Il était 13 heures lorsque nous débarquons dans une famille Barry, victime de cette opération. Ce processus de déguerpissement qui a commencé hier par les hangars et ateliers, va prochainement toucher les habitations qui, depuis des années, les propriétaires n’en connaissent que là, et nulle part ailleurs.
Révoltés et frustrés, ces habitants dont d’autres ne trouvent pas contraire de quitter, souhaitent tout de même avoir d’autres logements auprès de l’Etat où disent-ils peuvent rester une fois pour toute. Assise entre ses enfants et ses amies qui viennent la consolée, Hadja Dalanda Barry la cinquantaine, habite cette zone depuis une trentaine d’années.
« J’ai fait 35 ans ici à Kaporo rail. C’est là que j’ai eu tous mes enfants. Cette situation me préoccupe vraiment car je ne sais où aller avec ces enfants», explique l’occupante.
Poursuivant, cette dame a confié que les hommes en uniforme sont venus l’ordonner de sortir sinon, avance-t-elle, vont détruire les bâtiments sur eux. A l’en croire pourtant, ce terrain a été bien acheté et que c’est ce même gouvernement qui aurait signé les papiers.
« Ils nous ont donné 4 heures pour quitter les lieux, chose qui n’est pas difficile. Mais, qu’ils nous montrent où aller», s’interroge-t-elle avant de préciser que nul ne peut acheter un terrain sans que le gouvernement ne soit informé.
Autres choses que Dalanda Barry déplore, c’est le fait de n’avoir pas être avertie de l’opération. Cette dame qui a déjà passé la nuit à la belle étoile avec ses enfants, sollicite du gouvernement un autre endroit où elle va aller avec ses enfants : « c’est vraiment compliqué. Il ne faudrait pas nous dire de sortir et nous abandonner comme ça. Ils n’ont pas à nous imposer mais, nous ne pouvons pas sortir de là sans nous recaser ailleurs. Alors je demande au président et à son ministre de revoir cette situation afin de nous aider.»
Partout dans les différentes familles victimes de ce déguerpissement, ce sont les mêmes chansons qu’on entend. A quelques mètres de chez Dalanda Barry, arrêtés en groupe, les visages braqués sur les engins lourds, ils ont été nombreux à vouloir s’exprimer à notre micro.
« Nous déplorons vraiment cette attitude. C’est juste avant hier qu’ils sont venus faire des croix sur nos murs en nous demandant de quitter les lieux dans 24 heures. Moi je leur ai demandé s’il n’y a pas un avis de préavis ou un suivi de réhabilitation. Ils m’ont fait savoir qu’il y a bien eu mais, chose qui n’est pas vrai car moi je suis là tous les jours et mes parents ne l’on jamais reçu», a confié Seny Alkaly, citoyen de la zone.
Bien que le ministre soit venu là pour les ordonner afin de quitter les slieux, Diaraye Diallo elle, affirme qu’elle ne peut pas quitter sans avoir l’idée sur sa prochaine destination: « S’il y avait où aller, cela n’allait pas poser de problèmes. Nous n’avons jamais compris si ce domaine appartenait à l’Etat. Pour le moment, nous allons continuer à passer la nuit dehors, quel que soit ce qui va nous arriver», martèle cette autre Dame âgée d’une trentaine d’années.
Même si ces citoyens ont pour plupart appréciés la démarche de la gendarmerie qui reste sans violences depuis ce processus, ils espèrent néanmoins que l’Etat soit impliqué afin de trouver solution à leur sort.
Pour maguineeinfos.com,
Sâa Robert Koundouno