’UFDG et ses alliés, aussi, quatre au RPG-ARC-EN-CIEL et ses alliés, nous sommes curieux, indignés et choqués par les agissements du ministère de l’administration du territoire. Son attitude ne repose sur aucun critère objectif. Bien au contraire, elle est une preuve éloquente qu’il y a des individus tapis dans l’ombre qui souhaitent opposer l’ANAD au CNRD pour satisfaire des cupidités. Il vous souviendra que l’ANAD est l’une des premières coalitions politiques à soutenir officiellement les nouvelles autorités de la transition. Le Président Cellou Dalein Diallo n’a manqué aucune occasion pour inviter les Institutions internationales et les partenaires bi et multilatéraux de la Guinée à soutenir et accompagner les autorités de la transition.

Tertio, c’est la nomination controversée de monsieur Dansa kourouma qui passe mal au sein de l’opinion. Elle est vécue comme une insulte à la mémoire des nombreux jeunes assassinés dans la lutte contre le troisième mandat illégal de monsieur Alpha Condé.

Le CNT est un organe important de la transition. Nommer une personnalité clivante à sa tête est une manière de discréditer l’institution. C’est pourquoi, pour éviter d’éventuels conflits, il est important d’ouvrir un couloir de dialogue pour discuter des actions à mener durant cette transition. Avec un dialogue franc, honnête et constructif, aucun problème n’est insupportable. La durée de la transition, le fichier électoral, le chronogramme électoral, l’écriture de la nouvelle Constitution sont des points essentiels qui méritent un large consensus pour éviter des embrouilles et permettre une transition réussie.

Mon colonel, aucun agenda caché ne sera autorisé, vous avez raison. Mais pour traduire ces propos en actes concrets pour le bien du pays, il vous appartiendra de résister aux démagogues, aux imposteurs et à la communauté pour entrer définitivement dans l’histoire.

Souleymane Konaté, vice-coordinateur de la cellule de communication de l’UFDG.