Selon une enquête récente, 75% des intellectuels guinéens ne croient pas que la transition sera couronnée de succès.

◦    Mon esprit curieux m’a conduit à une envie de savoir les pensées du peuple guinéen sur la question perplexe de la transition et de son chef, le colonel Doumbouya (CNRD). Pour satisfaire cette envie, j’ai décidé de mener une enquête adaptée aux intellectuels guinéens – un groupe que je considère comme représenté avec précision sur la plate-forme estimée de Linkedin.

◦     Il y a quinze jours, j’ai fait un sondage composé d’une question solitaire : “Croyez-vous que le Colonel Doumbouya et le CNRD seront capables de tenir une élection présidentielle juste et impartiale dans 2 ans?” L’enquête a présenté quatre réponses probables – “Oui, mais pas dans 2 ans.”, “Oui”, “Non” et “LE CNRD gardera le pouvoir”.  L’admiration de cette enquête était d’évaluer la foi du peuple dans les capacités du colonel Doumbouya (CNRD) à nous sortir de cette transition à temps, pacifiquement et en respectant le choix du vote, ce qui inclut le verdict du public.

◦    Si seulement un répondant sur quatre a confiance que cette transition réussira, nous avons un problème. Cette transition s’étend sur la foi, tout comme l’argent. Votre argent ne vaut que ce que vous et les autres pensez qu’il vaut. Si une personne pense que son 1000GNF vaut une assiette de “Fouti”, et que le cuisinier pense que la même assiette vaut 10 000GNF, alors il ne peut y avoir aucune transaction.

◦    Étonnamment, 75 % des répondants au sondage ont exprimé leur manque de confiance du Colonel Doumbouya (CNRD) lorsqu’il s’agit d’organiser une élection juste et libre à temps. Ce qui est peut-être encore plus alarmant, c’est qu’un répondant sur trois est d’avis que le colonel n’organisera pas du tout l’élection. Ces participants à l’enquête considérer peut-être les exemples du Burkina et du Mali où de multiples coups d’État ont eu lieu, ce qui a conduit à une instabilité politique répétée. Cependant, seul le temps nous dira si les promesses du Colonel d’organiser une élection équitable et transparente seront tenues.

◦    En outre, il est préoccupant de noter que 15 % des répondants à l’enquête pensent que le CNRD gardera le pouvoir. Cette hypothèse doit être abordé avec prudence et considéré comme potentiellement dangereux.

◦    Mon point de vue est que même si le colonel Doumbouya et le CNRD ont de bonnes intentions d’organiser une élection juste et libre à temps, cela n’aura pas d’importance si la majorité des gens ne croient pas qu’ils respecteront leurs promesses. Par conséquent,  la transition“transaction” ne vas pas réussir. Le gouvernement de transition doit trouver un moyen de rassurer le peuple sur le fait qu’ils ont de bonnes intentions et qu’il prendront les mesures nécessaires pour sortir définitivement le pays de cette situation difficile. En d’autres termes, ils doivent restaurer la “foi” du peuple.

◦    Bien que la construction des routes, d’infrastructures publiques et la fourniture d’électricité soient toutes importantes, elles ne peuvent pas remplacer l’aspiration du peuple pour une élection libre et transparente à un délai raisonnable. Les gens peuvent apprécier ces bonnes actes, mais bientôt ils commencerons à se demander s’il s’agit de pots-de-vin destinés à détourner de la question principale d’une élection libre et just à temps. Plus la suspicion grandit, plus il sera difficile de l’inverser.

◦    En résumé, le colonel Doumbouya (CNRD) devrait réitérer son engagement à organiser des élections libres et équitables à temps. Toute les actions doivent s’aligner sur cet engagement, et ils doivent s’abstenir de toute action qui pourrait entrer en conflit avec celui-ci. En tant que gouvernement de transition issue d’un coup d’état, une communication constante est cruciale pour rétablir la foi. Le succès de la transition dépend de ce que les gens en pensent, et pas seulement de ce que pense le CNRD. Comme l’argent, la transition s’étend sur la foi, et elle ne vaut que ce que les gens pensent qu’elle vaut.

◦    Personnellement, je crois que le colonel a l’intention d’organiser des élections libres et équitables jusqu’à preuve du contraire. Comme tout Guinéen, il est dans notre meilleur intérêt que cette transition soit une réussite. Par conséquent, il est de notre responsabilité collective de faire notre part et de contribuer à la réalisation de cet objectif.

Précisons importantes:

1. Validité :

– L’enquête a été menée avec un échantillon de 439 personnes, ce qui est supérieur au minimum requis pour un résultat significatif selon la plupart des statisticiens.

– Les répondants à l’enquête étaient des intellectuels titulaires d’un diplôme universitaire, et personne n’a été payé pour fournir une réponse spécifique. L’enquête a porté sur un groupe diversifié de répondants appartenant à différents groupes d’âge, ethnies et sexes.

2. Faiblesses :

– Les répondants à l’enquête ne représentaient qu’une minorité de la population guinéenne. La majorité de la population guinéenne n’a pas de diplôme universitaire.

– L’enquête était anonyme, ce qui signifie qu’il n’était pas possible d’étudier des données démographiques spécifiques telles que l’ethnicité, les affiliations aux partis politiques, etc.

– L’enquête n’a été menée que sur la plate-forme LinkedIn, qui peut ne pas représenter avec précision l’ensemble de la population.

Par Abdourahamane Diallo
Geopolitics & Macroeconomic Strategist.
abrahamdiallonyc@gmail.com