Félix Tshisekedi a dévoilé ce vendredi les principaux axes de la diplomatie que lui et son gouvernement compte mener au niveau de la sous-région et avec les partenaires internationaux. Un discours à la suite duquel une polémique est née.
Félix Tshisekedi a présenté ses vœux au corps diplomatique ce vendredi 15 février, à la Cité de l’Union africaine, située à Kinshasa. A cette occasion, le nouveau chef de l’Etat congolais a développé plusieurs orientations clés de sa présidence.
Concernant les relations avec les pays frontaliers, il a soutenu qu’il allait privilégier une politique étrangère axée sur le bon voisinage et le dialogue constructif avec les neufs pays voisins.
Dans le même ordre d’idée, il annoncé qu’il étudiait la possibilité pour la RDC d’intégrer la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est car la majorité des Etats membres de cette communauté́, a-t-il soutenu, étaient frontaliers et entretenaient un commerce important avec l’est de la RDC.
Quelle relation avec Bruxelles ?
Le rapport avec l’Union européenne était l’autre point important sur lequel Félix Tshisekedi était attendu.
Le nouveau président a évité la question sur les sanctions qui frappent des personnalités congolaises proches de son prédécesseur Joseph Kabila, bien que certains médias en aient fait l’écho à la suite de son discours (lire ci-après).
Il a en revanche émis le souhait que la RDC et l’Union européenne procèdent à l’échange de leurs ambassadeurs respectifs dans les plus brefs délais afin d’avoir le même niveau de représentation.
Il a également évoqué la maison Schengen fermée depuis janvier 2018 sur décision des autorités congolaises. Dans son discours, il s’est montré ouvert et a déclaré avoir instruit à la partie congolaise de finaliser rapidement les discussions entamées avec la partie européenne pour la restructuration et la réactivation de ce dispositif consulaire qui délivre les visas de l’espace Schengen à Kinshasa.
Tshisekedi a-t-il appelé à la levée des sanctions contre les proches de Kabila ?
A l’issue du discours, plusieurs médias ont annoncé que le chef de l’Etat congolais avait demandé la levée des sanctions contre les proches de Joseph Kabila. Or Félix Tshisekedi ne l’a pas dit. Que s’est-il passé ?
Dans l’équipe de Félix Tshisekedi, on dit ne pas comprendre ce qui s’est passé. La mention était dans la version finale du discours. C’est celle qui a été transmise à toute la presse congolaise comme étrangère. « Ce texte était préparé par le ministère des Affaires étrangères, on a essayé de lui forcer la main », assure un proche du nouveau président.
Le chef de la diplomatie congolaise, Léonard She Okitundu, pilier du régime de Joseph Kabila, est toujours en fonction, en l’absence d’un nouveau gouvernement que l’on dit de coalition ou de cohabition, c’est selon. « Même lors du discours de l’Union africaine, on avait remarqué qu’il y avait des accents de Joseph Kabila dans la bouche de Félix Tshisekedi dont on ne doute pas de l’esprit d’ouverture », commente un diplomate.
Compromis ou pas, à la dernière minute, le nouveau président se refuse à demander la levée des sanctions. Il ne l’avait pas non plus demandé à Addis-Abeba à la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, assure une source européenne.
Dans la salle, il y a du sans doute y avoir un déçu : Kalev Mutond, qui est sous sanctions de l’UE. Le chef de la très redoutée Agence nationale des renseignements est donné pour démissionnaire, mais ne sera remplacé qu’à la nomination de son successeur, a-t-il lui-même expliqué chez nos confrères de Jeune Afrique. « Tout ça, ça prouve que même s’ils négocient tout, Félix Tshisekedi résiste un peu », estime un observateur étranger.
RFI