Monsieur le Ministre, je vous adresse cette missive pour attirer votre attention sur une situation périlleuse qui ne cesse de faire couler de l’encre, des larmes et de salive. Je suis persuadé que vous prendrez le temps de la lire attentivement, et d’y apporter une réponse.

Monsieur le Ministre, depuis un certain temps, une association dénommée ‘’Labé Sangni ‘’ dicte, comme bon lui semble, sa loi aux paisibles populations, notamment de Coyah, Dubréka et alentours.

Au mépris des textes et valeurs traditionnelles régentant notre société, cette horde de jeunes désœuvrés pour la plupart se faisant passer pour le défenseur des intérêts de certains guinéens alors qu’il n’en est rien, se livre, à cœur joie et en toute impunité, à des exactions ineffables sur de paisibles citoyens en les spoliant de leurs terres, sous prétexte que ces terres appartiennent à leurs ancêtres.

La Guinée est notre patrimoine commun à tous. Partout où un guinéen se retrouve ou s’établit sur le territoire national, il devrait se sentir chez lui, en sécurité et ne devrait être inquiété ni spolié de ses terres pour une quelconque raison que ce soit par d’autres guinéens.

Je vous prie humblement, Monsieur le Ministre, de suivre les différentes sorties du porte-voix de ce groupe sur les réseaux sociaux et les actes répréhensibles que leur association pose depuis belle lurette, vous comprendrez aussitôt que ce clan constitue une réelle menace pour la paix, la cohésion sociale et la stabilité de notre pays.

Il serait important aujourd’hui que le Ministère dont vous avez la charge de diriger tape du poing sur la table afin de ramener ces jeunes à l’ordre pendant qu’il est encore temps, car il est incompréhensible et même inadmissible que des citoyens ayant officiellement vendu leurs terres à d’autres les réclament une fois la mise en valeur de ces domaines par les acquéreurs.

D’ailleurs, quel est le véritable sens de la Nation si des individus peuvent se constituer, sans aucune base légale, en mouvements pour récupérer sur des citoyens des terres obtenues dans le respect de la législation foncière en vigueur ?

Personne n’est contre le fait que des citoyens s’organisent pour faire la promotion de leurs valeurs culturelles. Mais se constituer en groupes tout juste pour aller s’attaquer aux gens, confisquer leurs terres et se les redistribuer est une attitude grave que les autorités devraient réprimer avec la dernière énergie.

Lorsque des citoyens se sentent victimes de spoliation de leurs terres, comme le brandit souvent ‘’Labé Sangni’’ pour tenter de justifier ses actes illégaux, la meilleure méthode consiste à porter l’affaire devant les juridictions compétentes, car il revient à la justice et à elle seule de sévir et non à un individu ou groupe d’individus.

Cette arnaque aux relents communautaires est extrêmement dangereuse pour la stabilité de notre pays. Raison pour laquelle, cette association doit être freinée dans son élan divisionniste avant qu’elle nous conduise au pire un jour.

Pour rappel, en 1985, tout juste peu de temps après la mort du premier Président guinéen, le camarade Ahmed Sékou Touré, d’autres guinéens avaient aussi été victimes de dépossession de leurs terres.

Je ne rappelle aucunement ce pan sombre de notre histoire pour mettre le couteau dans la plaie des gens ou attiser la tension, loin s’en faut. Je le fais tout juste afin d’attirer l’attention des autorités, notamment le Ministère en charge de la Justice pour qu’il prenne ses responsabilités contre de telles attitudes, car, en plus d’exposer chacun de nous, ces manigances mettent dangereusement en péril l’unité nationale.

Des dispositions pressantes devraient être prises maintenant pour mettre hors d’état de nuire ce groupuscule, sinon à l’allure, les réformes engagées par votre Département risquent de prendre un sérieux coup.

Cette forme de vendetta que d’autres citoyens pourront exercer un jour dans leurs préfectures ou régions, mérite d’être dénoncée et combattue de toutes nos forces.

Un proverbe Mandingue nous enseigne: « si tu vois des charognards autour d’un cadavre humain, ne dis pas « laissez-le ! » Dis plutôt « laissez-nous !»

C’est pourquoi, nous ne pouvons rester amorphes face à tout ce qui se passe dans les zones suscitées sans attirer votre attention là-dessus, car aujourd’hui c’est Paul et demain, on ne sait jamais à qui le tour.

Monsieur le Ministre, nous ne doutons aucunement de votre abnégation à faire de la Justice guinéenne une Justice forte, équitable, indépendante et rassurante.

Le Peuple de Guinée sait compter sur votre bonne volonté à prendre à bras-le-corps cette affaire afin d’empêcher que le virus de ce clan n’atteigne d’autres régions du Pays.

Dans l’espoir que des mesures idoines seront prises très rapidement contre cette chapelle d’extrémistes, je vous prie d’accepter, Monsieur le Ministre, l’expression de mes déférentes salutations.

Sayon Mara, Juriste