À Conakry, la chaleur accrue selon les spécialistes est due à l’occupation des domaines publics maritimes qui empêche la brise marine de pénétrer dans la ville, affectant ainsi la santé des habitants. Pr Selly Camara, expert en environnement fait savoir que la pratique des remblais côtiers, combinée à l’élévation du niveau de la mer, aggrave les risques de dommages côtiers.

Par ailleurs, la déforestation des mangroves, qui protègent les terres agricoles des vagues et de l’intrusion saline, menace la sécurité alimentaire en réduisant la productivité agricole et en augmentant le risque d’inondations et de famine, prévient le spécialiste.

« Conakry est une presqu’île. Pourquoi il y a la chaleur à Conakry ? Parce que la brise marine n’entre pas. Tous les domaines publics maritimes sont occupés. C’est les nantis qui sont au bord qui bénéficient de la brise marine. Le reste de la population n’en bénéficie pas. C’est déjà un facteur de santé, c’est un facteur d’hygiène qui s’oppose au niveau de notre pays. Si de façon naturelle, le changement climatique a son sens dans l’élevation du niveau de la mer, mais avec les remblais, ça vient amplifier l’ampleur de cette élevation du niveau de la mer. Donc il n’est pas conseillé de nos jours de faire le système de remblais. Si des dispositions ne sont pas prises, des gabions ne sont pas faits. Dans les zones voisines où on fait le remblai, l’amplitude de la marée des vagues va s’accentuer. Investir dans la zone côtière, le domaine public maritime, c’est un investissement à regret. Tôt ou tard, on sera rattrapé parce que la mer ne va pas cesser d’augmenter de volume », explique l’environnementaliste.

« Avant, on était à 360 000 hectares dans les années 65. Avec une coupe abusive, nous avons environ une diminution de 4% par an en moyenne. Ce qui fait qu’aujourd’hui, on a nos dernières études avec le programme national pour le développement, nous avons trouvé environ 200 000 hectares. Cela fait une perte de plus de 150 000 hectares en moins de 40 ans. Et cette mangrove-là encore, qui arrête la vague, quand la vague déferle, c’est la mangrove-là qui arrête la vague. Plus on détruit cette mangrove-là encore, avec les milliers de terres agricoles qu’on a dans les zones de Kabak, de Kakosa, de Koba et de Kito, les terres basses, c’est plein air, il risque d’être inondé. Il y a l’intrusion saline aussi. Là, c’est-à-dire que le ciel arrive à atteindre, là, la production baisse, mais aussi il y a l’inondation qui va venir aussi. La production et la productivité vont baisser. Donc c’est quoi ? C’est la famine, c’est les réfugiés climatiques qui risquent de se passer », interpelle Pr Selly Camara, expert en environnement.

Ibrahima Mariame Kamara