Rare sont les femmes qui s’invitent dans l’entrepreneuriat, surtout dans le domaine de l’agriculture, pourtant un secteur clé pour le développement d’un pays. Mais, Mama Aissata Gnatodki Camara s’est elle, lancée dans une activité souvent évitée par la couche féminine.

 

Partant de ce constat, une reportere de maguineeinfos.com s’est intéressée à ce sujet. Lors de notre entretien, notre interlocutrice a mis à nu sur les raisons de son arrivée dans ce travail. Elle a aussi parlé de l’évolution de son activité.

                             PARCOURS

J’ai fait mon primaire, le collège et le Lycée à Fria. J’ai fait mes études universitaires à l’Unique de Lambangni. De là, j’ai été la chargée des affaires sociales de notre commission scientifique et culturelle, puis quelques stages de novembre 2016 à janvier 2019 au ministère de la décentralisation et à l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia.

 

Raisons du choix de l’Agriculture, début et évolution de l’activité

La raison est que l’Agriculture reste quelque chose que j’ai tant aimée depuis mon enfance. Dans la cour où je suis né et grandi, il y a un petit jardin et après l’école, chaque soir je vais là-bas, car j’avais cultivé quelques plantes. Il y a du piment mais aussi de l’Aubergine. Un jour à l’université Général Lansana Conté de Sonfonia lors d’une pause, je suis venue me promener vers un jardin d’une femme qui m’a beaucoup plu. Du coup, un ami m’a dit qu’il a une connaissance là-bas et qui pourrait m’aider à avoir une place. Et quand nous sommes venus le lendemain, j’ai retrouvé une de mes grand-mères là-bas. C’est ainsi je lui ai parlé de ma motivation et de mon amour pour la terre. Voilà comment tout a commencé.

J’ai démarré en octobre 2019, et depuis là, j’évolue à Sonfonia Lac ici. Grâce aux résultats, je suis fière du travail que je suis en train de faire. Ici, je cultive des aliments et fruits selon les saisons. Pendant les saisons sèches, je m’occupe de la culture du Piment, de l’Aubergine et des feuilles. En saisons pluvieuses, je fais la riziculture.

Femme de terrain au lieu de Bureau

Déjà mon option c’est sur le terrain. J’ai fait la sociologie de développement communautaire. En un mot je n’aime pas le bureau parce-que tout simplement je me sens un peu isolée et malade. Au contraire, c’est au terrain que je me sens en super forme et je pense qu’il n’y a pas mieux qu’ici. En faite je joue deux rôles par là. Primo, mon domaine de l’agriculture. Et secondo, je viens de signer un contrat avec ENABEL, un projet d’assainissement pour une ville propre. Et pratiquement je quitte la maison les matins pour ne rentrer que les soirées. C’est pour vous dire que tout est question de volonté. C’est pourquoi dans certaines choses, l’on ne met pas l’argent devant d’abord.

Moyens à bord pour démarrer l’activité

Financièrement, retenez qu’il faut avoir un capital élevé pour évoluer dans l’Entrepreneuriat. Au tout début, j’avais invité des amis et même mes professeurs d’Université qui à la longue, vu l’endurance du travail et leur préoccupation, ils ont fini par se retirer et du coup je suis restée seule. C’est dans ça j’ai commencé avec un montant de 500.000GNF. Cette somme ne m’a permis que de faire le défrichement et les buttes que moi j’appelle couramment planche. Les légumes que je devais mettre dedans, je n’avais pas cette somme. Et entre temps, j’ai appelé mon Papa pour qu’il m’aide à avoir 300.000GNF pour acheter les semences. J’ai donc acheté du Piment et 100 mille francs de la Pépinière d’Aubergine et les graines de Gombo. Ensuite je me suis chargée moi-même
de l’arrosage.

                Bénéfice tiré de cette activité

J’ai pu économiser une certaine somme. Et quand la saison pluvieuse est venue, j’ai encore labouré la même partie et j’ai mis du Riz. En clair, lorsque j’ai fait le calcul après la récolte, je me suis retrouvée avec un peu plus de 2.000.000GNF. C’est là que j’ai pris une autre décision pour aller de l’avant.

                        Difficultés rencontrées

C’est vrai il y a toujours des obstacles dans toute activité, mais cela ne peut empêcher quelqu’un qui a déjà pris une décision car c’est dans cela que naissent les expériences et solutions. En termes de difficultés rencontrées, personnellement c’est lorsque je plante et que d’autres ne répondent pas. Et franchement cela me fatigue et m’énerve parfois. Mais après tout, je me suis dit qu’il fallait continuer à avancer car cela pourrait arriver. C’est pour vous dire que lorsqu’on est en face de ces genres de difficultés, il ne faut surtout pas se décourager comme j’aime le dire:  » le courage est ma nourriture ». Après chaque prière du matin, je demande au bon Dieu de me donner le courage d’affronter ce que je penserai que je ne pourrai pas. C’est comme ça j’évolue.

Message aux autres filles, en attente d’être employées

Aux jeunes filles en générale, je leur dirai que le travail ne se gagne pas entre les quatre murs de la maison, ni devant la télévision et non plus en restant devant l’écran de son téléphone. Qu’elles sachent qu’il faut sortir pour chercher. Souvent, les gens ont tendance à dire qu’il ya beaucoup de chômage certes mais, on ne peut parler de chômeurs que s’il y a déjà quelqu’un qui est sorti chercher et qui n’a pas eu. Mais lorsque tu finis, tu as ton diplôme et tu traînes encore les pas, c’est que tu ne veux pas te chercher. C’est pourquoi je leur conseillerai de ne pas se contenter de ce que chacune a fait à l’Université car, ce que nous apprenons sur le banc est différent de ce qui est sur le terrain. Mais ce que tu as pu avoir à l’école, peut t’aider à avoir ce que tu cherches sur le terrain et augmenter de plus. Donc, c’est le beau temps de se battre, de ne pas laisser toute la charge aux parents. C’est pourquoi moi je me suis lancée dans l’agriculture pour ne pas être à la merci des gens. A force de tapper à certaines portes, forcément une s’ouvrira, puisqu’il y a de ces bonheurs qui ne se gagnent pas sur place, tant qu’on ne se mette pas sur pied.

                   De nouvelles perspectives

Déjà à Maferinyah, j’ai déjà deux hectares puisqu’à Sonfonia ici, ce n’est qu’un demi hectare qui y est. Et l’année prochaine à partir de la saison pluvieuse si tout va bien, je vais commencer par la Riziculture. Ensuite, je vais poursuivre à partir des mois de Mai et jmJuin à faire des Pépinières.

Interview réalisée par Dija Soumah