Ces derniers moments dans notre pays, il y eut de longs discours. De discours théâtraux, à la fois inspirants puisqu’ils ont été pour la plupart instantanés. Ceci démontre de l’état vrai ; de l’état brut en effet des pensées et de l’atmosphère dans laquelle tout cela s’est offert à nous.

C’était d’un dilettantisme très rare en réalité. Rions et pleurons – en ; nous ne saurons aller plus loin, puisqu’après tout c’est nous. Nous ; dans toutes nos différences et nos diversités d’âmes. Hélas, les signaux sont au rouge quant à nos voyants qui fixent, hagards notre futur.

Il est vrai que le changement prend du temps, et que la société guinéenne s’investit ardemment dans le processus, mais savons-nous vraiment le bon pied par lequel nous devons amorcer cette évolution ?

Évidemment nous ne croyons pas dans les mêmes ancêtres, dans la même langue, dans le même paradis, dans le même bonheur, dans la même règle de vie, dans la même morale, dans la même vérité, dans la même unité, dans la même solidarité et même dans la même conception de Dieu.

Tout ceci perdure depuis belle lurette pourtant. Et si ça devait persister encore, on aura alors sans risque d’exagération de ma part, ni celui de me tromper, à redéfinir la réalité ou plutôt notre réalité aux générations à venir.

Notre niveau de compréhension du sens commun et de l’avancement dans la vie, peut se limiter à la surface ; cependant, nulle échappatoire de ce que nous fûmes ne devrait exister dans nos sociétés.

Ces valeurs séculaires qui firent traverser nos peuples les fleuves des temps les plus lointains et tumultueux, pour nous faire tenir debout nous autres !

Ces grandes fiertés qui invoquent l’unité des cœurs, la solidarité des âmes, le partage de la science et le véhicule de la bonne morale !

Ce manque d’encouragement des plus faibles et le sabotage des plus intelligents sont un reniement du vivre ensemble longtemps voulu et harmonieusement vécu par nos ancêtres. Et cela va de soi, que la vénération des érudits et intellectuels ; des chefs et des sages, relève de l’indélicatesse, de l’imposture, de la magie et de l’utopie pour finir.

Espérance dès lors, que ceux qui ne parlent pas pensent plus beau que ce qui est entendu de ceux – là qui ont pris d’assaut l’espace public, qui l’ont pris en otage et ont juré d’y déverser tout, sans tri aucun.

On pourrait comprendre aisément le pourquoi les grands intellectuels et les grands érudits se soient tus volontiers. Qu’à cela ne tienne, nous sommes allés trop loin dans notre passivité coupable, dans nos empreintes vilaines et dans notre culpabilité passive.

Et puisqu’il faut une priorité dans chaque affaire, la contrée d’émergence et le havre de paix, passe nécessairement voire obligatoirement par la terre de sympathie. Nous devons dans la République de Guinée, fabriquer des gens d’AMOUR.

C’est un défi certes, dont les ordres cultuel, culturel et civique sont orientés notamment vers la jeunesse ; mais ici, avec véhémence, doit d’abord régner l’affection, pour que ce qui est connu et obtenu puissent dignement atteindre et servir chacun des êtres humains physiquement présents sur nos terres bénies.

Ainsi nous pensons !

Mohamed Lamine KEITA
Ecrivain / Poète