Les habitants de certaines localités de la sous-préfecture de Bangouya dans la préfecture de Kindia, continuent à ressentir les conséquences de la construction du Barrage hydroélectrique de Souapiti. Dans le secteur Tombo, relevant de Bangouya centre, ils sont plusieurs foyers à être impactés par le débordement des eaux du poste 210 du barrage. Des maisons inondées mais aussi des cultures englouties par les eaux sont entre autres les conséquences de la catastrophe. Au micro de nos confrères de Guineematin.com, les victimes désemparées appellent au secours.

Mamadouba SOUMAH, cultivateur, domicilié au secteur Tombo, lie cette catastrophe aux agissements de la société chinoise en charge de la construction du barrage de Souapiti.

«Nous sommes plus de 500 personnes ici. Lorsqu’ils sont venus faire le recensement à Tombo, certaines des personnes recensées ont quitté les lieux. Pour ma part, ma maison a bien été recensée. Cependant, ils m’ont assuré que ma plantation ne serait pas touchée. Ils ont planté un piquet devant ce palmier-là et un autre beaucoup plus loin. Les Chinois sont venus deux fois, nous avons discuté. Ils avaient même affirmé que ma maison ne serait pas atteinte par la montée des eaux. Nous avons passé toute une journée à insister pour que ma seule maison soit recensée, car celui qui faisait le recensement ne voulait pas l’inclure. Malheureusement, lors de la deuxième période des pluies, l’eau a tout submergé. Par la suite, ils sont revenus et nous ont promis de nous dédommager, aussi bien pour nos habitations que pour nos jardins. Pourtant, dans cette démarche, nous avons été dupés. Ceux d’entre nous qui disent la vérité ont été laissés pour compte. Mon jardin a été submergé du début à la fin, et mon grand champ de riz a été totalement détruit. J’avais cultivé plus de 50 mesures de riz. J’ai eu plusieurs altercations avec les Chinois à cause de mes terres, mais ils étaient prêts à jurer que l’eau ne déborderait jamais. Aujourd’hui, si je ne reçois pas de compensation pour ma maison, qu’on me paye au moins pour mon jardin ou ma plantation. Je n’ai plus rien à manger pour survivre. J’ai une grande famille à nourrir et à soutenir. C’est en quelque sorte mon cri du cœur. Je demande que nous soyons relogés ailleurs, loin des eaux », plaide Mamadouba Soumah.
Même son de cloche chez Mabinty Sylla, résidente à Tombo, désemparée, qui parle des dégâts que subissent les citoyens avant d’interpeller les autorités compétentes.

«L’eau a compliqué nos problèmes. Nous avons des petits enfants, en plus des travaux agricoles. Partout où l’on va, il n’y a que de l’eau. Tu ne peux faire un pas sans être accompagnée d’un chef de famille ou d’un enfant. Si tu laisses les enfants pour t’occuper d’autre chose, tu risques de nombreux dégâts. Quand l’eau monte, personne ne peut la retenir. Nous ne savons pas nager. Toutes nos cultures sont inondées. L’eau a refait surface sur nos champs de riz, qui constituent notre principale source de nourriture. Nos champs d’arachides, de manioc et d’aubergines ont été complètement détruits. Nous vivons ici pour préserver notre dignité, car nous n’avons nulle part où aller. Nous sommes terrifiés, surtout avec des centaines d’enfants. Nous dormons chaque nuit avec la peur d’être noyés à cause du débordement des eaux du barrage hydroélectrique. Dites aux autorités de nous éloigner de ces eaux. L’eau, contenant toutes sortes de débris et d’animaux, a envahi nos clôtures et nos maisons. Notre secteur fait partie du district de Bangouya centre. La montée des eaux nous a isolés du centre. Pour rejoindre le chef-lieu de la sous-préfecture, il faut parcourir 8 km, et si tu veux traverser le lac, tu dois prendre une pirogue sur des vagues très agitées. Les pirogues ne sont même pas équipées de gilets de sauvetage. Auparavant, nous passions par Baraya pour rejoindre le centre, mais cette route est maintenant engloutie. Nous demandons aux autorités de nous éloigner des eaux. En pleine période des récoltes, nous avons tout perdu et nous n’avons plus rien à manger. Depuis que l’eau a débordé, aucune autorité n’est venue ici. Qu’ils nous apportent de la nourriture », lance t-elle.

Aboubacar Wayé TOURE depuis Kindia pour maguineeinfos.org