La suspension du Préfet Kandja Mara par le Ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation suscite de nombreuses réactions à Kankan. Parmi les acteurs politiques, certains saluent cette décision, tandis que d’autres appellent à la clémence et estiment que le Préfet de Kankan, emporté par l’émotion, a tenu des propos irrationnels.
Amadou Secteur Barry, président de l’UPDG, est l’un de ces acteurs. Il approuve la décision, bien qu’il demande aux citoyens de mettre de côté leurs passions dans cette affaire.
« Un propos tenu dans un contexte où les gens se posent des questions de part et d’autre, cela aggrave les choses. Franchement, nous condamnons sa déclaration ; les propos qu’il a tenus sont très graves, et dans leur contexte juridique, c’est condamnable. Ceux qui pensent que la suspension ne suffit pas doivent attendre et laisser la justice faire son travail. Les gens doivent aussi se débarrasser de la passion dans cette affaire. Si une poursuite judiciaire doit avoir lieu, laissons la justice s’en occuper», analyse t-il.
Pour Sory Sanoh, ancien préfet des villes de N’Zérékoré et de Kérouané, les propos de Kandja Mara sont graves, mais il considère que ce dernier a été emporté par l’émotion.
«Ce que je peux dire, c’est que nous avons tous vu et entendu ce que le préfet a dit. Mais moi, en tant qu’ancien administrateur et préfet, je me dis que ses propos étaient déplacés, mais ce n’est pas dans son cœur. Je souhaite que la sanction s’arrête à la suspension et qu’il reprenne ses fonctions de préfet, ici ou ailleurs, une fois la décision prise», estime notre interlocuteur.
Si plusieurs personnes estiment que le préfet doit être poursuivi pour ses propos, Sory Sanoh remet quant à lui en cause la volonté de la justice.
« Le procureur a trop tardé à s’exprimer, c’est un fait. Deuxièmement, le jour du décès de M. Dioubaté, ce que nous avons tous appris, c’est qu’il est décédé dans sa cellule. Mais malheureusement, le procureur a affirmé le contraire, en déclarant que M. Dioubaté est décédé à l’hôpital. Nous, le peuple, pensons qu’il est mort dans sa cellule jusqu’à preuve du contraire. C’est difficile à comprendre venant d’une autorité censée rétablir la vérité et poursuivre les fauteurs de troubles. Cependant, comme l’Ordre des médecins de Guinée a pris les choses en main et s’est porté partie civile, nous verrons la suite», lance t-il.
Il est important de rappeler que le préfet avait déjà comparu devant le tribunal de première instance de Kankan pour des déclarations similaires.
El Hadj Mohamed Sangaré pour Maguineeinfos