Une promenade dans la cité minière. Une ville d’eau et de lumière sans cesse. Nous sommes bien vendredi, 17 juillet 2020. Sous une pluie moins forte, nous décidons de porter l’œil d’un journaliste dans cette cité minière. La première impression, c’est qu’il est difficile, surtout pour ceux-là qui ont connu cette ville avant aujourd’hui.
Autre fois pulvérisée presque qu’à tout moment par les blancs, souvent des français, les anciennes habitudes sont égarées depuis un beau temps. Conséquence, l’apparition de certaines maladies notamment le paludisme, comme le font savoir certains témoins. Au-delà, des tas d’ordures inondent Fria, un peu partout dans la ville. Durant la promenade de notre reporter pour palper la réalité, nous avons obtenu la compilation de diverses explications.
« La ville de Fria avait tout, puisqu’on avait crée des conditions de telle sorte que les blancs qui y étaient ont pris le nécessaire de ce qui était chez eux pour implanter ici. Aujourd’hui, nous sommes dans une situation de paludisme et autres maladies. Avant la crise, précisément en 2009- 2010, chaque weekend, Fria était pulvérisée, ce qui faisait qu’on parlait rarement de certaines maladies dans cette citée jadis ville d’eau et de lumière», a rappelé Mamadou Barry, professeur de français, rencontré en situation de classe au lycée Amical Cabral.
Pour donc comprendre la véracité des faits, nous avons poursuivi notre petite promenade. Du lycée, on a visité la cour qui abrite la piscine. Cet endroit autre fois convoité par les Friakas et plusieurs autres venus d’ailleurs, est loin d’être reconnaissable à ce jour. Au delà de sa dégradation très poussée, cette infrastructure fait actuellement l’affaire des jeunes drogués, et même certains pour la plupart des prostitués.
« Il est trop difficile de parler de Fria parfois, surtout pour nous qui avons vécu ici, avant, pendant, et après la crise. Cette piscine j’avoue, servait à tout genre de sports que vous connaissez. Le gens venaient de partout afin d’apprendre. Et plusieurs jeunes nageurs guinéens dont la plus part se trouvent actuellement à l’extérieur, ont été formé ici », a laissé entendre Tafsir Sidibé, ancien entraîneur de natation.
Un peu partout dans la ville, c’est presque la même physionomie. Cette fois, nous sommes juste aux pieds des grands immeubles, symboles de reconnaissance rapide de la ville de Fria. En dehors de leur état vétuste, ces bâtiments réclament une nette et urgente rénovation. Cet espace autrefois couvert de gazons, est de nos jours difficile à reconnaître. Aux alentours de tous ces 3 immeubles, nous sommes vite salués par les tas d’ordures. Une odeur insupportable se dégage, même si nos nez sont masqués.
« Avant, ce n’était pas facile de voir cet environnement mal propre. Ces trois immeubles battus l’un après l’autre depuis 1957 par la compagnie d’alumine, sont à présent dégradés par l’usure et le temps. Sinon, ils sont les témoins silencieux qui veillent d’un regard sur la cité de Fria », se rappelle le chef des scouts de Fria.
À coté, se trouve un terrain de basket-ball en phase de construction. Juste après, c’est l’endroit qui abrite le Festival de Fria, organisé une fois par an. En rénovation, cet espace public est entouré des tas d’immondices qui ne cessent de s’accroitre du jour au jour. Là, il n’est pas rare d’appréhender certains jeunes qui profitent de se procurer des anciens barres de fer et autres matériaux. Comme pour dire, que le malheur des uns fait le bonheur des autres.
« Ces tas d’immondices, c’est les derniers temps là qu’on a connu leur présence d’ici. Sinon avant tout était rose. Partout, c’était des gazons et les fleurs étaient placées un peu partout. Ces fleurs étaient bien entretenues et renouvelées à chaque fois par la société au temps des français», nous explique Moussa Sylla, ancien travailleur qui abrite encore l’un des immeubles.
Une ville à double face
Si la grande partie de la préfecture peine encore à sortir des décombres des ordures, une autre ressemble à un endroit où il fait bon de vivre. Devant la cour de la cité Moscou, l’impression est bonne. Comme son nom l’indique, c’est bien là que les Russes habitent. À la devanture, sont régulièrement assis trois (3) jeunes gardiens.
« L’accès n’est pas possible», nous confie l’un d’eux. Apparemment, c’est une consigne qu’il faut constamment appliquer. Ici, il faut être blanc ou être d’une mission spéciale pour y accéder. Selon certains témoignages, une piscine fait bien son cours normal dans cette cour qui nous est interdite. Cependant, l’autre piscine qui a pourtant connu une grande renommée, attend toujours une rénovation. Aucun blanc ou autre personnalité très célèbre ne visite. Elle est laissée délabrement aux Friakas.
« Plusieurs demandes ont été adressées à la direction générale de Russal Friguia pour sa rénovation mais en vain. C’est pourquoi nous voulons cette fois-ci que l’État s’investisse pour reprendre avec les Russes, cet espace de rencontre des jeunes» a sollicité un journaliste à la radio Voix de Fria (VDF), interrogé sur place par notre reporter.
De là, on a tenté de traverser la grande route. Direction, l’hôpital Pechiney, l’un des plus grands hôpitaux d’Afrique de l’Ouest, construit par les français en 1957. Juste devant l’hôpital, se trouve une montagne d’ordures. C’est là que les habitants du quartier comme katouroun 1 se donnent rendez-vous avec leur panier bien rempli de débris de tout genre.
« Avant, il y avait un service de ramassage qui enlevait toutes les ordures déposées là. Mais depuis l’arrêt des activités de l’usine, l’on ne comprend plus rien et ces ordures peuvent passer une à deux semaines ici», raconte Binta Sylla, interrogée de passage.
À la rentrée de l’hôpital, des kits de lavage des mains sont visibles. Juste à côté, c’est un jeune d’une trentaine d’années qui prend la température des patients et toute autre personne. Au service de la Chirurgie, c’est Dr Bangoura Semy Samany qu’on a rencontré. Apparemment très préoccupé par cette salubrité publique. Il soulève l’irresponsabilité de la commune urbaine.
« Il faut le dire que la société Russal s’acquitte de ses taxes qu’elle reverse à la commune. C’était aux conseillers à leur tour de revenir négocier avec une société de ramassage pour s’occuper de la ville. Ce problème d’ordures a été posé à la commune mais jusqu’à présent on a pas encore trouvé une solution. Tout le monde est là mais c’est comme si on est devant un fait accompli, chacun n’a pas la force de faire quoi que ce soit. Cependant, ils ignorent que l’on peut attraper plusieurs maladies hydriques surtout en cette période hivernale», a fait savoir Dr Bangoura.
Le dernier virage, porte cette fois-ci sur une cité en état de délabrement très poussé par un manque d’entretien. Ici, c’est la cité unité 3, située dans le quartier Bowal. Construite depuis les années 1950 par les français.
, a regretté sous l’anonymat, un travailleur nouvellement repris par Russal Friguia.
Il faut donc retenir que Fria est aujourd’hui dans le plus urgent besoin pour se relancer et récupérer son image d’antan. En tout cas , le regard est tourné vers les autorités du pays afin qu’elles puissent entendre la voix des Friakas.
Reportage grand format de Sâa Robert Koundouno pour maguineeneeinfos.com