Djibril Paye, le défenseur du SO Romorantin et international guinéen, dit toute la passion de son continent pour le foot, alors que son pays vient de se qualifier pour la phase finale de la CAN.
En battant le Mali (1-0), mercredi dernier, la Guinée-Conakry a gagné son billet pour la Coupe d’Afrique des nations qui aura lieu en janvier 2022 au Cameroun. Devant son écran, le Romorantinais Djibril Paye était à fond derrière ses compatriotes, lui qui a déjà porté le maillot du Syli à sept reprises en 2013 et 2014, dont deux fois lors de la CAN 2014.
Racontez-nous votre expérience lors cette Coupe d’Afrique des nations que vous avez disputée…
Le tournoi avait lieu en Guinée Équatoriale (la Guinée espagnole) et j’avais été retenu comme remplaçant. Lors du troisième match de poule face au Mali, l’arrière gauche titulaire se blesse. J’entre en jeu, on gagne (2-1) et on se qualifie pour les 8es de finale lors desquels on a été battus pas le Ghana (3-0). C’est un excellent souvenir puisque mon pays n’avait jamais atteint ce stade de la compétition. Et depuis, il n’a jamais fait mieux.
Y a-t-il un regret de ne plus faire partie de cette équipe ?
Oui, bien sûr, mais il faut être lucide. Sans manquer de respect à Romorantin que j’adore, je ne suis plus dans un grand club. Quand j’étais sélectionné, je jouais à Tiraspol avec lequel j’ai été champion de Moldavie (2013) et vainqueur de la coupe (2014), puis à Zulte Waregem (Belgique), un autre club de D1. Maintenant, j’ai 31 ans, mais je n’ai jamais dit que je prenais ma retraite internationale, donc tout est encore possible à condition de jouer en L2 ou en National en France.
Que représente encore la sélection lorsqu’on est expatrié en Europe ?
Tous les joueurs qui ont quitté le pays pour faire carrière sont heureux de porter le maillot de la Guinée car ils rendent fiers le public et surtout leur famille.
Il paraît que c’est beaucoup plus compliqué lorsque vous y retournez pendant les vacances…
C’est exact. Moi, personnellement, ça fait plus de trois ans que je ne suis pas rentré. Les premières années, je revenais tous les six mois. Puis j’ai laissé passer un an. En fait, ça me coûtait beaucoup trop d’argent. Pas le voyage, non… C’étaient plutôt les sollicitations. Tout le monde vient te voir pour avoir ton aide. Et comme c’est compliqué de refuser…
Comment se comportent les supporters guinéens en général ?
Ils aiment énormément leur équipe. Mais c’est un peu partout pareil. Le foot en Afrique, c’est sacré ! Surtout qu’en Guinée, on a eu de très bons joueurs comme Pascal Feindouno (Bordeaux) et Fodé Mansaré (Toulouse). Dans la génération actuelle, ils sont plusieurs à jouer dans des grands clubs européens : Naby Keita (Liverpool), Amadou Diawara (AS Roma), Mady Camara (Olympiakos), sans oublier le meilleur buteur de la Ligue 2, Mohamed Bayo (Clermont, 17 réalisations).
Quel est le niveau du championnat de votre pays ?
Difficile à dire. Ça fait douze ans que je l’ai quitté. La dernière saison, avant mon départ à l’âge de 18 ans, on avait été champions avec le Fello Star de Labé. J’y étais resté trois ans, après avoir été formé à l’Espérance de Kaloum, d’où j’étais originaire.
Comptez-vous retourner là-bas à l’issue de votre carrière ?
Pour l’instant je n’en sais rien. Tout ce que je sais, c’est que je veux rester dans le milieu du foot. Je commence à y réfléchir un peu ; j’ai 31 ans et un contrat jusqu’en juin 2022 avec Romorantin.
A Romorantin, où il y a justement une très forte colonie africaine (lire ci-dessous)…
Oui, et je peux vous dire qu’avant les confrontations directes, ça chambre beaucoup. Que ce soit avec Yoann Djidonou pour les Guinée – Bénin ou entre Yannis Ouhammou et Adiouma Gaye pour Maroc – Sénégal. C’esttoujours très enflammé, mais sans jamais dépasser les limites.
C’est un avantage, ce mélange de cultures dans une même équipe ?
Oui, il suffit de voir nos résultats cette année, à la fois en championnat et en Coupe de France. Notre force, c’est l’esprit de famille, on est tous solidaires. Et quand ça ne va pas, on se dit la vérité en face et on avance !
En ville, vous êtes tous bien intégrés ?
Je parle pour moi : tout le monde est sympa, on me salue. Romorantin, c’est vraiment une terre d’accueil. Et les supporters sont toujours à fond derrière nous.
Source: lanouvellerepublique