Une vive tension secoue actuellement Kankan, où le Grand Imam de la grande mosquée, El Hadj Karamo Bangaly Kaba, est accusé par la notabilité de vouloir imposer son fils aîné, Kalou Kaba, comme son successeur. Face à ce qu’elle considère comme une violation des traditions, la notabilité, représentée par le Sotikèmo, a pris une décision radicale : suspendre El Hadj Karamo Bangaly Kaba de ses fonctions et exclure son fils des activités de la mosquée.

La gestion des affaires religieuses a été confiée temporairement à son adjoint. Selon la notabilité, les décisions concernant la grande mosquée doivent être prises collectivement dans le respect des traditions ancestrales. À cet effet, les familles fondatrices de Kankan, connues sous le nom de Kabilanani, ont décidé de maintenir la suspension jusqu’à nouvel ordre.

Pour la notabilité, cette décision découle de comportements jugés irrespectueux, notamment envers la famille Chérif, et d’une tentative perçue de privilégier des intérêts familiaux.

« Depuis l’époque de Karamo Daouda, ce genre de situation ne s’est jamais produit à Kankan. Dans cette grande mosquée, toutes les décisions doivent être prises en accord avec les sages. Mais aujourd’hui, les pratiques changent à cause d’une seule personne. Tous les imams avant Karamo Bangaly Kaba avaient des enfants, mais ils ne les ont jamais imposés comme successeurs. Si Karamo Bangaly veut montrer que son fils est supérieur aux autres, nous lui montrerons que ni son fils ni lui-même ne nous surpassent. Nous respectons Karamo Bangaly, non pas parce qu’il est supérieur, mais parce qu’il a été choisi pour diriger la mosquée. Nous avons espéré qu’il respecterait cette confiance. Or, il a choisi d’aller à l’encontre de la tradition. Son fils a manqué de respect à la famille Chérif, et il le soutient dans cet acte. Ce comportement est inacceptable. Par conséquent, il est suspendu jusqu’à nouvel ordre, et son adjoint prendra la relève. Son fils Kalou, quant à lui, devra se tenir à l’écart de toutes les activités de la mosquée », a longuement expliqué Assa Mady Kaba porte parole de la notabilité de kankan.

Suspendu le 24 novembre 2024, El Hadj Karamo Bangaly Kaba a réagi avec fermeté en contestant cette décision. Il a affirmé lors d’une rencontre avec les journalistes qu’un Sotikèmo n’a pas le pouvoir de suspendre un Grand Imam. Déterminé à ne pas céder, il a annoncé qu’il dirigerait la prière ce vendredi, dénonçant des conflits d’intérêts et rejetant les accusations concernant la succession de son fils.

« Je tiens à préciser que je n’ai pas été suspendu par la Ligue islamique. La preuve en est que ce vendredi, je serai à la mosquée pour la prière. Un Sotikèmo ne peut suspendre un Grand Imam sans critères ni preuves. Ce problème n’est pas récent. Il remonte au mois de Ramadan dernier et résulte principalement d’un conflit d’intérêts et de querelles insignifiante. À aucun moment je n’ai dit que mon fils Kalou devait me succéder. Mon fils a été exclu des activités de la mosquée par le comité de gestion. Il n’était qu’un technicien chargé de la sonorisation. Jamais je n’ai évoqué sa succession », a réagi El hadj Karamo Bangaly Kaba.

Cette suspension, bien qu’ignorée par les autorités religieuses nationales pour le moment, risque d’aggraver les tensions. L’avenir de la gestion de la grande mosquée reste incertain, alors que les deux parties campent sur leurs positions.

El hadj Mohamed Sangaré