L’ex préfet de Labé a largement abordé le sujet lié à l’identification et à la récupération des biens de l’État, qui focalise toutes les attentions. Mais il a surtout accentué son regard sur la situation de Labé, sa ville d’origine qu’il a dirigée pendant des années quand il était le Préfet.

Si dans les autres préfectures l’opération d’identification des biens de l’État a déjà démarré, à Labé rien n’est encore amorcé à part l’annonce par le Gouverneur, de la formation de trois commissions qui seront chargées d’exécuter cette tâche. Chose qu’Elhadj Safioulaye trouve normale, c’est pourquoi il a d’ailleurs félicité le Gouverneur, pour l’habileté avec laquelle il conduit cette opération.

«Je félicite le Gouverneur de Labé puisqu’il aborde cette affaire de façon intelligente. Ils ont formé trois commissions parmi lesquelles, il y a ceux qui recensent, ceux qui vérifient et ceux qui exécutent. Donc de cette façon, chacun va exhiber ses preuves s’il est concerné. Mais il faut que les gens sachent comment on devient propriétaire d’un bien. Il y a trois façons: tu occupes, on te donne ou tu hérites. Donc quand quelqu’un occupe un bien pendant des années, il devient propriétaire de ce bien si quelqu’un ne réclame pas», a-t-il justifié sur Espace Foutah.

Cet ancien cadre de l’administration au niveau local ne trouve pas mal à ce que l’État récupère ce qui lui appartient, pourvu qu’il le fasse dans l’esprit de la loi.

«Si l’État dit qu’il va récupérer ce qui lui appartient, c’est légitime mais il faut faire preuve d’intelligence et de responsabilité. Le Président de la transition lui-même a dit dans le Conseil des Ministres que ceux qui sont chargés de récupérer ces biens le fassent avec tact pour ne pas qu’il y ait du désordre. Mais que les gens ne s’empressent pas juste pour se faire plaire ou pour lui faire plaisir. Mais l’État aussi doit présenter ses papiers qui démontrent comment il est devenu propriétaire de ces biens puisque des choses pitoyables se passent ici», regrette-t-il.

A titre illustratif, Elhadj Safioulaye Bah cite le cas du quartier Kouroula, précisément au niveau du campement, sujet de litige entre les occupants et l’État, où à l’époque coloniale «y avaient pas de menuisiers à Labé, c’est à Conakry qu’on les a pris et c’étaient des Soussous qui sont connus du métier, qui sont venus travailler ces bâtiments administratifs. Entre-temps, quand les gens ont commencé à construire, ils ont travaillé pour ces derniers aussi, ils ont finalement demeuré ici. Ce sont les blancs qui les ont envoyé ici. Certainement ils ne vont pas les installer au campement sans faire des papiers mais comme dans les archives de l’administration on n’y voit pas de l’argent, personne ne vérifie jusqu’à ce que tout cela a été peut-être brûlé. Donc ces gens là n’ont nulle part où aller ils ne connaissent nulle part, ils sont d’ici maintenant. Leurs parents et arrières parents sont décédés, comment peut-on leur exproprier là-bas. C’est ceux qui étaient aux affaires à l’époque qui sont allés marquer de croix sur les maisons de façon ostentatoire. En 2009 c’est moi qu’Elhadj Abdourahmane avait dépêché pour aller rencontrer Dadis, je suis allé le voir, je lui ai expliqué. Après il a mandaté Moussa Keita, à l’époque, Secrétaire permanent du CNDD et le Premier ministre de venir dire au Gouverneur et au Préfet d’alors de ne jamais toucher la maison de quelqu’un ici si ce n’est sur autorisation des notables ou selon ce que dit la loi», a-t-il révélé.

C’est grâce donc à cette implication de son Papa (érudit) dit-il, que les Guinéens ont vu leurs habitations épargnées de démolition et ont pu par après, se sentir à l’aise dans cette situation qui les accablait.

Mamadou Aliou Diallo pour maguineeinfos.com