C’est sous le thème » le journalisme sans crainte ni complaisance » que notre pays , à l’image des autres du monde, célèbre la 27 ème journée internationale consacrée à la liberté de la presse. À la différence des années précédentes, la commémoration de 2020 se déroule sous un climat de timidité qui reste marqué par une crise sanitaire mondiale, due à la pandémie du Covid-19. Interrogé sur le regard professionnel qu’il porte sur l’évolution du métier du journalisme en Afrique, notamment en Guinée, Tamba Zacharie Millimouno, journaliste et l’un des animateurs de l’émission des grandes gueules, a d’abord salué la libération des ondes, mais reste pessimiste sur le bien fondé de la dépénalisation des délits de presse.
Pour donc réussir à la vraie professionnalisation du métier, faciliter l’accès aux sources d’information, garantir la survie des hommes de médias, il faudrait selon lui, la partition non seulement de l’État, des professionnels et patrons de médias, mais également les journalistes eux-mêmes enfin d’aspirer à une réelle amélioration de leurs conditions de vie et de travail.
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Maguineeinfos.com: la Guinée célèbre ce 03 mai sous un silence en raison du contexte inédit de la pandémie du Covid-19. Dites-nous ce que cette journée internationale vous rappelle en tant que professionnel de médias ?
Tamba Zacharie Millimouno : c’est d’abord un moment de commémoration où chaque journaliste est appelé à visualiser les efforts consentis dans le cadre de l’exercice de la profession, en vu de donner aux journalistes du monde, la capacité de dire, de penser et d’accéder à l’information de manière qu’elle soit profitable à leur métier. Et pendant ce moment là, ont a fait de nombreux sacrifices en termes de perte en vie humaine, d’incarcération, de violence particulière. Mais également, c’est le lieu de regarder au tour de nombreux défis qui sont devant nous. Même dans un contexte de crise sanitaire mondiale, on est appelé à s’en passer ces défis comme nos aînés l’ont fait avant nous et qui d’ailleurs, nous ont garanti un minimum en terme de liberté d’expression.
Alors au delà de cette crise sanitaire, quels sont selon vous, les problèmes auxquels notre pays se trouve confronté sur le plan médiatique, malgré cette libéralisation des ondes et la dépénalisation des délits de presse ?
La libération des ondes reste forcément quelque chose à saluer, puisque depuis les années « 90 » avec l’avènement de la démocratie, il y a eu la prolifération des médias en Guinée ( télévisions, radios, sites d’informations et tout ce que vous en savez). Et donc, ça reste un véritable acquis.
Sur le chantier de la dépénalisation c’est vrai, lorsqu’une loi dépénalise un délit de presse, il faut saluer cette avancée majeure. Mais par endroit, il faut souligner que les journalistes ont fait la prison, malgré la loi. De là donc, découlent deux constats. Premièrement, nous sommes dans une situation où on doit parler de plus de lois que leurs applications. Alors c’est un problème non seulement Guinéen, mais aussi d’ordre général. Il y a des bonnes lois et des dispositions qui existent, mais on est jamais prêt à les faire respecter.
Le deuxième enjeu d’aujourd’hui, c’est comment faire en sorte que le journaliste soit indépendant, comme l’ont souhaité beaucoup de penseurs français. C’est-à-dire faire cas aux contraintes professionnelles ou rédactionnelles, mais également à celles d’entreprises qui font qu’un média puisse payer ses travailleurs. C’est alors là conjugaison de ces deux éléments qui font par fois que le journaliste, pas le patron de presse, mais lui qui traite au quotidien les informations, est confronté à une série de pesenteurs. Comment donc réussir en Guinée, le paris de faire du journaliste, un professionnel totalement affranchi de ces contraintes?. Car, on sait qu’il y a de ces médias où il est interdit de traiter un sujet d’une telle façon. Les angles sont plutôt trop choisis, mais il y a aussi autres contrainte. C’est-à-dire que le journaliste n’a pas de protection social, et il n’est pas suffisamment protégé côté financier. Il reste donc un professionnel particulièrement vulnérable. Alors le défi aujourd’hui, sera celui d’améliorer les conditions de vie et du travail du journaliste, pour qu’il fasse un travail plus libre parce que sans la garantie de survie, sa liberté qu’un simple mot.
Selon le classement de reporters sans frontières, la Guinée poursuit sa chute vers les rangs qui n’honorent pas du tout et cela depuis 3 ans. Qu’est-ce que ça vous inspire et qu’elle proposition de solution pour y remédier ?
Cela est sans surprise parce que la liberté de la presse est spécifique. Mais, elle découle la liberté d’expression qui est globalement prise. On sait que ces derniers moments, beaucoup de Guinéens ont dû payer pour avoir exprimer leur opinion, parfois pour cette levée contre certaines ambitions politiques. Alors partant de ces cas, il est tout à fait normal qu’on ait chuté de cette façon là. Il y a des analystes qui évoquent toujours le cas de Mohamed Koula Diallo que l’on ne sait encore ce qui s’est réellement passée. Abdoulaye Bah est décédé dans un accident, mais qui l’a cogné on n’en sait non plus et à ce jour rien n’est fait. Notre ami Chérif Diallo d’espace, ça fait plusieurs années déjà, on a aucune nouvelle de ce qui lui ai arrivée.
Ces réalités démontrent donc que le journalisme reste un métier dangereux et majeure, sans parler du fait que, et l’opinion et les pouvoirs deviennent de plus en plus radicaux et intolérants. Je vous rappelle tout simplement les cas de mes collègues, en l’occurrence Mohamed Mara, Antoine Kourouma et beaucoup d’autres journalistes qui ont fait des frais à la fois de l’opinion mais aussi du pouvoir. Alors pour sortir de là, je crois il faut avoir une volonté dans l’application des lois afin d’y parvenir.
Maintenant côté journalistes, il y a un syndicat de presse privée qui existe. Moi je pense qu’il faut encourager ce type d’initiative, pourque les journalistes aient plus de voix à porter, qu’ils soient beaucoup plus représentés, mais également leurs droits.
Quelle lecture faites vous sur l’évolution du journalisme dans les pays Africains, notamment en Guinée ?
À ce niveau, il faut aller plus vers la professionnalisation du métier. La liberté d’accord, mais le libertinage non. Il y a la libéralisation des ondes je l’ai salué, mais il faut plus de professionnalisation. Je ne parle pas nécessairement de spécialisation des journalistes mais au moins que les notions de base soient maîtrisées. Pour cela, j’estime que les médias eux-mêmes, doivent développer les programmes internes de renforcement des capacités pour les journalistes. Parce qu’on sait pour une carte de presse, il faut pouvoir présenter un document qui atteste d’avoir appris au mois un programme théorique en journalisme. Aujourd’hui c’est une condition. Mais aux médias eux-mêmes de renforcer les capacités de leurs hommes sur les principes de base du métier, entre autres, la recherche, la collecte, le traitement et la diffusion de l’information. Si ce n’est pas le cas, il faut aussi reconnaître qu’en Guinée, selon les constats, le journalisme n’est pas encore au point nommé. C’est-à-dire, il y a des progrès à faire en raison de pas mal de dérives enregistrées dans le milieu de la presse. Ça aussi est une vérité à devoir vivre.
Votre regard sur les conditions de vie et de travail des journalistes en République de Guinée ?
Oui il est normal de parler sur des conditions de travail mais aussi l’environnement de travail. L’environnement, ce sont des droits et des garanties que l’État donne aux journalistes pour améliorer leur travail. C’est également le respect des lois qui protègent le métier du journalisme en Guinée. Je pense pour cela, il faut donc travailler sur ces éléments. En parlant du cadre de travail, il nous ait donné de savoir que plusieurs journalistes ont continué à travailler jusqu’à dernièrement et sans contrat de travail. Et quand vous apprenez leurs salaires, vous allez-vous demander mais comment ils font pour faire le travails qu’ils ont. Au moment que l’ont puisse se conformer aussi parce que jusqu’à ces derniers temps, tous n’avaient pas le smith dans le milieu de la presse. Alors au tant que l’on demande à l’État de faire respecter les lois de la République, il faudrait que les professionnels de médias, en commençant par les patrons, fassent appliquer les lois qui les ont imposé. Mais, que les journalistes s’engagent aussi dans les plus grandes initiatives pour exiger les meilleures conditions. On le voit ailleurs avec les grèves des journalistes, mais pourquoi pas chez nous. Nous défendons toujours les autres mais de notre côté, la question reste entière.
Pour finir, un mot à l’endroit des hommes de plumes à l’occasion de cette journée consacrée à la liberté de la presse ?
Vous avez un des plus grands défis, c’est celui de pouvoir garantir l’intégrité de l’information. C’est-à-dire, vérifier l’information au delà de ce qui nous ait imposé. Quelle soit recoupée, vérifiée et vérifiable mais que cette information soit reconnue comme sacrée et rapportée comme telle. C’est cela son intégrité. Nous sommes sollicités par plusieurs antagonistes pour faire dire ceci ou cela. Alors il faudrait au bout du compte, au moment où nous diffusion l’information, que nous soyons rassurés à l’intérieur de nous mêmes, que ce que nous disons est conforme, non seulement à la réalité, à la vérité mais surtout conforme avec convictions professionnelles. Encore une fois, l’éthique est un grand défis qui demande un engagement des journalistes.
Interview réalisée par Sâa Robert Koundouno pour maguineeinfos.com