Quand on est né dans un milieu où l’accès à l’éducation, à la santé, aux soins de santé bref aux services sociaux de bases sont un lointain souvenir comment ne pourrais-tu pas être frustré , comment pourrais-tu reconnaître l’autorité d’un quelconque gouvernant ?
Quand tu as vu tes grands frères succomber un à un de blessures par balles comment ne pourrais-tu pas te révolter ?
Quand tu as vu tes sœurs se faire violer comment ne vas-tu pas aller à l’affrontement ?
Regardez la situation de l’axe , ne vous contentez pas des informations reçues souvent erronées , rentrer dans les quartiers , vous verrez les vraies gens , vous rencontrerez la promiscuité dans laquelle ils vivent, les difficultés qu’ils rencontrent notamment l’accès à l’eau potable , à l’éducation, aux soins de santé et quand vous en sortirez vous vous interrogerez sur la question de redevabilité de l’Etat envers sa population.
Lorsqu’on a grandi dans tant de violence comment se fait-il qu’on ne soit pas belliqueux ?
Lorsque ceux qui sont censés te protéger tirent à balles réelles sur toi et tes proches comment ne vas-tu voir en eux l’ennemi ?
Lorsque tu dors sur le retentissement des balles pendant que les autres jeunes jouent au foot dans les rues de kaloum, Matam et Dixinn , comment ne vas-tu pas développer la haine ?
Non ! Il n y a pas de bandit sur l’axe , il y a des citoyens guinéens épris de justices qui ont longtemps été martyrisés . Lorsque tu as vu l’héritage de ton défunt père démoli par ceux qui envoient les gens au mouroir comment reconnaîtrais tu ce gouvernement ?
Tout le monde dit que l’axe est radicalisé, qu’il fait de trop , nous jugeons sans vivre leur quotidien, moi je suis parti là-bas , j’ai vécu et je vis là-bas , j’ai vu les réalités et j’ai lis le désespoir sur le visage des gens .
L’axe manque d’écoles, de centres santé, de maisons de jeunes, de centre d’écoutes , d’emplois et les jeunes sont au chômage, le désespoir y est .
Aujourd’hui, si tu veux lutter contre la radicalisation il faut lutter contre le désespoir. Il faut donner de l’espoir dans les banlieues , il faut construire des écoles , des centres de santé , des maisons des jeunes , il faut soutenir des projets , il faut rapprocher les jeunes aux forces de sécurité montrer qu’ils sont là pour les protéger et non tuer .
Si tu as 60 à 70% de chômage chez les jeunes de 25 à 35 ans comment tu veux parler d’espoir , comment les jeunes ne vont-ils pas sortir dans la rue ?
Quand la prolifération des substances illicites ( drogue, codéines ) devient un quotidien et le seul refuge des jeunes comment ne vas-tu pas parler d’insécurité ? de banditisme ? Comment ne vont-ils pas accepter des sous ou pour faire face à leurs consommations.
Bref , c’est ça l’axe , il est constitué de citoyens épris de justice et de liberté, martyrisé .
L’axe c’est moi , c’est toi c’est eux, c’est nous
Par Ansoumane LAPDY CAMARA