Ce lundi 13 janvier, l’heure était au Tribunal de Première Instance de Kindia de dresser son bilan de l’année 2024. Une année au cours de laquelle la juridiction a jugé 611 dossiers contre 514 en 2023. Parmi ces dossiers, 52 étaient criminels. Grâce au concours des avocats, 13 de ces dossiers ont été jugés vers la fin de l’année. Des sentences allant jusqu’à la perpétuité ont été prononcées indique la juridiction.

À en croire le Procureur du TPI de Kindia, la hausse du nombre d’affaires traitées courant 2024 peut s’expliquer tout d’abord par la bonne collaboration et la disponibilité des officiers de police judiciaire (OPJ).

À côté de ces affaires évacuées par le TPI de Kindia, beaucoup d’autres non les moindres restent sans suite. Parmi lesquels, le dossier brûlant lié aux tueries enregistrées lors de la manifestation contre le courant électrique en février 2024. Selon Damou CAMARA, ce dossier qui impliquerait des militaires est aujourd’hui confronté à certaines difficultés.

« Vous savez le service de la justice, chacun fait son travail. Moi je suis procureur, je ne suis pas Gendarme, même s’ils sont sous mon autorité. Mais moi je ne peux pas faire le travail de Gendarme pour mener des enquêtes. Ce que la loi m’exige, je l’ai déjà fait. Le haut commissariat aux droits de l’homme m’a plusieurs fois interpellé sur le dossier. J’ai appelé le commandant de la Brigade le Recherche chargé du dossier on en a discuté. Il m’a expliqué ses difficultés et limites. Mais ça ne veut pas dire que c’est abandonné ou classé mais lui aussi il a des difficultés par ce que les enquêtes intéressent les militaires ou du moins les soit-disants militaires qui seraient sortis et qui auraient tiré. Mais où sont ces militaires? d’où sont-ils venus ? Toutes ces questions restent posées par l’unité chargée de l’enquête », a tenté d’expliquer Damou CAMARA.

A la question de savoir si cette l’implication supposée de l’armée n’explique pas ce retard, le procureur s’est montré clair. « Tout le monde dit que l’armée a été réquisitionnée ce jour à Kindia. Mais laissez-moi vous dire que j’ai pas le pouvoir de réquisitionner l’armée, mais plutôt la Police et la Gendarmerie. Il y a d’autres autorités qui peuvent le faire. J’ai ouvert une enquête avec la Brigade de Recherche sur les cas de morts. L’OGDH est allée jusque dans les familles mortuaires. Donc on est ce niveau », a-t-il répondu.

Sur le cas des enquêtes ouvertes contre les maires des communes rurales et celle urbaine de Kindia pour des présumés détournements de fonds publics en 2024, le procureur du TPI de Kindia a joué la carte de la transparence. « Il faut qu’on se dise la vérité. Ces Infractions sont d’ordre économique. Les enquêtes devraient commencer par des rapports d’experts. Cela n’a pas été fait. Moi je ne peux pas mener des enquêtes économiques parce que j’ai pas ces compétences. Donc c’est compliqué. On a envoyé un document à parcourir et je l’ai remis aux OPJ. Mais même exploiter ce document et poser des questions ils ne peuvent pas. Donc on exige la venue d’experts avant de continuer. Promesse a été faite mais jusqu’à présent on ne voit pas ces experts », a précisé Damou CAMARA.
Sur ces deux dossiers en cours au TPI de Kindia, la juridiction promet de déployer tous les moyens pour la manifestation de la vérité en 2025.

D’autres sujets ont été également abordés par le Procureur lors de cette interview accordée à la presse locale.

Aboubacar Wayé TOURÉ depuis Kindia pour maguineeinfos.org