C’est sur fond d’angoisse croissante que l’an 1 du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) sera célébré le lundi 5 septembre à venir. L’atmosphère est délétère, les tensions sont perceptibles. Prions ! Oui, prions pour notre resplendissante et séduisante Guinée. Sa situation nous oblige à lever grandement les yeux vers le ciel pour demander à Dieu de faciliter la mise en place d’un cadre de dialogue permanent et inclusif. Loin d’un quelconque pessimisme spéculatif, mais il faut cela aujourd’hui pour notre pays, car les esprits et les cœurs s’échauffent et sont armés. La tension monte d’un cran.

D’un côté, le FNDC, requinqué par des formations politiques non des moindres, appelle à une mobilisation pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel; de l’autre, certains s’activent pour une célébration en apothéose de cette date du 5 septembre qui divise désormais certains pans de l’opinion guinéenne. De l’électricité dans l’air ?  Tout porte à croire.

Ne pas reconnaître aujourd’hui qu’il y a une crise aiguë en Guinée qui affecte le bon déroulement de la transition en cours dans notre pays, c’est carrément passé à côté de la plaque. La crise, elle est palpable et risque de donner un coup à la transition si elle n’est pas désamorcée maintenant.

En effet, après un an aux manettes de notre patrimoine commun, le Peuple de Guinée continue encore de s’interroger sur la composition ou la liste du CNRD qui est l’organe central de définition et d’orientation de la politique économique, sociale, culturelle et de développement du pays. Nombreux sont ces guinéens aujourd’hui qui continuent de réclamer la déclaration des biens des membres du CNRD, du Gouvernement et des responsables des régies financières. Même le Ministre des normes qui ne cesse de mettre en branle la machine judiciaires contre notamment des cadres de l’ancien régime pour présumés détournements de deniers publics, ne s’est pas encore prêté à cet exercice.

En plus, le cadre de dialogue permanent et inclusif demandé par la frange la plus représentative de l’opinion guinéenne peine encore à se mettre en place. Conséquences, le FNDC et certains acteurs socio-politiques comptent battre le pavé pour demander une énième fois la mise en place d’un cadre permanent et inclusif de dialogue, la liste des membres du CNRD, la déclaration des biens et actifs des autorités. Chaque partie bombe son torse. Tout ça, devant « l’inertie délictueuse  » des sages et religieux de notre maison commune qui pourtant, sont les derniers remparts.

Il faut carrément sortir des esprits de confrontation et de démonstration de muscles. Bon nombre de guinéens trouvent également solitaire la gouvernance du CNRD. Le FNDC, les militants de l’ANAD, de la CORED et du FNDC politique dans la rue, les responsables et militants du RPG Arc-En-Ciel à leur siège du côté de Gbessia pour commémorer leurs morts et apporter leur soutien à leurs cadres incarcérés depuis plusieurs mois à la maison centrale pour des présumés « détournements de deniers publics et d’enrichissement illicite », c’est dans cette ambiance partagée entre nostalgie pour certains et allégresse pour d’autres que la date du 5 septembre marquant l’an 1 du CNRD aux destinées de notre Nation sera célébré ou commémoré, en fonction de la position des uns et des autres, le lundi prochain.

Au demeurant, pour une question de conformité avec leurs déclarations et leur ambition de moralisation, et de transparence de la vie publique, les membres du CNRD, du Gouvernement et les responsables des régies financières de l’Etat doivent se soumettre à cette obligation déontologique qui consiste à adresser individuellement à la Cour suprême la déclaration écrite de la totalité de leurs biens et actifs à leur prise de fonction. Certes, cet exercice, en principe, devrait se tenir les premiers jours ayant suivi leur entrée en fonction. Mais, comme on le dit souvent : « mieux vaut tard que jamais. » En plus, les tenants du pouvoir devraient accéder à la demande de mise en place d’un cadre de dialogue permanent et incisif demandé par la frange de l’opinion la plus représentative de notre pays. Est-ce la mer à boire cela ?

Par Sayon MARA, juriste