L’indignation monte au crescendo depuis l’arrestation mercredi, de Foniké Menguè et deux de ses camarades membres du front national pour la défense de la constitution, notamment l’artiste Djanii Alfa avec une manière peu catholique de la part des agents de la BRB 2. Après certains leaders politiques, c’est au tour des hommes en robe de durcir le ton et dénoncer une violation grave des droits de l’Homme dont ces activistes de la société civile ont été victimes.
Parmi ces avocats, Me Mohamed Traoré ex-bâtonnier de l’ordre des avocats de Guinée. Environ 24h après la scène, l’avocat ne se montre pas indifférent face à ce qu’il qualifie de la violation des droits des membres du FNDC qui ont été violentés par les forces de l’ordre sous l’instruction du Procureur général près la Cour d’appel de Conakry et conduits manu militari à la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) où ils ont été entendus sur des faits « d’injures et d’outrage à un magistrat ». Interrogé sur le sujet, l’avocat se dit abasourdi de la manière dont ils ont été interpellés.
« Je pense que les méthodes n’ont pas changé, nous avons à faire aux mêmes policiers, aux mêmes gendarmes lorsqu’il est question de procéder à des interpellations. Il y en a qui font fi de toutes les règles du droit et qui pensent qu’ils peuvent agir à leur guise. Malheureusement, comme il n’y a pas eu de sanctions à l’encontre d’un ou de plusieurs d’entre eux pour des faits de ce type, je pense que c’est pourquoi les mêmes pratiques continuent », estime t-il.
Chez nos confrères de Fim Fm, il met à terre, la question procédurale des poursuites engagées par le Procureur Alphonse Charles Wright.
« Je pense que le Procureur lui-même a répondu à cette question lors d’un de ses nombreux passages dans votre émission. Et j’écoutais même ses propos ce matin quand il disait qu’en matière d’injures, il ne peut pas agir d’office sans une plainte préalable de la victime, c’est lui-même qui l’a dit. Et d’ailleurs, il a même instruit dans la plupart des infractions qui concernent l’intégrité morale de la personne. Maintenant, il y a bien entendu une exception mais, il a voulu étendre cette exception à des cas qui ne sont pas prévus. Lorsque l’injure ou la diffamation vise le chef de l’État, le Procureur général peut agir d’office sans même une plainte préalable. Mais, le chef de l’Etat peut demander l’arrêt des poursuites et puis dans ces conditions, les poursuites peuvent être pour tous les autres parce qu’il a visé des personnes, il a parlé par exemple des membres du gouvernement, par extension (sans le dire explicitement) il a visé aussi les membres d’institutions comme le CNT qui fait office d’assemblée nationale. Mais dans cette hypothèse précise, le texte est très clair, la loi de la liberté de la presse parce que c’est sur ça qu’il se fonde pour parler; la loi sur la liberté de la presse dit clairement que lorsque la diffamation ou l’injure concerne un ou plusieurs membres de l’assemblée nationale, l’action publique ne peut être mise en mouvement que par une plainte de la ou les personnes qui se sentent victimes. Moi je crois que sur ces questions, il n’y a pas à tergiverser, ce sont des règles basiques que nous apprenons tous en procédure pénale en deuxième année de droit. Donc, je suis étonné qu’il fasse une telle déclaration hier dans votre studio, en sachant parfaitement qu’il est dans son tort », a rectifié Me Mohamed Traoré.
Yam’s Cheick Camara