Il y a 50 ans, la Guinée fut attaquée. Une agression dénommée « portugaise » avait fait plusieurs morts sur le sol guinéen, dont des civils et militaires. Nombreuses sont les familles des victimes dont les séquelles de la douleur se font sentir. Mais qu’est-ce qui s’était réellement passé le matin du 22 novembre 1970? Quelle était la principale mission des agresseurs ?
Ce sont là, entre autres, les questions que notre rédaction a posées à un des compagnons de l’indépendance guinéenne. A notre micro, Elhadj Biro Kanté a relaté la scène. L’ancien gouverneur de région a profité de l’entretien qu’il nous a accordé, pour révéler les dessous de l’événement.
Lire ci-dessous, l’intégralité de l’interview!
Elhadj Biro Kanté bonsoir! Vous êtes ancien gouverneur de région, notamment de Labé et Boké. Vous étiez là, pendant que la Guinée a fait l’objet d’une attaque, qu’on appelle couramment, l’agression portugaise.
Dites nous, que vous rappelle le 22 novembre 1970?
Je suis très heureux de vous recevoir aujourd’hui, et c’est avec beaucoup de sentiment de réconfort que je vous parle de cet avènement. Le 22 Novembre 1970, j’étais Gouverneur de Boke quand l’agression a eu lieu. C’est un événement qui a été marqué par la tristesse. Ça me rappelle une profonde tristesse et une grande désolation. La France a tout fait. Elle a organisé des complots. Donc dès 1958, nous avons connu un complot, ils ont entouré la Guinée. De 1958 au 22 Novembre 1970, nous étions en guerre. La France avait toujours une dent contre la Guinée. 1970 était une année hors pair pour notre pays.
Vous étiez gouverneur à l’époque. Dites nous ce qui s’était passé le 22 novembre 1970!
Vous savez pour qu’il ait agression, il faut que ce soit municieusement préparé.
Le président Sekou Touré avait été informé que quelque chose se préparait contre la Guinée. A l’époque, le portugal avait un atout, il avait derrière, plusieurs puissances impérialistes telles que, la France, l’Allemagne, la Grande Bretagne. Parce que le NON du 28 septembre a non seulement fait mal à la France, mais aussi à tous ceux qui avaient des colonies et intérêts en Afrique.
Alors, le débarquement a eu lieu à Conakry, la mission était d’attaquer Conakry pour prendre le président Sekou Touré. Il fallait envahir la capitale. Ils ont attaqué le camp Samory Touré. Les cases de belle vue aussi ont été attaquées. Ce jour, il y a eu plus de 200 morts. Cette date a galvanisé les guinéens et les africains. Ya eu beaucoup de morts et toutes les ethnies ont été touchées. Le 22 novembre était un jour de peur et de panique en Guinée.
Qui étaient ces morts? Des civils? Des militaires ?
Environs 200 personnes ont été tuées ce jour. Parmi elles, il y avait des militaires mais aussi des civiles. C’est vrai il y a eu des innocents aussi parmi les victimes. Ce qui est fréquent. Partout où il ya eu une telle tentative de ce genre, des innocents peuvent tomber.
Comment Conakry et le président Sekou Touré avaient été sauvés ?
Il fallait mettre d’abord le président Sékou Touré en sécurité, parce que la mission principale était de le prendre. Lorsqu’il a été mis à un endroit sécurisé, la résistance a commencé à tous les niveaux. Mais en ce moment, les Guinéens étaient un seul peuple. Il n’y avait pas de l’ethnocentrisme. Donc, les gens ont résisté et les ennemis ont été empêchés d’accomplir leur mission. Ce qu’il faut souligner, c’est q’au moment de l’agression, la Guinée était une nation. Tout le monde était ensemble y compris les pays africains.
Apres cette agression portugaise et la réplique guinéenne, quelle a été la suite ?
Après cet événement, les institutions nationales et internationales ont demandé de faire des enquêtes. Des conditions ont été créées avec des commissions qui ont été constituées, des tribunaux populaires ont été créés non seulement à Conakry, mais aussi dans toutes les régions de l’époque. Il y a eu beaucoup d’arrestations. Parce que certains guinéens étaient impliqués pour aider les occidentaux à renverser le pouvoir.
Après un tel scénario, qu’avait fait la France ?
Après tout, la France s’est tue, sans faire aucune réaction et jusqu’à présent elle continue. Pourtant ce complot a continué jusqu’au 3 Avril 1984. C’est à cette date que cela s’est arrêté. Mais la Guinée avait le soutien de tous les patriotes et démocrates africains. On avait rien le lendemain, mais les guinéens étaient fiers partout. Alors la Guinée doit demander réparation à la France.
Elhadj Biro Kanté merci!
A moi de vous remercier
Entretien réalisé par Siradio Kaalan Diallo/ Fatimatou Baldé pour maguineeinfos.com