L’Universitaire de Labé est une institution d’enseignement supérieur situé dans la sous-préfecture de Hafia à 20 Km de la commune urbaine de Labé et à 18 Km de Pita avec un effectif qui avoisine 5.000 étudiants. Mais, à en croire certains étudiants, cette université est presqu’en manque de tout, ajouté à leur quotidien qu’ils qualifient de précaire. Ce qui les contraint à suivre les cours dans des conditions misérables.

Pour tenter de comprendre les difficultés que vivent ces étudiants, le correspondant de maguineeinfos.com basé dans la région a rencontré certains étudiants qui ont livré leur cri de détresse. Boubacar Diallo, étudiant en licence 3 MIAGE à l’université de Labé, explique la situation que lui et ses collègues traversent au quotidien.

«Nous vivons dans des conditions très difficiles ici à Hafia. Nous avons des difficultés à avoir de l’eau potable, il y a d’autres endroits où il n y a pas de toilettes et certains d’entre nous aussi ont des problèmes d’électricité. Nous achetons nous-mêmes les condiments au marché et c’est très cher. Le marché hebdomadaire aussi c’est les samedis, nous préparons à manger, filles comme garçons. Imaginez partir à l’université à 09 heures et revenir à 13 heures ou bien des fois, partir à 09 heures et revenir à 17 heures sans rien manger et se mettre à la tâche pour préparer, c’est très difficile, nous sommes confrontés à d’énormes difficultés que nous ne pouvons pas citer», se lamente cet étudiant.

Outre ces conditions énumérées plus haut par Boubacar Diallo, il évoque également des problèmes d’accès à un logement décent et le loyer cher dans le village de Hafia qui héberge beaucoup d’étudiants.

«Nous sommes en location. Il y a le campus universitaire appelé Dortoir qui est aussi payant je pense bien 10.000 GNF le mois par chambre, mais c’est en bloc et tous les étudiants ne peuvent pas contenir le campus et là-bas aussi dans un bloc vous pouvez voir plus de quatre étudiants. C’est pour cela beaucoup d’étudiants préfèrent loger dans des villages à Hafia même si c’est cher. Le logement dans les villages ça dépend des conditions de la chambre. Le minimum pour une chambre c’est à 60.000 GNF, ça peut aller jusqu’à 100.000 GNF. D’autres propriétaires vous demandent de payer toute l’année à savoir les neuf mois, d’autres demandent 10 mois aussi», renchérit notre interlocuteur.

A ces conditions très difficiles d’accès au logement, il y a aussi des contraintes d’ordre infrastructurel au sein de ladite université, mais aussi, la non accessibilité aux cours dispensés.

«La non compréhension de certains cours surtout s’ils sont projetés. La non disponibilité des salles de classe, parfois on part sans étudier puisqu’on trouve que toutes les salles sont occupées par d’autres. Il y a aussi le manque de cantines universitaires, la bibliothèque n’est équipée que de documents pédagogiques, ça n’invite pas les étudiants à passer lire. Certains départements comme le mien n’ont pas de salles fixes encore moins une salle de machines ou ordinateurs propres à eux», dénonce de son côté, Boubacar Baldé, alias Aboubakre, étudiant en licence 2, option mathématiques.

Le taux très élevé de l’effectif des étudiants par rapport aux salles de classes disponibles fait que les étudiants suivent les cours en des groupes pédagogiques différents réunis en une seule salle de classe. Cela s’explique surtout par l’insuffisance des salles de classes par rapport au nombre très considérable d’étudiants.

«Nous suivons les cours dans des conditions un peu difficiles. Des fois l’effectif est là où nous sommes obligés d’être partagés en des groupes pédagogiques pour permettre la compréhension et des fois nous sommes en manque de classes. Dans les salles, les ordinateurs ne sont pas tous utilisables, il y’a certaines brochures qui sont très chères, d’autres exigent l’achat de leurs brochures dont les prix commencent à 10.000 GNF le plus souvent et vous pouvez trouver même des brochures vendues à 25.000 GNF. Pour ce qui concerne les professeurs, nous dans notre département nous avons suffisamment des professeur», s’est-il tout de même réjoui.

Si Boubacar Diallo lui, se réjouit de la suffisance des professeurs dans son département, son collège Boubacar Baldé lui soutient le contraire.

«Dans mon département il y a des professeurs mais pas pour toutes les matières, d’autres sont des missionnaires. Dans ma classe par exemple, on manque parfois de tables bancs. Certaines salles n’ont pas de vitres, aucune salle n’est équipée de ventilateurs ou de climatiseurs, pendant les cours du soir il fait très chaud. D’autres sont petites et ne peuvent pas contenir un certain nombre d’étudiants. Certaines salles n’ont qu’une seule prise et les étudiants résidants à Hafia font de cette prise un télé-centre. Ce qui occasionne des vas et vient pendant les cours», regrette-t-il.

Cet étudiant parle également de problème en rapport avec la faible bourse d’entretien qu’ils perçoivent tardivement, alors qu’il affirme dépenser beaucoup d’argent dans le cadre du transport en quittant le centre ville de Labé, pour rejoindre l’université à chaque fois qu’ils ont cours.

«En Licence 1, la pécule c’était 285.000 GNF et le montant est versé chaque trois mois et les responsables retardent parfois, mais j’ignore le pourquoi ce retard. Je quitte le centre ville pour aller et je carbure un litre par jour. Le transport en voiture c’est 8.000 francs guinéens aller et 8.000 francs guinéens au retour. Mais parfois, ça atteint 10.000 francs guinéens si le prix du carburant monte. En moto c’est 25 ou 30.000 GNF aller et de même pour le retour», fait savoir l’étudiant.

Face à ces nombreuses difficultés égrenées par ces étudiants et qui impactent considérablement sur leur formation, ils sollicitent auprès du gouvernement une assistance en vue d’alléger leur souffrance afin qu’ils puissent convenablement suivre les cours.

Mamadou Aliou Diallo pour maguineeinfos.com