Quatre ans de prison, dont deux avec sursis : c’est la peine requise par le parquet national financier ce mardi contre Nicolas Sarkozy. L’ancien président français est jugé pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire dite des « écoutes », aux côtés de son ancien avocat et ami Thierry Herzog et de l’ancien haut magistrat Gilbert Azibert. Une peine identique a été requise à leur encontre.
Ce procès historique – le premier qui voit un ancien président être jugé physiquement devant les juges a commencé il y a deux semaines.
Nicolas Sarkozy est soupçonné d’avoir obtenu des informations protégées par le secret via son avocat Thierry Herzog, auprès du haut magistrat Gilbert Azibert à la Cour de cassation. Cette dernière devait décider si les agendas présidentiels de l’ex-chef d’Etat, saisis dans le cadre de l’affaire Bettencourt, pouvaient être utilisés dans d’autres dossiers impliquant l’ancien président.
Le président et son avocat étaient à l’époque sur écoute dans le cadre d’une enquête sur le possible financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy de 2007. Les conversations entre les deux hommes amènent les juges à les soupçonner d’avoir essayé d’obtenir l’appui du magistrat à la Cour de Cassation, en échange d’un coup de pouce pour un poste au Conseil d’Etat à Monaco.
Ces conversations ne sont que des « bavardages », avec un avocat cherchant à « rassurer » son clients, a rétorqué Nicolas Sarkozy à la barre. L’ancien président, qui a dénoncé une « infamie » et une « traque » judiciaire à son encontre, assure n’avoir eu « aucune information privilégiée » et réfute toute corruption. L’ancien président souligne d’ailleurs que Gilbert Azibert n’aura jamais obtenu le poste à Monaco.
Mais selon la loi, il n’est cependant pas nécessaire que la contrepartie ait été obtenue, pour que la corruption et le trafic d’influence soient caractérisés. Les plaidoiries de la défense sont prévues ce mercredi et jeudi. C’est la première fois qu’une peine de prison est requise contre un ancien président sous la Ve République. Dans l’affaire des emplois fictifs qui impliquait Jacques Chirac, le parquet avait demandé à l’époque la relaxe pour l’ancien président, qui avait été finalement condamné.
La peine maximale encourue par les trois prévenus est de dix ans d’emprisonnement et un million d’euros d’amende.
Source: Euronews