Depuis plusieurs années pour des raisons politiciennes, les régions du pays et leurs fils sont manipulés et montés les uns contre les autres.

Parfois, chacun voit son vis à  vis comme le diable et l’animosité voulue entre fils du même pays et alliés de longue date est entretenue par une poignée d’insultes doublée de fossoyeurs du bon voisinage.
La vraie histoire du peuple de Guinée est formelle Peuls et Malinkés ont une longue histoire commune et solidaire emprunte de respect et de convivialité.
Loin des inimitiés et des soupçons d’empoisonnement des uns par les autres, loin des vindictes où les biens des uns sont ruinés  par les autres, des gestes forts ont été posés en amont.
Il est impossible de trouver grâce où Malinkés et périls se sont fractionnés surtout du temps du Fouta Théocratique et de Samory Touré et son empire.

LE CADEAU DE TIMBO À SAMORY TOURÉ

Les chroniques rapportent que pris d’inquiétude  par la progression fulgurante des conquêtes du chef du Wassoulou, les chefs Peuls avaient fait porter un cadeau à Samory, ce cadeau comprenait un lefa et un cheval blanc et il était  dit que si le destinataire l’enfourchait et qu’il faisait face à l’Est, le Fouta ne tomberait jamais sous sa domination et que s’il se ventilait à l’aide du Lefa, toute idée de conquête de ce côté  serait avortée.
Donc les émissaires devaient être attentifs à ces détails. Une fois à bon port chez Samory, après  que les émissaires aient dévoilé le but de leur visite, le cadeau fut remis au résistant qui ne cache pas sa joie qu’il manifesta par son juron favori et ne résistant pas à l’envie d’essayer le cheval, l’enfourcha illico, comme par magie, le royal destrier se cabra et fit face à l’Ouest arrachant une lumière presqu’imperceptible aux émissaires.

Ce nouveau pacte signé entre Peuls et Malinkés étaient précédés  en amont du soutien de certains Malinkés à la guerre d’islamisation et le peuplement de Fode Hajj, 9ème province du Fouta.
Cette nouvelle alliance donc permit d’entretenir un florissant échange  de boeufs, captifs et armes entre Peuls et Malinkés et les premiers profitèrent de la férocité  de l’armée du second pour définitivement régler la nuisance du chef Houbbou Karamoko Abal, qui il faut le mentionner avait assassiné un des Almamys du Fouta en l’occurrence Ibrahima  Sory Dara.

Le siège de Boketo a permis à travers l’intrusion de certains generaux de Kemoko Bilali de prendre le redoutable chef Houbbou dont le corps fut mutilé et les membres partagés ainsi qu’il suit:
La tête remise à Samory Touré qui la fit envoyer à l’Almamy Ibrahima Donghol Fella, la jambe droite à Souloukou Lamban roi de Sikasso, la main droite a été décernée  à Togba Mandaté roi du Teledjigui, la main gauche a échu à Toriba Labé à toi de Firiyah ( Faranah).
Ce siège de Boketo a duré un an et a été  rendu facile par la ruse simulant le repli de Kemoko Bilali de ses troupes et l’abandon des chefferies voisines fatiguées des excès de Karamolo Anal.

IMPORTANTE PRÉCISION

Le titre d’Almamy que Samory a porté  jusqu’à sa mort lui avait même  été attribué par Alfa Ibrahima Sory Dara chef du parti Sory en 1879.
L’héritage de la cohabitation  pacifique et amicale. Longtemps en résistance contre les français, Samory Touré a été capturé  aux portes de Sikasso en 1898 et déporté au Gabon où il est décédé en 1900.
4 ans plus tôt, le pouvoir théocratique des Almamys s’est éteint avec  la mort de Bokar Boro Barry à la bataille de Poredaka.
A la postérité, cette amitié a laissé au Fouta des traces avec la présence de descendants de maîtres de la parole d’origine Mandingue venus  dans le cadre de l’amitié des peuples et d’échanges  de cadeaux.C’est le cas des Kouyaté, Soumanoh…, dont les familles se trouvent ancrés dans des zones comme Labé de nos jours encore et de certains  peuhls nés et ayant pour toutes attaches le Manding aujourd’hui encore.

Aussi, des instruments de musique comme la Kora ont migré ainsi vers le Fouta et le Hoodu Guitare des maîtres de la parole Awlubhé ont fait le chemin inverse.

Ousmane Tounkara