À Kankan, le processus d’installation des nouveaux conseillers de quartiers suscite de vives tensions. Alors que la commission d’encadrement loue la transparence de son travail, plusieurs quartiers dénoncent des irrégularités et rejettent les listes validées par la commune urbaine.

Ces contestations s’appuient sur des accusations de modifications arbitraires des listes soumises par les citoyens. À Bordo SOS, les habitants affirment que leur choix a été écarté au profit d’une liste jugée non conforme.

Mamadou Cessema Diallo, doyen de Bordo SOS, raconte l’origine du problème :

« Nous avons découvert qu’il y a deux chefs désignés dans notre quartier. Moi, je suis doyen par la grâce divine, personne ne m’a élu. Depuis 1946, je vis ici et j’ai vu beaucoup de choses. Lors des discussions, nous avons tous choisi Amadou Secteur Barry, car il remplissait les critères. Mais ensuite, un groupe est venu me présenter une autre liste, soi-disant validée par la commune, et m’a demandé de la signer. J’ai refusé, car les critères n’étaient pas respectés. Le secrétaire de la commune nous avait assuré qu’aucune liste n’était encore officielle, mais nous avons appris qu’un bureau parallèle avait été installé dans notre quartier. Cette situation est source de confusion et risque de créer des troubles», explique t-il.

DES TENSIONS AU CENTRE-VILLE

Le quartier Gare, au centre-ville, connaît des difficultés similaires. Des jeunes dénoncent des cas de corruption et réclament la reconnaissance de la liste issue de leur vote.

« Nous avons voté pour choisir notre chef de quartier et soumis la liste à la commune. Mais deux jours plus tard, nous avons appris que cette liste avait été remplacée, et l’imam du quartier a été désigné chef. C’est inacceptable. Nous voulons que notre choix soit respecté », a insisté Alseny Oularé,

Dans plusieurs autres quartiers, des cas similaires sont signalés. Exaspérés, certains habitants envisagent de porter plainte contre la commission d’encadrement chargée de superviser le processus.

Joint par téléphone, le président de la délégation spéciale de Kankan, Arafan Moussa Koulibaly, s’est montré lassé par ces polémiques :

« Mon ami, j’ai trop parlé de ce sujet avec vous. Laissons tomber et passons à autre chose».

Malgré cet appel au calme, la situation reste tendue à Kankan. Les habitants appellent à plus de justice et de transparence pour éviter que ces désaccords n’affectent la cohésion sociale.

El hadji Mohamed Sangaré