Pour le respect de l’équité prévue par notre code de procédure pénale et le traitement adéquat des dossiers Monsieur le Garde des sceaux, je vous prie de penser à doubler et la Chambre de l’Instruction et la Chambre Spéciale de Contrôle de l’instruction près la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF) lors du prochain mouvement. Cela contribuerait significativement à dissiper le doute qui existe aujourd’hui sur la complicité entre parquet spécial et certaines de ces instances ci-dessus citées.

La CRIEF est une juridiction spéciale mais dont le fonctionnement n’est en rien différent de celui des juridictions ordinaires. On pourrait dire que certaines de ces juridictions normales sont mieux outillées qu’elle car sa mise en place a été précipitée et les membres n’y ont pas été préparés. Aujourd’hui, elle (CRIEF) a besoin de moyens et les magistrats qui y sont affectés doivent être à l’abri de toutes tentatives de prévarication et de concussion.

Il faut veuillez à nommer des magistrats intègres, indépendants et dont l’unique sacerdoce est l’application de la loi dans toutes ses dimensions.

Il ne sert à rien de précipiter l’interpellation de qui que ce soit sans disposer d’indices ou de preuves suffisantes. Cela éviterait qu’on jette l’anathème sur toute l’institution.

Vous n’êtes pas sans savoir monsieur le ministre que le juge d’instruction, d’ailleurs vous avez été juge d’instruction à l’entame de votre carrière ce qui est un très bon départ dans la magistrature, instruit à charge et à décharge. Fort malheureusement ce n’est souvent pas le cas à la CRIEF et cela contribue surtout à nourrir une suspicion chez les justiciables mais aussi chez les conseils.

Lorsque que l’avocat qui assiste son client est à chaque fois obligé de préparer ce dernier à un éventuel placement en détention provisoire quand bien même qu’ils soient tous deux unanimes que le poursuivant ne dispose aucun élément de preuve ou d’indices concordants et dont le seul argument est de manière récurrente une prétendue gravité des faits reprochés qui ne sont même pas imputables dans la plupart des cas.

Monsieur le ministre de la justice et des droits de l’homme, j’ai eu l’occasion de vous pratiquer durant votre séjour au siège et j’avoue que votre indépendance ainsi que votre grande envie d’inculquer un comportement exemplaire chez vos concitoyens sont certaines des remarques que je retiens encore sans parler de votre grande faculté de compréhension rapide et d’interprétation de la loi. Pour ce faire, je vous suggère également d’organiser des entretiens individuels avec tous les magistrats qui seront prochainement affectés à la CRIEF afin de jauger le niveau des uns et des autres. Cet exercice, monsieur le ministre, certes, laborieux mais très utile pour une politique judiciaire adéquate et de qualité.

Je ne doute pas un instant, monsieur le ministre que votre unique motivation est le changement qualitatif de la justice guinéenne. Je vous souhaite un succès éclatant et que le Grand Maître de l’Univers Allah (SWT) guide vos pas vers la réalisation de vos objectifs ce, dans l’intérêt général.

Maître Elhadj Fodé Kaba CHÉRIF
Avocat au Barreau de Guinée