Mamadou Kaly Diallo, activiste des droits de l’homme exprime sa préoccupation face à la grâce présidentielle accordée à Moussa Dadis Camara, soulignant que cette décision intervient avant l’épuisement de toutes les voies de recours judiciaires, notamment l’Appel en cours.

Interrogé par maguineeinfos.org, il évoque des raisons plus politiques que juridiques dans cette décision. C’est pourquoi il affirme une inquiétude majeure face aux conséquences de la grâce accordée à l’ancien président.

« C’est une réaction de préoccupation majeure que nous avons parce que vous savez que le procès a été rendu et d’ailleurs salué par l’ensemble si vous voulez, la communauté, l’opinion publique et la communauté internationale et tout le monde était d’accord que c’est un bon début allant dans le sens de la lutte contre l’impunité. Sauf qu’en pareil cas, puisqu’il y a eu appel à la Guinée étant régie par le principe de double juridiction, une grâce présentielle ne peut intervenir qu’après une décision définitive. Et tel n’est pas le cas. Le dossier est en appel à la cour d’appel de Conakry », rapelle l’acteur des droits de l’homme au micro d’un de nos reporters.

Il parle par ailleurs de la gravité des crimes contre l’humanité pour lesquels Moussa Dadis Camara a été condamné.

« Il faut rappeler celui qui a bénéficié de ce décret de grâce présidentielle a été condamné pour des faits qui sont très graves, des crimes contre l’humanité, reconnus pour la responsabilité du commandement. Toutes les voies de recours n’ont pas été épuisées. Un procès juste et équitable suppose qu’il y ait le respect des droits de défense, l’impartialité du tribunal, mais l’égalité des droits des parties au procès et puis épuisement de toutes les voies de recours. Voyez-vous ? Et aujourd’hui, tel n’est pas le cas avec cette décision de grâce présidentielle », regrette notre interlocuteur.

« Nous nous avions salué le décret de prise en charge de l’indemnisation des victimes par le budget national, avions estimé que c’est une très bonne chose, et que, si bien que ça s’inscrivait dans la logique normale des choses, parce que les victimes de violations des droits de l’homme ont droit à la réparation, ont droit à la connaissance de la vérité, et ont droit à la justice. voyez-vous, nous nous avions estimé que c’est dans la logique des choses, nous avions salué cela. Mais que ce décret-là, qui est beaucoup plus à réalité politique que juridique, intervient après 48h, de ce décret de prise en charge, alors ça pose une question majeure à notre niveau », martèle Kaly Diallo.

Ibrahima Kamara