Diantre ! Des guinéens s’emmêlent souvent les pinceaux en comparant la situation de notre pays à celle qui prévaut au Mali. Ne nous méprenons pas ! Ce sont deux réalités tout à fait différentes, deux contextes inassimilables. Il est important de savoir cela aujourd’hui pour une transition inclusive, apaisée et réussie dans notre pays.

En effet, fortes de l’adhésion des forces les plus représentatives, les autorités maliennes peuvent bomber leur torse devant la France et la CEDEAO, tenir des discours musclés, s’en prendre violemment à tel pays ou tel autre, défier la communauté internationale, sans s’attirer trop d’ennuis à l’interne.

À bien voir la situation malienne, on se rend aussitôt compte que le Président Colonel Assimi Goïta et ses hommes tissent le même coton que les forces vives de leur pays. Cette complicité entre le pouvoir de Bamako et les autres composantes de la Nation malienne, fait qu’il y a moins de controverse à l’interne là-bas, pour ne pas dire qu’il n’y en a pas du tout.

Tandis que chez nous ici, en Guinée, le pouvoir en place et les acteurs socio-politiques les plus représentatifs sont à couteau tiré. Les revendications et réclamations de la frange la plus représentative de l’opinion sont élevées à tel point qu’il y a plus de contradiction à l’interne ici, en Guinée, qu’au Mali. Pour preuve, après un peu plus d’un an de la prise du pouvoir par le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), le pouvoir et les acteurs socio-politiques ont encore du mal à accorder leurs violons, concernant notamment la durée de la transition.

La Guinée, notre patrimoine commun à tous, se trouve aujourd’hui à une phase décisive de son histoire où personne n’a droit à l’erreur. C’est pourquoi la grande muette ayant en charge les destinées de notre pays depuis le 5 septembre 2021, doit chercher à gagner les cœurs de tous les guinéens.

Faisons très attention : ne tombons pas dans le piège de l’orgueil. Avant de tomber dans le chauvinisme, un pouvoir doit s’assurer d’abord qu’il a l’onction des forces les plus représentatives de son pays au risque de créer plus de distension dans l’opinion de son peuple. Cela est extrêmement important, surtout en période de transition !

Enfin, un chef doit éviter de faire regretter tout le monde au même moment, au risque de se retrouver face à tout le monde au même moment. Il est parfois extrêmement difficile de cerner un peuple : son silence quelquefois, peut ressembler à une vraie eau dormante ; on ne sait pas au fond ce qu’on y trouve souvent. Comme l’affirme Guy Maupassant, « le peuple est un troupeau imbécile, tantôt stupidement patient et tantôt férocement révolté. »

Sayon MARA, Juriste