La grève «illimitée» déclenchée par les journalistes de la radio Espace Labé depuis maintenant une semaine, perdure et les programmes de la radio sont toujours aux arrêts. Ces journalistes et techniciens réclament l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail, notamment, l’augmentation de leurs salaires à hauteur de 50%, qui constitue d’ailleurs, la principale pomme de discorde entre les deux parties.

Samedi dernier les grévistes ont été conviés par l’inspecteur régional du travail, à un entretien autour de leur grève. Ce, après que le DG de la radio, Alaidhy Sow ait été récusé par ces journalistes qui l’accusent «d’orgueil», après plusieurs tentatives de négociation avec lui, sans succès.

«Ils sont passés par l’inspecteur du travail qui, il faut le signaler nous avions saisi au passage, qui nous a appelé par l’intermédiaire de Mohamed Samoura, il a dit qu’il voulait nous rencontrer le samedi à 9 heures à son bureau. On a respecté le rendez-vous, y avait Alaidhy Sow, y avait le DRH Macka Traoré, on a mis les choses au clair, chacun avait ses documents de preuve en mains. Nous avons discuté point par point, ils pensaient peut-être qu’ils auraient pu nous berner. Ils disent que le premier point qui est le paiement de la prime des reporters, qu’ils acceptent. Mais avec la précision que si tu acceptes de mettre de l’argent pour que les reporters aillent sur le terrain, tu ne fais pas une faveur aux reporters, tu fais ton devoir d’employeur. Mais pour eux, ils nous font une faveur. Sur le deuxième point, c’était sur le transport, lorsque la radio transférera vers son nouveau siège à N’Diolou. On leur a dit que personne ne va prendre son argent pour aller faire leur travail. Ils ont dit qu’ils sont d’accord sur ce point aussi. Ils ont calculé pour 4 personnes, Sidy qui est à N’Diolou, moi je suis à N’Diolou, Alseiny Bah,  AOD l’un des techniciens qui est à Daka, qui est à peu près à la même distance. Ça faisait un million neuf cent mille francs guinéens pour nous 4, rien que pour le mois. Ils ont compris que si on extrapole les 1.900.000 GNF pour les 12 ou 13 personnes, ils n’allaient pas s’en sortir. Ils ont dit que ça c’était difficile, ils vont trouver un véhicule pour pouvoir faire le ramassage des gens, on a dit d’accord», explique Ousmane Tounkara, le rédacteur en chef de la radio, dans un entretien qu’il a accordé à la plateforme « Mon Village ».

Jusque-là, les négociations se sont bien déroulées. Mais sur le principal point de revendication qu’est l’augmentation de salaire à hauteur de 50%, les protagonistes ne sont pas parvenus à un accord, d’où l’échec des négociations, indique Ousmane Tounkara.

«Ils disent qu’ils veulent faire une augmentation dans quatre mois  mais ça va pas être seulement pour radio Espace Foutah, c’est pour tout le groupe. On leur a dit l’augmentation, quel est son pourcentage ? Puisque nous on demande 50%, jusque-là vous nous avez rien proposé. Macka Traoré, le DRH, dit qu’il ne sait pas, que c’est ce qu’on verra. On a dit ça ne marche pas, on a demandé 50% , si on se laisse faire qu’on travaille les 4 mois et qu’on augmente 1%, 2%  sur le salaire qu’es-ce qu’on va dire après ? On aura que nos yeux pour pleurer. Il a demandé quand est-ce qu’on va reprendre le travail? On lui a dit qu’on ne peut pas reprendre le travail tant que nos exigences ne sont pas satisfaites. On est à ce niveau là. L’inspecteur du travail a été obligé de constater l’échec des négociations», a relaté le confrère.

Mais, selon des informations non encore officielles, le DG Alaidhy Sow aurait reçu l’autorisation de sa hiérarchie, de recruter des stagiaires après l’échec des négociations, et qu’un rédacteur en chef et un secrétaire de rédaction, seraient sur le point d’être déployés à Labé en provenance de Conakry.

Mais cette information ne semble pas inquiéter Ousmane Tounkara, qui se considère jusqu’à preuve du contraire, le rédacteur en chef de la radio Espace Foutah.

«Jusqu’à preuve du contraire je suis le rédacteur en chef de la Radio espace Foutah, mon contrat court. Je suis en grève, la législation nationale du travail me permet d’être en grève si je suis pas satisfait. Donc, qu’ils fassent ce qu’ils ont envie de faire, ça devient une histoire du droit de travail», a-t-il affirmé.

Il termine en espérant que Lamine Guirassy n’écoutera pas ceux là qui ne veulent pas que ça marche pour lui, en soutenant que «très souvent l’on se rend compte des erreurs irréversibles que l’on commet, que quand on les a déjà commises», a-t-il averti.

Mamadou Aliou Diallo pour maguineeinfos.com