Une sagesse africaine nous enseigne : « Le dialogue véritable suppose la reconnaissance de l’autre à la fois dans son identité et dans son altérité. »
Laissez-moi reprendre cette question : ville paralysée, morts d’hommes, activités économique perturbées, biens publics et privés vandalisés, à qui profite réellement cette situation ? À la population, à l’Etat, aux formations politiques ou au FNDC ?
Cette interrogation a tout son pesant d’or aujourd’hui. En effet, après deux jours de violents affrontements entre policiers et manifestants, un calme précaire commence à régner ce samedi, 30 juillet 2022, sur l’axe Hamdallaye-Bambeto-Cosa-Cimenterie qui a été fortement secoué par des heurts.
L’autoroute « Le Prince » n’a pas encore fait ses toilettes. Des traces de pneus brûlés ça et là, des ordures et huiles de moteurs déversées sur la chaussée, voilà l’image que présente cet axe de la capitale guinéenne après deux jours d’accrochage entre forces de l’ordre et jeunes de cette zone ayant
massivement répondu à l’appel de manifestation du FNDC appuyé par certaines formations politiques non des moindres.
Les autorités de la transition auraient pu nous éviter cette déplorable situation en ouvrant un cadre de dialogue permanent et inclusif avec les acteurs socio-politiques pour qu’ensemble ils puissent définir la conduite de la transition. Partout où les transitions ont réussi à travers le monde, elles ont été
concertées et inclusives.
Un régime démocratiquement établi peut se permettre même parfois certains abus parce qu’étant fort de la légitimité populaire. Mais pas un régime d’exception.
Ne nous leurrons pas ! Pour que la transition en cours dans notre pays retrouve sa boussole qu’elle continue de chercher depuis le lendemain du 5 septembre 2021, il faut la mise en place effective du cadre de dialogue demandé par une frange importante de l’opinion nationale. Cela s’avère plus que nécessaire aujourd’hui, c’est un impératif. Oui ! Les beaux discours ont prouvé leur limite. Il faut du pragmatisme désormais. Ce cadre permanent et inclusif de dialogue réclamé notamment par les forces vives les plus représentatives de notre pays doit voir jour maintenant pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel.
En effet, la mise en place de ce cadre de dialogue permanent et inclusif permettra sans le moindre doute aux tenants du pouvoir en place de prendre en compte les aspirations des différentes composantes de notre chère Nation. Comme dirait l’autre, les tenants du pouvoir actuel ne doivent pas
accepter de tomber dans les embûches de l’orgueil.
Malgré ces deux jours de heurts, le dialogue national et inclusif est encore possible. Le pouvoir doit agir pour l’intérêt général en rassemblant la Nation, et cela, en se mettant à la tâche pour un véritable retour au calme et à la tranquillité sur l’axe. Il doit, en un mot, garantir l’unité nationale, la justice sociale, les droits et les libertés des citoyens.
Pour ce faire, le pouvoir doit accepter d’aller autour de la table afin de discuter de toutes questions relatives à la transition pour l’intérêt supérieur de notre chère Nation. On ne cessera jamais de le répéter : rien ne vaut le dialogue dans un pays. C’est pourquoi justement, il faut un sursaut patriotique de nos jours à tous les niveaux pour sauver la transition en cours dans notre pays. C’est une question de survie nationale. Chacun doit ravaler son orgueil dans l’intérêt de la Nation.
Disons-nous la vérité ! Le grand perdant de cette histoire c’est le peuple de Guinée. En clair, ce rapport de force entre les autorités et certains acteurs socio-politiques de notre pays ne profite et ne profitera à personne. Une sagesse Cubaine nous enseigne ceci : « El Puoblo unido jamâs serâs vencido » ou un
peuple uni, ne sera jamais vaincu.
Face à ces regains de violence à Conakry, les sages et les religieux doivent prendre leur bâton de pèlerin. Ils doivent pleinement jouer leur partition qui est celle de concilier les positions des différentes parties pour l’intérêt supérieur de notre chère patrie. Sensibiliser, arbitrer entre les autorités de la
transition et les acteurs socio-politiques devraient être leur priorité en cette période cruciale de l’histoire de notre pays. Des affinités basées sur l’ethnie ne doivent aucunement les empêcher de prendre à bras
le corps la situation. Loin d’être une sinécure en raison de moult obstacles, mais ils parviendront avec la volonté et la détermination.
Le fin mot de l’histoire est que notre pays n’a aucunement besoin de cette image, ces scènes récurrentes de violence. C’est pourquoi les autorités de la transition doivent s’ouvrir au dialogue afin de détendre les esprits et apaiser les cœurs. La Guinée mérite vraiment mieux. En clair, nous avons tous intérêt aujourd’hui que cette transition réussisse afin qu’elle soit la dernière dans notre pays. Chacun doit s’y mettre afin qu’elle réussisse.
Pour terminer, je partage la peine de ces pauvres citoyens ayant fait les frais de ces journées mouvementées sur l’autoroute ‘’Le Prince’’ et profite également de l’occasion pour présenter mes condoléances les plus attristées aux différentes familles éplorées.
Par Sayon MARA, Juriste