Dans un monde fragmenté par des enjeux aussi variés que les guerres , le changement climatique , les catastrophes naturelles , le terrorisme , les pandémies … Le recours à la diplomatie n’a jamais été aussi nécessaire.

Dans le contexte actuel , la diplomatie culturelle a une forte résonance car elle vient en renfort à la diplomatie classique dont la capacité de résilience est testée en ce qui concerne l’extinction des foyers de conflits à travers le monde et l’impulsion du dialogue entre belligérants pour soit prévenir un conflit armé , soit négocier une trêve, soit mettre fin à une guerre prolongée et à construire une paix durable après la guerre.

C’est pourquoi , il est plus qu’urgent de faire retentir l’écho du rôle de la culture sur les contours futurs des relations internationales pour d’une part , prévenir les conflits et d’autre part , résoudre ceux- ci dans une perspective de construction d’une paix et d’un développement durables.

D’ailleurs , qu’entendons- nous par “ diplomatie culturelle “ ?

Joseph Nye a défini la diplomatie culturelle comme étant « l’échange d’idées, d’informations, d’art, de langues et d’autres aspects de la culture entre les nations et les peuples afin de favoriser la compréhension mutuelle ».

Ainsi , en nous inspirant de la définition de Joseph Nye , les échanges inter-culturels ou les dialogues inter- culturels qui englobent { les arts et les lettres, les modes de vie, les façons de vivre ensemble, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances} doivent être consolidés voire amplifiés à l’appui d’outils digitaux pour transformer la nature des relations internationales de notre époque.

Pour ce faire , il est important que les États , l’ Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture( UNESCO) , les sociétés civiles et autres acteurs non gouvernementaux continuent de mutualiser leurs efforts , malgré les crises tous azimuts, en vue de garantir aux populations un accès équitable à l’éducation sur leurs droits culturels.

A noter: “ les droits culturels sont reconnus par des instruments internationaux généraux consacrés aux droits de l’homme, et précisés par des instruments juridiques internationaux culturels”.

En effet , certains pourraient se poser la question de savoir en quoi connaitre ses droits culturels contribuerait-il à prévenir la guerre et à construire une paix durable ?

Loin d’être une question absurde , il s’agit là d’une question pertinente et actuelle puisque cette dernière permet de saisir toute la quintessence de la culture en tant que “ moyen de rapprochement, de tolérance, de liberté et de respect.

À l’opposé, ne pas se poser ni débattre d’ une question si pertinente reviendrait à augmenter l’ignorance des peuples , creuser l’écart entre les nations en terme d’accès au savoir , ce qui représenterait une menace pour la paix et la stabilité du monde.

Imaginez qu’en période de conflits , une communauté X subisse délibérément la destruction de ses références culturelles matérielles comme ses mosquées , ses églises , ses monuments historiques, sites, musées et leurs objets, ses bibliothèques et archives, ses artistes , ses intellectuels et leaders religieux. Ne sera t-elle pas confrontée à un nettoyage culturel dont la conséquence serait l’extinction de tout son patrimoine culturel voire la disparition de sa civilisation ?

C’est en cela que le rôle de la diplomatie culturelle est prépondérant pour justement empêcher que les patrimoines culturels – “l’héritage d’objets physiques (biens culturels) et d’attributs immatériels d’un groupe ou d’une société hérités du passé” soient vandalisés , détruits puisqu’ils représentent l’ADN des nations et des peuples qui les constituent.

À titre d’ illustration , la destruction des mausolées de Tombouctou au Mali en 2012 a été qualifiée comme un crime de guerre selon l’article 8 du statut de la Cour pénale internationale.

Voici un des acquis des efforts de la diplomatie culturelle , offrant à travers ce cas précis du Mali un environnement propice à la prévention des conflits et à la réhabilitation des patrimoines culturels de l’humanité.

En conclusion , il faudrait retenir que protéger la culture ne relève pas seulement d’ une question culturelle mais c’est devenu un impératif de sécurité dont tous les États doivent s’approprier le processus car le patrimoine culturel a été reconnu comme une composante fondamentale d’une paix durable.

Pour ce faire , les États membres et leurs représentations permanentes à l’Unesco doivent se mettre au diapason des conventions internationales ainsi que des cadres juridiques dûment élaborés et révisés à l’effet de tirer le meilleur parti de la préservation du patrimoine culturel mondial .

Parmi tant d’acquis , le retour et la restitution des biens culturels s’avère une preuve éloquente de la consolidation de la coopération culturelle internationale, élargissant ainsi l’éventail de solutions alternatives dans la perspective de construction de la culture de la paix durable.

Abdoulaye M KEITA

Diplomate ,
Expert en Études Internationales Avancées dans le domaine des Relations Internationales