Relatives of a man, who was wounded during an attack on an opposition rally, carry him on a stretcher at Donka hospital in Conakry September 30, 2009. Guinea's ruling military junta called on Wednesday for a government of national unity to be formed, and an international inquiry into a bloody crackdown on opponents at a rally earlier this week. The ruling National Council for Democracy and Development (CNDD), led by Captain Moussa Dadis Camara, has faced a storm of international criticism after a local rights group said security forces killed 157 people during an opposition rally on Monday. REUTERS/Luc Gnago (GUINEA CONFLICT POLITICS HEALTH)

La question peut être posée autrement. Pourquoi les Guinéens fuient leurs hôpitaux ? Cette question parait banale et pourtant elle est fondamentale. La Guinée compte quatre grands hôpitaux publics, à savoir le CHU de Donka, l’hôpital Ignace Deen, Hôpital Jean-Paul II et l’hôpital Sino-guinéenne, sans citer les cliniques privées. Malgré la présence de ses hôpitaux, il ne se passe un jour sans qu’un Guinéen ne rende au Maroc, en Europe ou en Amérique pour se soigner ou faire son bilan de santé. Même pour accoucher, les gens préfèrent envoyer leurs femmes à l’extérieur.
« Ma femme a fait tous ses quatre enfants aux Etats-Unis d’Amérique…Moi-même, je viens de faire mon bilan au Canada…j’y retourne en janvier prochain », nous informe Ousmane Camara, un cadre en service au Budget. Un officier à l’état major de la gendarmerie tout fier d’envoyer sa mère se soigner au Maroc s’est tapé la poitrine pour nous dire que si c’était à refaire il le ferra sans regret « Toute ma famille se soigne au Maroc. Ma mère vient d’arriver avec ma femme. Nous n’avons jamais mis pieds dans les hôpitaux de la place. » A l’instar de ces deux cadres, tous ceux qui ont les moyens préfèrent se soigner et soigner leur famille à l’étranger. Pourquoi cette ruée vers l’extérieur pour des soins qu’on peut avoir ici ?
A cette question, beaucoup de citoyens répondent que les hôpitaux guinéens ne sont pas équipés et que les médecins posent souvent les faux diagnostics qui aboutissent à des complications. « Moi ? Me soigner en Guinée ? Dans quel hôpital ? Je préfère aller me soigner à l’étranger que de me rendre à Ignace Deen ou à Donka. C’est aller à l’abattoir » Cette réaction de Mohamed Yattara, conseiller à la Primature est partagée par tous ceux que nous avons interrogés. « Nos médecins ne sont pas bons. Ils sont non seulement incompétents mais aussi cupides. Ils voient l’argent partout. Quand même ils savent qu’un patient doit rendre l’âme les minutes qui suivent, ils vont lui soutirer de l’argent. » D’autres dénoncent le mauvais diagnostic. « J’ai un mauvais souvenir des médecins guinéens. En 2007, j’avais mal aux pieds. J’avais fait le tour des hôpitaux du pays. Malgré tout le mal persistait. A Donka on avait proposé de m’amputer une jambe. A la veille de l’opération, j’ai eu la promptitude d’appeler ma fille qui vit en Allemagne. Celle-ci informée, prend contact avec le docteur qui avait mon dossier. Elle lui demande d’interrompre l’opération et me laisser partir en Allemagne…A Bonn, on m’a demandé de mettre de côté mon dossier médical en provenance de la Guinée. Après examen le médecin Allemand m’annonce que je souffrais d’un petit mal qui ne nécessitait pas l’amputation. Il me donne rendez-vous et en l’espace de deux semaines, j’ai retrouvé l’usage de mes pieds… » Ce témoignage de madame Kaba Bintougbè est la preuve palpable des faux diagnostics posés souvent par nos médecins sur les patients.
Les Guinéens fuient les hôpitaux de la place parce qu’ils n’ont aucune confiance en des médecins guinéens. Beaucoup de gens se soignent à l’extérieur à cause du mauvais comportement des médecins.

Alpha Legrand Diallo pour Conakryplanete.info

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