Dans la soirée de ce lundi 28 octobre 2024, le ministère de l’administration du territoire et de la décentralisation a publié son rapport final sur l’évaluation des partis politiques en Guinée. Parmi les 211 partis politiques répertoriés, 54 ont été suspendus, 53 dessous et 67 mis sous observation. Interrogé par un de nos reporters quelques heures après la publication du rapport, Dr Édouard Zoutomou Kpogomou fustige l’opération.

Le Président de l’Union des Démocrates pour le Renouveau et le Progrès signale un manque de bases pédagogiques. Il soutient également cette démarche est purement politique pour mettre certains partis à l’écart.

« Moi, personnellement, je ne suis pas surpris parce qu’entre ce qu’ils appellent l’évaluation, le rapport définitif et le rapport préliminaire, il y a eu des ajustements en termes de statistiques, en termes de courbes, en termes de comparaisons et tout ça. Mais ce que nous voyons, c’est que l’évaluation des partis politiques, on l’avait dit dès le départ, une évaluation se fait souvent sur des bases pédagogiques. On devrait le faire pour qu’on sache sur quels critères on évalue les gens et que tout le monde le sache à l’avance. Maintenant, on catégorise des partis. Il y a des partis qui sont dissous et je dois franchement dire que la plupart de ces partis là, moi je n’en ai jamais entendu parler. Moi, je suis en train de penser que cette évaluation, puisqu’elle n’a pas été d’abord faite sur des bases pédagogiques et des bases raisonnables, cette évaluation vise un objectif. Le timing de cette évaluation, que ça vienne à quelques mois seulement du 31 décembre 2024, me semble très suspect et nous l’avons toujours dit. Si on veut dégager un certain nombre de choses, il faut bien qu’on se dise que l’évaluation d’abord, je ne sais pas si elle sera acceptée de tous. Nous sommes dans un groupe où il y a des partis qui sont en observation pour trois mois. Mais pourquoi observation pour trois mois ? Si vous dites trois mois, après trois mois, vous ne dites pas clairement que quand ils sont sous observation pendant trois mois, s’ils peuvent conduire effectivement leurs activités, comme c’est prescrit dans le code des partis politiques, c’est la confusion », réagit le vice-président de l’ANAD.

Il remet en question la légitimité du processus, notamment le statut d’observation de certains partis, qui crée de l’ambiguïté. Selon lui, cette évaluation semble conçue pour favoriser certains candidats et restreindre la compétition politique.

« Nous, nous pensons de toute façon que l’évaluation qui a été faite, elle ne va servir qu’une seule chose. C’est pour la proximité du 31 décembre, pour ceux qui avaient déjà vu que le CNRD a des intentions de participation au processus électoral, on dirait que c’est simplement une façon de déblayer les chemins, pour permettre à leurs candidats ou à ceux qu’ils veulent, de se frayer une voie pour participer, alors il y a même un effort de pouvoir bloquer certaines formations politiques. Quand vous regardez très bien les listes, vous savez qu’il y a des partis qui sont ciblés, les partis les plus en vue sont dans une catégorie. Nous pensons que le CNRD doit laisser les partis politiques compétir sur le terrain. C’est sur le terrain qu’on verra les partis forts, les partis faibles », indique le président de l’UDRP.

Ibrahima Mariame Kamara