Quatre ans après avoir adopté une loi sur la presse très critiquée, la Somalie vient d’adopter un nouveau texte tout aussi controversé. Mercredi 26 août, le président Farmajo a officiellement ratifié la loi nationale sur les médias, adoptée par les chambres basse et haute du Parlement en janvier et juillet. L’entrée en vigueur de cette législation suscite l’émoi au sein de la profession.
C’est avec amertume que les journalistes somaliens ont constaté la ratification d’un texte qu’ils dénoncent depuis janvier. Dès le départ, Abdalle Ahmed Mumin, secrétaire général du syndicat SJS avait décrit cette loi comme un « affront à la liberté d’expression, une législation qui va censurer et menacer les médias ». Mercredi 26 août, Omar Faruk Osman, du syndicat NUSOJ a parlé d’un texte « ne respectant pas les standards internationaux ».
Les médias mettent en cause toute une série d’amendements. Les articles 4 et 29 criminalisant les informations perçues comme de la « dissémination ou publication de fausses nouvelles », ce à quoi s’ajoute une possible censure. L’article 5 qui prévoit des amendes. L’article 11 demandant aux médias de déclarer combien d’argent ils comptent investir, leurs sources de revenus, et des informations privées sur leurs directeurs.
La vision du gouvernement, elle, est toute autre. Le ministre de l’Information décrit un « moment historique » et une loi protégeant les droits et intérêts de la profession. Mohamed Abdi Hayir félicite également les journalistes d’avoir participé aux consultations. Sauf que pour le syndicat NUSOJ, aucune de leurs remarques n’a été prise en compte.
Les prochains mois vont constituer un test avec notamment la nomination des membres de la Commission nationale des médias, la nouvelle autorité du secteur chargé justement de protéger les intérêts et droits des journalistes.
La Somalie est 163e sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse selon Reporters sans frontières. L’ONG dénonce régulièrement les arrestations et détentions arbitraires, une vingtaine l’an dernier, ainsi que les assassinats de journalistes dans le pays.
RFI