Le panafricainiste et homme politique Guinéen, a donné son avis ce lundi, 25 mai 2020, quant à l’évolution de l’Union Africaine depuis sa création, le 25 mai 1963. Soit 57 ans après, le président du Parti Guinéen de la Solidarité et de la Démocratie (PGSD), reste loin d’être satisfait des attendes de cette instance. D’abord de la construction de son siège qui a été possible grâce aux financements Chinois, en passant par la mauvaise gestion et le manque d’union des différents Chef d’État qui se sont succédés à la tête de ladite Institution, le reagaeman Guinéen estime qu’il reste encore beaucoup à faire, pour que les Africains aspirent à une démocratisation et à une union sacrée. Pour cela dira-t-il, il faut que les dirigeants du continent noir comprennent que quand un dirigeant a la volonté de faire changer les choses, que tout le monde s’associe à lui pour que l’action soit plus forte et plus lisible.
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Maguineeinfis.com : ce 25 mai 2020 fait exactement 57 ans depuis que cette instance a été créée. Aujourd’hui en tant que leader politique et panafricainiste engagé en même temps, quelle lecture faites-vous de cette Institution dans sa globalité?
Élie Kamano, président du parti PGSD: Je pense que cette instance n’est pas encore à la hauteur des attentes du peuple africain. Parce que tout simplement, pour que l’Afrique provienne et appartienne aux Africains, il va falloir que les instances comme l’Union Africaine, aient des sièges construits et financés par des Africains eux-mêmes. Mais lorsqu’on sait que l’Union Africaine a été construite par l’argent des Chinois à hauteur de 154 millions de dollars, et que l’Afrique n’a pas été capable de le faire d’elle même, ça veut dire qu’il y a un problème majeur. Cependant, la souveraineté, l’autodétermination ne passent que par des actes comme ça. Car, vous ne pouvez jamais refusé la main tendue de quelq’un qui vous a offert une maison dans laquelle vous-y êtes. C’est le cas donc de la Chine et de l’Afrique aujourd’hui. Alors moi je pense que de façon globale, il y a un sérieux problème qu’on doit résoudre, puisque les africains ne voient pas avec le même œil, la gestion et le fonctionnement de l’Union Africaine. Pour nous, l’UA doit symboliser la souveraineté Africaine, à travers laquelle nous devons lutter et prouver notre dignité et fierté. Mais aujourd’hui, c’est par cette instance que les multinationales passent pour nous faire avaler ce qu’ils veulent.
Plusieurs Chefs d’État se sont succédés à la tête de cette institution depuis sa création. Dites-nous, l’appréciation que vous faites de la gestion des uns et des autres?
À mon avis, la politique des Présidents qui se sont succédés à la tête de l’Institution n’a pas changé. Parce que, lorsque vous arrivez à la tête de l’Union Africaine, les valeurs et relations entre les pays sont beaucoup plus basées sur les réalités que nous connaissons tous. Comment comprendre que depuis son existence et jusqu’à date, que les Africains ont du mal encore à circuler librement ? Comment pouvez-vous comprendre que l’Union Africaine ait pour siège en Ethiopie, et que là-bas, les mêmes africains sont obligés de prendre le visa pour accéder à ce territoire ? Et donc, ce sont tant de faits qu’aucun dirigeants Africains n’a pu changer après son passage. Pourtant, la libre circulation permet la fluidité du commerce à tous les niveaux. Je pense alors que si ce n’est pas encore effectif, c’est parce qu’aucun Président n’a osé franchir le pas en mettant la pression sur ses pairs afin que, lorsqu’on demande aux blancs d’ouvrir leurs frontières, c’est parce que les nôtres sont ouvertes. Pour moi la gestion d’aucun Président n’a été à la hauteur, car, aucun n’a posé d’actes majeurs qui puissent emmener les Africains à être soulagés.
Particulièrement, quelles leçons avez-vous tirées de la gestion du Président Alpha Condé, lors de son passage à la tête de cette Institution?
Bon! Je n’ai pas suivi trop, mais ce que je retiens de son passage, il disait souvent à la France de ne pas attaquer Mohamed Khadafi, le Président Lybien, que cela pourrait avoir des conséquences sur les autres pays d’Afrique. Je me rappelle qu’au moment où je l’avais rencontré, on avait même eu à discuter après l’interview que j’avais accordée à la Radio France Internationale RFI, sur la situation de la Lybie. Il avait dit que lui était farouchement opposé à cela. Mais après tout, aujourd’hui ça des conséquences et c’est ce qui m’avait emmené à lui présenter la plainte qu’on n’avait formulé contre le Président Nicolas Sarkozy, afin de nous appuyer auprès de ses pairs en tant Président à l’époque de l’Union Africaine, pour ouvrir une enquête. En plus, le Président Alpha Condé, avait aussi demander à ce qu’on coupe le cordon ombilical avec la France. Mais en ce moment, nous tous, comprenions cela comme si c’est quelqu’un qui demandait l’indépendance africaine ceci pour avoir une main mise pour faire ce qu’il veut. Après son passage, on se rend compte aujourd’hui que l’Afrique a vraiment besoin de couper ce cordon ombilical avec l’occident, pas dans les paroles, mais dans les actes surtout. En résumé, être à la tête de l’Union Africaine et tenir des discours comme ça, c’était quand même osé de sa part.
Alors aujourd’hui on a tendance à voir que ce sont des Institutions Internationales qui s’impliquent dans la résolution des problèmes en Afrique, à la place bien-sûr de l’Union Africaine. Votre regard sur ce point?
Vous savez, j’ai dit dans une de mes chansons, que pour contrôler nos économies, ils ont crée le FMI. Et pour contrôler nos leaders, ils ont créé la CPI. Je suis vraiment contre cela. En tant panafricaniste, le cas de Khadafi, je l’ai dit plus haut sur tous les toits. Partout où nous sommes passés Kémi Séba, moi et tous les autres, on a toujours dit que nous nous sommes contre que les Africains soient assassinés, arrêtés, emprisonnés par d’autres. On a une justice pour cela. Alors je pense que l’Afrique n’est plus un bébé qu’on doit tout le temps aliter, donner à manger parce qu’il n’a pas de main, la capacité de marcher et de se défendre. J’espère qu’il faut dépasser cela. Les dirigeants Africains doivent comprendre que le jour où on va accepter de vivre africain, de rêver africain de discuter même en africain, ce jour, les autres vont nous respecter. Je vous donne le cas des Chinois,ce sont des gens qui ne vivent pas comme les occidentaux. Ils vivent Chinois, ils écrivent Chinois et ils mangent Chinois. Et voilà pourquoi ils ont réussi à créer une économie très forte et très puissante aujourd’hui. Mais nous, c’est tout à fait le contraire qu’on nous fait avaler. On nous fait croire que ce que nous produisons c’est de la pacotille.
Certes nous défendons tous la démocratie aujourd’hui mais, l’Afrique avait sa propre démocratie. Et pour le prouver, lorsque nous prenons le mandingue, c’est grâce à la Charte de Kouroukanfouka qu’ils se sont inspirés pour créer la Charte des Droits de l’Homme. Mais le malheur, c’est que nous nous refusons de travailler, tout en refusant également de mettre en valeur ce que nous avons. C’est pourquoi nous devons refuser d’être gérer par les autes. Qu’on refuse qu’on nous impose un mode de vie. Vivons africain, vivons Guinéen. Mais aujourd’hui dès qu’on lève le petit doigt en tant que Président pour une souveraineté Africaine, c’est autre chose.
Elie Kamano est un leader politique engagé et aux grandes ambitions. Alors si vous vous étiez aujourd’hui à la tête de cette Institution, à quoi pouvons s’attendre de vous afin de changer la donne?
Vous savez il faut oser. Ce qui nous manque aujourd’hui c’est l’audace. Thomas Sankara était inscrit sur cet élan mais il a malheureusement été bloqué et assassiné. Et d’ailleurs, lors d’un de ses discours tenu même au siège de l’Union Africaine, il avait dit que « si moi seul je refuse de payer la dette, l’année prochaine je ne serais pas là « . Et effectivement comme il l’avait dit, l’année suivante ne l’a pas trouvé en vie. C’est pour vous dire que les décisions il faut oser les prendre, pas de façon isolée mais, que les autres soient dans l’esprit. Par exemple lorsque le Président Alpha Condé disait qu’il faut qu’on coupe le cordon ombilical avec la France. Alors si les autres pairs avaient tenus le même discours, je pense que ça aurait dû faire un écho et avoir un effet. Alors si moi je serais à tête de cette Institution, je n’allais pas manquer d’idées mais peut-être du soutien des autres Présidents Africains qui n’auraient pas vouloir s’engager dans la lancée patriotique et panafricaine, dans laquelle j’allais me lancer. Et conséquences, ils vont m’isoler pour me faire assassiner et c’est de cela nous vivons. Ça voudrait dire que ce n’est pas parce que ceux-là qui arrivent à la tête de l’Institution n’ont pas de projets, mais ils risquent d’être assassinés en voulant les mettre en application, comme se fut le cas de Khadafi.
Un message à l’occasion de cette date historique en tant que panafricain?
Je suis très content de l’opportunité et je demanderais aux différents Présidents Africains et à ceux qui doivent arriver à la tête de cette instance de chercher à convaincre et embarquer tous les autres afin que, d’une seule voix, qu’ils puissent prendre toutes les décisions majeures qui pourront faire avancer notre continent. Nous sommes à une tournure très importante de l’histoire. Mais l’Afrique elle, est à la traîné et elle ne suit pas la mondialisation. L’Afrique n’est pas en train d’aller au même rythme que les autres. Et pour que cela soit possible il va falloir que tout le monde et les Chefs d’État comprennent que la lutte ne concerne pas un seul pays, mais plutôt, tous les Africains, et que quand un dirigeant a la volonté de faire changer les choses, que tout le monde s’associe à lui pour que l’action soit plus forte et plus lisible.
Entretien de Sâa Robert Koundouno pour maguineeinfos.com