Les relations de coopérations entre les différents Etats sont régies par un ensemble de principes définis non seulement dans la convention de Vienne en son article 41, mais aussi dans la charte des Nations-Unies en son article 2 paragraphe 1. Mieux, la constitution du peuple souverain de Guinée indique dans le paragraphe 4 de son préambule que : « la volonté de l’Etat guinéen, d’établir des relations d’amitié et de coopération avec tous les peuples du monde sur la base des principes de l’égalité, du respect de la souveraineté nationale, de l’intégrité territoriale… ». Dès lors, la déclaration fallacieuse et impardonnable du doyen des ambassadeurs, en l’occurrence M. Alexandre Brigadzé à l’occasion de la cérémonie traditionnelle pour souhaiter leurs vœux de nouvel an au Président de la République Pr. Alpha Condé a suscité des interrogations au sein de l’opinion nationale. Cette déclaration viole à la fois, l’ensemble des textes cités ci-haut, qui régissent le fonctionnement des relations internationales et touche systématiquement à la paix, à l’intégrité et à la souveraineté de notre pays. C’est pourquoi, l’objectif principal de cette tribune consiste : à lancer un appel à la retenue et à l’esprit de responsabilité des diplomates (i), la prise de conscience des acteurs socio-politiques (ii) et une vigilance du peuple de Guinée pour l’affirmation de sa souveraineté nationale et internationale (iii).
I – Appel à la retenue et à l’esprit de responsabilité des diplomates :
En effet, le paradoxe dans la démarche de certaines puissances étrangères dans leurs rapports avec les Etats du Sud, se situe incontestablement dans leurs prises de position face à un certain nombre de questions qui relèvent de la compétence exclusive de ces Etats. Et très souvent, ces questions sont d’ordre politique ou institutionnel à cause justement de la poursuite de leurs intérêts géopolitiques ou géostratégiques dans ces pays respectifs. De ce point de vue, le discours de l’ambassadeur de la Russie corrobore sans nul doute cette hypothèse. Cette déclaration tenue au nom des autres membres des corps diplomatiques, par leur doyen a touché plus d’un, car elle ne reflète non seulement pas la nature des relations qui existent entre la Guinée et la Russie depuis les indépendances, mais aussi entre la Guinée et les autres Etats. Mais curieusement, ‘’les gens nous enseignent toujours la démocratie mais les gens qui nous enseignent la démocratie ne veulent pas l’apprendre eux-mêmes’’ disait le Président Vladimir Poutine. C’est pour rappeler à sir ambassadeur, qu’il ne peut ni nous donner une leçon de démocratie ni se permettre d’interpréter nos lois en vigueurs, notamment notre constitution, qui est l’émanation de la volonté du peuple souverain de Guinée. Sa récente sortie maladroite équivaut à celle d’un militant. Par conséquent, elle a mis à nue sa personnalité, la crédibilité de son Etat et ses intentions perfides de nuire au peuple. Le Rubicon est vraiment franchi !
C’est un secret de polichinelle, que la modification des dispositions constitutionnelles relatives au nombre de mandat est l’élément déclencheur des guerres civiles, des rebellions, des changements anticonstitutionnels, des troubles sociaux etc. C’est donc, à la fois grave et dangereux lorsque de façon morbide ce soi-disant diplomate s’interroge de façon naïve : « qu’à quoi ça sert une alternance si tout va bien ? ». Plus loin, il ajoute « qu’on ne change pas de cheval au milieu du marigot ». Nous lui rappelons de passage, que la démocratie qui est pour autant considérée par la quasi-totalité de ces Etats comme une valeur universelle, est un système de gouvernance dans lequel la souveraineté appartient au peuple, dont le principe de base est l’alternance au pouvoir dans le strict respect des principes édictés par la constitution. A cet égard, notre constitution sur laquelle, le Président de la République a prêté serment, indique dans son article 27 que la durée du mandat du Président est de cinq (5) ans, renouvelable une fois. Le peuple de Guinée reste convaincu que le Président de la République est à son deuxième et dernier mandat. Le respect de cette disposition par le M. le Président de la République sera une marque de patriotisme pour la consolidation de la paix et des acquis en termes de croissance économique dans l’intérêt du peuple de Guinée. Un adage dit ‘’ quand on tombe dans l’eau, la pluie ne fait plus peur’’ ; c’est pour dire à Monsieur le porte-parole du corps diplomatique, qu’on peut bien changer de cheval au milieu du marigot, quand il va moins vite qu’on l’imagine. Quelqu’un d’autre pourra mieux conduire la marche de la Guinée vers son progrès économique et social.
II – La prise de conscience des acteurs socio-politiques du pays :
L’amateurisme de notre classe politique a pris dans ces derniers temps une proportion inquiétante ; leurs versatilités et leurs naïvetés compromettent toute idée d’alternance démocratique en prélude de l’élection présidentielle de 2020. En effet, les acteurs socio-politiques doivent jouer le rôle de contre-pouvoir en veillant scrupuleusement aux respects des institutions, des lois de la République et de s’opposer par les voies légales à l’action du gouvernement s’ils estiment qu’elles ne sont pas à l’avantage du peuple de Guinée. Pour ce faire, leur unité d’action ou leur constance sur l’échiquier politique pour défendre les intérêts de la population reste et demeure la seule alternative de pallier toutes éventualités de modification de la constitution, surtout celle relative au nombre de mandat.
II – La vigilance du peuple de Guinée pour l’affirmation de sa souveraineté nationale et internationale :
Selon bon nombre d’observateurs, le peuple de Guinée se montre parfois comme un peuple passif. Cette passivité se manifeste souvent, par son silence coupable face à certaines situations et certaines questions qui demandent inéluctablement sa prise de position ou sa réaction pour leur condamner vigoureusement. La sortie balafrée du doyen des ambassadeurs ne devait pas restée impunie, car elle met en cause notre stabilité sociale. Mais comme dit Abraham Lincoln ‘’le silence devient un pêché lorsqu’il prend la place qui revient à la protestation ; et, d’un homme, il fait alors lâche’’.
Eu égard aux rôles majeurs joués par notre pays dans la libération de certains pays africains et l’affirmation de notre souveraineté à travers le choix du ‘’NON’’ au référendum du 28 septembre 1958, nous donnent à plus d’un titre, l’orgueil d’appartenir à une grande Nation et nous glorifier d’un passé qui reste marqué dans les annales de l’histoire. C’est pourquoi, le peuple de Guinée doit, plus que jamais être vigilant pour la pérennisation de toutes ces valeurs et de tous ces acquis que nous avions arraché au prix de notre sang et de nos vies. Chacun de nous devra faire preuve d’un sursaut patriotique pour protéger notre constitution contre des sirènes révisionniste qui n’ont pour objectifs que de semer le trouble dans notre beau pays pour piller nos ressources et vendre leurs armes. A mon avis, notre constitution reste et demeure la norme supérieure du pays, elle mérite respect et considération.
Par Aly Souleymane Camara, Analyste politique