La conclusion du rapport de l’Inspection Générale d’Etat (IGE) fait froid dans le dos :
« Ces constatations, loin d’être exhaustives, reflètent l’état de notre administration, aussi bien au niveau central que déconcentré et décentralisé. Elles constituent la preuve de l’état de dégradation de notre Etat et, par ricochet, de l’impossibilité pour lui dans ces conditions, de rendre un service public efficace aux citoyens. Ce rapport prouve, s’il en était besoin, la nécessité de soumettre les structures de l’Etat à un contrôle régulier et rigoureux, de manière à ne laisser aucune place à la corruption, aux détournements de fonds publics et à tous leurs succédanés. Ce n’est qu’à cette condition que l’argent public pourra être mieux géré dans l’intérêt du contribuable ».
Avec un peu de recul, quand on se fie tant soit peu à ce rapport, on s’aperçoit très clairement que les projets d’infrastructures ça et là, qui se bousculent aujourd’hui comme dans la poussée d’archimède, sont de véritables saignées financières, de poches de détournements, de bourgeoisement « d’opportunistes du pouvoir » et d’endettements « inconséquents » de notre pays.
S’il est vrai que nous pouvons féliciter les autorités de la transition dans leur engagement pour donner à la Guinée des infrastructures qui sont devenues plus que nécessaires ; au même moment, il faut leur rappeler de ne pas perdre de vue que la promesse de refondation de la Guinée, de sa gouvernance politique, ce n’est pas q’une course au fer et au béton. Elle doit surtout être le combat rompu contre la corruption, les détournements de deniers publics et le népotisme. Elle doit être la promotion du mérite et de l’excellence. Elle doit être le lieu du débat politique dans tout son sens. La refondation doit ainsi laisser des emprunts idéologiques qui aideront à se départir de nos mauvaises habitudes.
Il faut suffisamment communiquer au tour de ce rapport et mettre les auteurs de cette déliquescence organisée de l’Etat et de ses démembrements devant la justice. La justice guinéenne doit se bouger conséquemment.
Tout changement structurel et irréversible est d’abord psychologique. C’est le fruit d’idées épousées dont la transmission se matérialise par la volonté politique sans équivoque. Il faut se garder de nous vendre le lapin au prix de lion. Autrement, nous aurons perdu assez de temps pour peu de choses.
Par Ali CAMARA