Hawa TAMBOURA

De nos jours, les compagnies d’assurance poussent à travers le pays, même si les citoyens accordent moins d’importance à ce domaine. Et certains restent tout de même, attachés à la pratique pour des raisons souvent diverses. Mais qu’entend-on par assurance ? Quels avantages peuvent en tirer les citoyens assurés ? Pour la réponse à ces questions qui hantent plus d’un, notre rédaction a interrogé une technicienne du domaine. Avec elle, nous avons parlé de long en large de cette question. Au micro de maguineeinfos.com, notre interlocutrice a aussi touché du doigt, la catégorie assurance maladie. À ce niveau, Hawa TAMBOURA a donné son point de vue sur la mort « prématurée » des artistes qui ne bénéficient pas d’assistance sanitaire.


CE QU’IL FAUT RETENIR DE LA NOTION ASSURANCE AU SENS LARGE DU TERME

 

Quand on parle d’assurance, je dirai qu’il s’agit d’une mutuelle. C’est une association, une sorte de solidarité. Il y a certes une part payée par l’assuré, mais quand on entend parler d’assurance, c’est une solidarité dans l’ensemble. Donc toute personne qui s’assure, est assurée en retour d’avoir une assurance, que ce soit médical, que ce soit financier ou autres. Le plus souvent, l’assurance vise un peu à résorber les fraudes, quand on parle de fraude c’est aussi les tentatives de vol, d’escroquerie. Donc, l’assurance est un moyen qui consiste à assister une personne qui est dans un plein besoin. Quand un assuré est malade par exemple, sa compagnie d’assurance a la responsabilité de lui venir en aide, à la hauteur de la couverture du contrat auquel il a souscrit.

 

POURQUOI ETES-VOUS SOUVENT FOCALISEE DANS LA CATEGORIE ASSURANCE MALADIE, SACHANT QU’IL Y’EN A D’AUTRES ?

 

Ce choix, je l’ai vécu et beaucoup de Guinéens de la diaspora vivent ce que j’ai vécu. Lorsque j’étais en Belgique, il était très récurrent que j’appelle les parents pour une assistance médicale. Et souvent lorsqu’on envoyait de l’argent, ça trouvait qu’il est un peu trop tard et que le malade a besoin d’une assistance médicale urgente. Et autour de moi, il y a eu beaucoup de gens qui se demandent pourquoi il n’y’a pas une sorte de mutuelle médicale en Guinée. Du coup, j’ai décidé de me focaliser dans ce domaine, afin d’apporter ma petite expérience dans ce domaine. Présentement, je me suis vraiment focalisée dans ce domaine.

 

Le secteur des assurances est le seul secteur que le gouvernement n’a pas mis dans sa politique de développement et relance économique hors que le secteur regorge de l’emploi et à besoin d’une réforme profonde pour contribuer à l’essor de l’économie.

 

C’est par après que j’ai pris la décision de venir en Guinée faire des stages dans certains cabinets de courtage en assurance. Par la suite, j’ai découvert qu’il y a pas mal de lacunes. Il y a souvent une gestion assez lente. Cela concerne surtout au niveau du payement des sinistrés. Cela se fait souvent sous forme de cheque, ce qui n’existe qu’en Guinée. Car, cela incite la corruption et du chantage aux assurés. Ainsi, je me suis demandée pourquoi ne pas s’intéresser à cela ? Faire en sorte que les gens comprennent que l’assurance n’est pas seulement ce qu’ils ont l’habitude de voir, mais il y a de la fiabilité et du sérieux dans cette activité. Donc c’est la raison de ma focalisation dans l’assurance maladie.

 

MORT PREMATUREE DES HOMMES DE CULTURE : L’ASSAURANCE MALADIE POURRAIT-ELLE ETRE UNE SOLUTION POUR LES ARTISTES ?

 

L’assurance maladie pourrait être une solution. Mais ça dépend de la manière dont on veut la gérer. Actuellement, je sais que depuis 2016 sous la tutelle du ministère de la culture, avec monsieur Siaka BARRY, il y’avait eu la mise en place d’une assurance maladie des artistes que la compagnie NSIA gère. Cependant, la gestion reste un gros problème de communication et de confiance. Cela empêche les artistes à aller vers le Bureau guinéen du droit d’auteur (BGDA), pour se souscrire à ce contrat d’assurance pour avoir l’accès aux soins médicaux. Ce contrat d’assurance, pour avoir accès, il faut d’abord être enregistré au BGDA, payer la prime annuelle de 400.000GNF. Alors en tant que technicienne, le constat que j’ai fait c’est qu’il y a un problème de communication sur les capitaux. Lorsqu’on prend un contrat d’assurance maladie, le plus important ce sont les couvertures. Par exemple, est ce que le capital prévu pour une hospitalisation au sein de mon contrat d’assurance maladie est convenable par rapport au cas d’hospitalisation que l’artiste a, à faire ? Donc ce genre de communication doit vraiment être partagé pour que les gens comprennent dans quoi ils s’investissent. L’artiste doit aussi savoir comment avoir accès à ce contrat. Cela doit être fait par le BGDA. Du coté des techniciens, il faut montrer une sorte de garantie que l’artiste peut avoir à travers le contrat d’assurance. Comme je l’ai dit, l’assurance est solidarité, c’est une mutuelle. C’est plusieurs personnes qui mettent de l’argent dans un panier. Et en retour, la compagnie d’assurance s’engage à respecter le contrat d’assurance médicale. Donc quand l’artiste a besoin d’aller dans un hôpital, il faut que le BGDA ait un contrat de collaboration avec cet hôpital. Il faut que le BGDA ait des preuves qu’il a un contrat avec cet hôpital.  Ainsi, on peut bien certains mauvais sorts de nos artistes que nous vivons actuellement. Cela permettra aux artistes de prévenir les maladies ou de les traiter avant qu’il ne soit trop tard. L’assurance maladie est bien une solution à ce problème.

 

MANQUE DE CREDIBILITE DE CERTAINES COMPAGNIES D’ASSURANCE AUX YEUX DES CITOYENS

 

Effectivement, il y a des citoyens qui viennent nous dire que même quand ils vont au commissariat, ils sont obligés de payer de l’argent même quand ils ont raison, pour qu’on leur donne le constat d’accident qui certifie que l’accident a vraiment eu lieu. Parce que, pour que l’assureur puisse prendre son assuré au sérieux, il faut qu’il y ait un certificat authentifié par une autorité publique, la Police ou la Gendarmerie. C’est cette autorité qui doit attester que votre engin a sinistré un autre engin. C’est à partir de là que la compagnie d’assurance doit prendre ses responsabilités. Cela permet à l’assurance d’indemniser les victimes.

 

MAIS IL N’Y A-T-IL PAS DE FAILLES AU NIVEAU DU TRAITEMENT DES CLIENTS ?

 

Il faut reconnaitre il y a des lacunes et une lenteur dans la gestion. Nous ne disposons pas de logiciels, il y a aussi un manque de formation des gestionnaires. Le personnel des agences d’assurance manque dès fois de communiquer les délais de traitement des sinistres. Lorsqu’un agent vous accueille en agence, il y a une lenteur remarquable. Cela ne met pas le client en confiance. Il faut vraiment que les compagnies s’engagent à faire des formations afin de rassurer le client avant de l’assurer.

 

APPEL POUR UNE ADHESION MASSIVE DES CITOYENS AUX COMPAGNIES D’ASSURANCE !

 

D’abord il faut que les compagnies et les autorités communiquent dans les langues locales pour expliquer l’importance d’être assuré. Ensuite, il faut que les citoyens sachent que l’assurance ne vise pas à protéger leurs engins ou encore à éviter les policiers dans la circulation. L’assurance permet de s’engager à prendre la responsabilité vis-à-vis de l’autrui. C’est une façon de s’engager à assister les autres citoyens quand ils sont victimes.

 

Entretien réalisé par Siradio Kaalan DIALLO pour maguineeinfos.com