Depuis 12 ans, les auteurs des massacres au stade 28 septembre de Conakry n’ont toujours pas été entendus. La majorité continue à jouir de sa liberté comme si rien n’était. Mais quant à l’ancien aide de camp de Moussa Dadis Camara, Président de la République au moment des faits, reste lui en détention depuis plusieurs années. Malgré les multiples appels de ses Avocats, Aboubacar Sidiki Camara n’arrive toujours pas à être jugé.
Depuis quelques années maintenant, les autorités se contentent d’annoncer la construction d’un bâtiment devant abriter le procès desdits massacres. Mais cela est-il nécessaire pour ouvrir le procès ? La réponse n’est négative, selon un ancien ministre de la Justice. Invité chez nos confrères de la Radio Espace ce jeudi 14 avril 2022, Me Cheick Sacko ne voit aucune nécessité de construire un bâtiment à cet effet. Il déplore aussi la lenteur que connaît ce dossier tant attendu.
« Quand je suis arrivé en 2014, le procès était déjà en cours, mon prédécesseur Christian Sow avait entamé un bon travail sur ce dossier. Moi quand je suis arrivé il fallait donner les moyens à trois magistrats qui sont le Doyen Bah qui est à la CRIEF maintenant, Diawara qui est actuellement à la Cour suprême et puis un jeune magistrat Barry qui était très efficace. Alors ils ont clôturé en fin Décembre 2017. A partir de là, début 2018 j’ai créé un Comité de pilotage. Ce Comité a commencé de travailler avec ses partenaires et devait travailler sur la date du procès, la réalisation d’une salle de Cinéma et non plus très loin du 08 Novembre et le bâtiment de la Cour d’appel. Alors je vous dis ce que je pense, la Construction d’un nouvel bâtiment c’est une connerie. A mon avis, on a des nouveaux bâtiments, peu importe lequel, je vous renvoie sur le procès à Dakar, je vous renvoie à un autre procès au Bénin ou ailleurs. Nous on avait proposé soit une salle de Cinéma, soit la Cour d’appel, mais c’est un problème d’argent, mais quand j’ai appris qu’on construisait juste un bâtiment pour un procès, je me suis dit qu’on a jamais vu ça dans un autre pays. De cette façon, je pense qu’il faudrait qu’on pense un peu sur ce qui s’est passé », souligne l’ancien garde des Sceaux.
Pour la non tenue dudit procès, Me Cheick Sacko se dit outré par la lenteur de la procédure. C’est pourquoi il plaide pour une mise en liberté de Toumba Diakité, jusqu’à l’ouverture effective du jugement.
« Moi je suis un peu meurtri parce qu’il y’a des gens qui sont mis en cause et qui attendent que ça finisse. Il y’a la présomption d’innocence et il est toujours dit concernant le Président Dadis qu’il est innocent et il n’est pas jugé et puis il y’a des gens en prison actuellement. Je profite pour dire que son avocat a raison, il est resté trop en prison, donc il faudrait trouver une solution avant le jugement pour que Toumba soit libre et vienne répondre aux accusations qu’il porte. Cette affaire est assez complexe et que la Guinée n’a pas le choix, il faut absolument que ce procès soit fait et ça se fera de toutes les façons parce que c’est des crimes imprescriptibles », confie t-il.