Montrer que la République est une idée au sens de Kant, une Idée qui oriente et guide le jugement et l’action des hommes par delà les vicissitudes de l’histoire, une Idée que fonde et qui institue tout à la fois les trois grands principes que sont la liberté, l’égalité et la fraternité, mais aussi les droits de l’homme (droits-libertés et droits-créances), le libéralisme démocratique et les aspirations égalitaires de la démocratie sociale. Montrer surtout que l’Idée républicaine définit un certain nombre d’attitudes ou d’intentions qui doivent celles des hommes qui la pensent et la mettent en œuvre et qu’en ce sens elle est indissociable d’une certaine idée de l’homme et partant de l’éducation des hommes.

Serions-nous arrivés à cette nécessité absolue aussi réaliste que triviale: À la République opportuniste succède une République radicale. Une réponse à la kyrielle de crise de déficit républicain.
Le RPG ARC et ses coalitions, les parlementaires doivent jouer un rôle important dans les efforts de prévention et de gestion de la violence politique dans notre pays.

Cependant, bon nombre des partis politiques guinéens et ouest-africains ont une base institutionnelle très faible, ce qui rend crucial le rôle de certains acteurs individuels en leur sein, notamment les leaders.

Ainsi, les acteurs politiques responsables servent de manière responsable la cause de la paix et du dialogue à travers l’éducation civique de leurs militants et le travail collaboratif avec les autres acteurs politiques, y compris des adversaires politiques.

Par contre, d’autres acteurs politiques non des moindres agissent différemment et leurs actions produisent l’effet inverse. Ces derniers instrumentalisent, le plus souvent, les identités de groupe afin d’atteindre des objectifs politiques, notamment lors des échéances électorales, les différentes communucations des deux « grands partis » en sont une parfaite illustration. Quelle est alors la finalité d’une lutte politique ?

Se limite t’elle à la conquête du pouvoir ? L’ombre de nos grands empereurs voire de Confucius devraient planer sur le leadership de la sociologie politique de notre pays.

L’esprit partisan et le « nomadisme politique » dominants le paysage sociopolitique guinéen, ces facteurs compromettent l’efficacité et la discipline du combat politique, l’idéologie politique.

Notre République est malade, malade de notre irresponsabilité, malade de l’absence de la sincérité politique, malade de notre hypocrisie, malade de notre indifférence insolente, malade de l’absence du sens patriotique.
S’il est vrai que l’exécutif hésite, tâtonne, victime de sa propre mollesse et de sa timidité dans l’exercice des prérogatives qui lui sont dévolues, vit au rythme d’un laxisme exponentiel, agit de façon très peu orthodoxe la cadence de la bonne gouvernance, ce qui peut entraîner la violence surtout politique, force est de reconnaître aujourd’hui que les partis politiques d’opposition sont aussi en manque de culture démocratique et ne pourront devenir que des partis au pouvoir non démocratiques. Il est grand temps qu’on ressaisisse, les efforts doivent être consacrés à la construction de la République.

Les symboles de la République sont foulés au sol, les libertés individuelles, publiques confisquées, à quoi a servi notre indépendance nationale si nos agissements sont plus douloureux,divisionnistes et plus rabaissants que ceux vécus par nos populations durant les 60 ans de colonisation ?

La vie en société se fonde sur :
le respect de soi ; le respect des autres (civilité, tolérance, refus des préjugés et des stéréotypes) ; le respect de l’autre sexe ; le respect de la vie privée ; la volonté de résoudre pacifiquement les conflits ; la conscience que nul ne peut exister sans autrui : conscience de la contribution nécessaire de chacun à la collectivité ; sens de la responsabilité par rapport aux autres ; nécessité de la solidarité : prise en compte des besoins des personnes en difficulté (physiquement, économiquement), en Guinée.

La République ne se réduit pas aux principes et aux lois censés organiser et mettre en œuvre un type de régime politique. Elle est, elle tient plutôt à la qualité des hommes qui sont ses citoyens : qu’ils soient bien sûr instruits mais aussi, en un sens » « moralisés » (Jules Barni, Ce que doit être la république, 1872, p.18), qu’ils développent cette vertu politique sans laquelle selon Montesquieu aucune République n’est possible, qu’ils soient animés par certaines attitudes telles que : « le sentiment de la dignité humaine, le respect de la liberté et des droits de chacun, le désintéressement, le dévouement à la chose publique », c’est-à-dire qu’il soient en mesure de viser intentionnellement et avec toute l’attention requise le respect ou le souci des vertus en question, respect et souci sans lesquels l’idée même de République serait vide de sens et d’intérêt.
Vivre en citoyen de la République, c’est vivre en voulant consciemment viser certains biens (communs) préférentiellement à d’autres (particuliers), en s’efforçant de réaliser dans la relation à l’autre certains principes, dont celui essentiel du respect de la dignité de tout homme, en comprenant les raisons qui sont les nôtres d’agir et de vivre ensemble, etc. Jules Barni est clair sur ce point : sans une certaine dose au moins de ces vertus, la République se niera dans l’anarchisme et/ou la matrice de violence comme on le vit depuis quelques temps en Guinée.

La République ou la chose commune. Au point qu’aucun motif ne justifie l’empêchement ou l’interdiction à un citoyen, une autorité de fouler le sol d’une ville de Guinée petite soit-elle.

Ce point est fondamental et il doit meublé notre quotidien, notre conscience sociale.

Vivre en République, c’est savoir et vouloir ce qui est commun, ce qui appartient à tous sans appartenir en propre à quelqu’un, ce à quoi tous ont droit de participer car ces biens sont les conditions du développement civique et tout simplement humain de chaque citoyen. Quel bien devrons-nous vouloir ensemble pour être et devenir plus libres, plus égaux, plus fraternels, plus humains ?

Mohamed Doussou KEITA
Enseignant chercheur
Tél: 622 035 479