Dans la plupart des pays, les conditions d’accès au pouvoir de représenter le peuple sont fixées par un ensemble de textes internationaux et nationaux, qui ont vocation à être le dispositif juridique de l’organisation des scrutins en régime démocratique. Tous ces dispositifs stipulent que la souveraineté appartient au peuple. Autrement dit, la souveraineté est un bien du peuple qui peut s’en servir pour voter et choisir ses représentants.

Dans notre système indirect, l’on a choisi à travers le code électoral d’organiser des élections périodiquement afin de renouveler la classe dirigeante. Le peuple à travers une élection, confie son pouvoir a des représentants afin que ceux-ci exercent le pouvoir en son nom. Mais force est de constater que dans la plupart des élections, la volonté populaire n’est pas respectée. Or, dans un régime démocratique, l’élection est considérée comme un moyen légitime d’accéder au pouvoir, autrement dit, le processus électoral est l’élément primordial, voire la clé de voûte dans un système démocratique.

En dépit de son importance dans notre système, l’élection en Guinée est devenue une machine à fraude permettant à une certaine oligarchie de se maintenir au pouvoir et de confisquer le bien commun à leur profit. Les fraudes orchestrées lors des élections législatives de 2013, le coup KO de 2015, les communales de 2018, le double scrutin du 22 mars illustrent la mauvaise santé de notre démocratique et remet en cause le vrai sens de la volonté populaire.

Ces différentes élections ont été émaillées de fraudes massives, donc très éloignées des « standards de l’élection libre et transparente ». Lors de ces élections, l’on a enregistré des actes d’irrégularités qui ont consisté à modifier la volonté du corps électoral. Le coup Ko avec plus d’électeurs à Kankan qu’à Conakry, les législatives de 2013 et le double scrutin du 22 Mars avec un fichier corrompu et rejeté par toutes les institutions internationales après audit. La « mamaya électorale » organisée à Kindia et à Matoto lors du choix des maires, tout cela avec une CENI à la solde de l’état, démontrent la portée des fraudes lors des différents scrutins en Guinée.

Pourtant, la création de la CENI devrait permettre la mise en place des éléments normatifs et opératoires permettant de démocratiser le processus électoral. Mais tel n’a pas été le cas. Ces élections ont été donc marquées par des fraudes électorales qui peuvent remettre en cause leur sincérité.

Au regard de ces faits, l’on peut se poser la question suivante: à quoi sert les élections si le processus n’est pas démocratique, si l’on connait déjà les résultats ? À l’approche des élections présidentielles, les « grands partis politiques » se trouvent dans ce dilemme. Un couteau à double tranchant qui peut être fatal des deux côtés : En participant aux élections, ces partis politiques vont légitimer la mascarade électorale en cours qui verra probablement le sacre du Fama actuel ou du candidat de la mouvance. En renonçant à ces élections, Alpha Condé peut aussi se retirer à la dernière minute et laisser le champ libre à un membre de son clan qui deviendra probablement le futur président. Toutefois, l’équation à résoudre est à plusieurs inconnues, donc difficile à trancher. Mais quel que soit le scenario, avec ou sans Alpha Condé, le pouvoir restera du côté de la mouvance le soir du 18 octobre avec un Coup KO. La démocratisation du processus électoral en Guinée n’est pas pour demain, c’est pourquoi l’on s’interroge sur la sincérité du scrutin à venir et la participation électorale des grands partis. La crédibilité de chaque parti dépendra de son choix vis-à-vis de ces élections à venir.

En sommes, dans un système démocratique comme le nôtre, une élection doit être une pourvoyeuse de légitimité. Autrement dit, un moyen légal d’accéder au pouvoir et de permettre à l’élu d’avoir la légitimité d’exercer son mandat et non une mascarade pour maintenir une oligarchie au pourvoir. C’est en démocratisant le processus que l’élection aura tout son sens, sinon il serait important de changer de régime et d’instaurer une monarchie en Guinée.

Par Sonny Camara