C’est le 18 octobre 2018, que le Conseil communal de Dalaba a pris fonction dans des conditions que l’actuel Maire, qualifie de normales. Trois ans après, la rédaction de maguineeinfos.com, à travers son correspondant régional, a obtenu d’Elhadj Ibrahima Diallo un entretien exclusif qui a porté sur des domaines divers.

Des réalisations faites par la Commune durant ses trois ans de mandature, aux projets entrepris, jusqu’à la nature de la cohabitation des populations de la Commune urbaine de Dalaba avec les étudiants de l’Institut Supérieur des Sciences et de Médecine Vétérinaire de Dalaba (‘ISSMV), Elhadj Ibrahima Dalaba Diallo est longuement revenu sur ces sujets au micro de notre correspondant.

Ci-dessous, l’intégralité de l’entretien !

Bonjour monsieur le Maire, merci de nous avoir reçu. Alors, dites-nous, quelles sont les premières actions que vous avez engagées dès votre prise de fonction et dans quels domaines ces actions étaient-elles orientées?

Dès notre prise de fonction, nous avons fait la prise de contact avec les différents conseillers de la Commune urbaine pour tracer les lignes de conduite, qui ont effectivement eu lieu. On s’est attaqué à la situation que nous avons trouvée en place. Au même moment effectivement, s’est annoncée l’ANAFIC qui a soutenu toutes les Communes de Guinée, avec un vaste programme que nous avons effectivement réussi à réaliser.

Quelles ont été ces réalisations?

Il y a eu d’abord la construction d’une école dans un coin enclavé qui avait effectivement un important nombre d’enfants à scolariser, du nom de Aïguel Tounka dans le district de Dalaba Missidé. Cette école a été construite, elle est actuellement fonctionnelle avec un bon nombre d’enfants. Deux salles de classe pour la première année avec deux enseignants, un titulaire et un contractuel. Les villages environnants sont à l’aise parce qu’ils ont vu maintenant leurs enfants occupés dans l’éducation et l’enseignement. On a fait forer des forages au nombre de quatre, pour les populations dans le cadre de l’eau potable, dans le district de Dalaba Missidé, à Pellel dans le district de Kiiwé, à N’dolo dans le quartier Sily, dans le quartier Hérémakonon à Hollaadé. On a réussi à reprendre et à équiper la villa Sily connue sous le nom, de Villa des hôtes, dans le secteur de Chargeur, à Djibbiwol. Et la Villa a été reconstruite par les actions du Gouverneur au cinquantenaire, ça été une belle infrastructure. Tout l’équipement a été trouvé et mis en place par la Commune qui aujourd’hui, a cherché un partenaire pour s’occuper de cette Villa, qui a un accueil confortable, retirée un peu de la Ville avec un climat doux et apaisant.

En dehors de ces réalisations que vous venez d’énumérer sur financement de l’ANAFIC, quelles autres réalisations la Commune est parvenue à faire, sur fonds propres ?

La Commune s’est investie en fonds propres, à créer un marché communautaire qui est actuellement en construction à Dalaba Missidé. Ce marché communautaire aura de grand hangar où seront stockés les produits maraîchers parce que le secteur de Dalaba Missidé est un secteur agricole dans le cadre du maraîchage, où on récolte beaucoup de produits qui sont drainés un peu partout à l’intérieur et même à l’extérieur. Ensuite, on a sur la Téné ici, construit deux ponts passerelles à Bildigou et à Diansaaké pour permettre aux populations de traverser aisément en hivernage, parce que les deux ponts qui étaient là étaient défectueux. On les a repris, ça permet aujourd’hui à un passage aisé et on a créé de lavoirs pour les femmes. Des lavoirs qui sont utilisés à bon échéant par les femmes qui se trouvent à l’aise. On a équipé la Mairie en chaises plastiques au nombre de cinquante, parce qu’on avait pas trouvé de chaises. Donc nous avons vu qu’en louant à chaque cérémonie, ça nous faisait une sortie importante. On a essayé de payer ces chaises. Il y a eu le reboisement avec l’appui de l’OMVS, une ONG qui est à Labé, en 2019 et 2020, elle nous a beaucoup appuyé à reboiser le site au niveau de la Ville, au niveau de la Préfecture, la Police, plus la Gendarmerie, la Commune et à la Villa.

Vous avez cité ici, beaucoup d’infrastructures que vous avez réalisées dans divers domaines. Sur le plan sportif qu’est-ce que vous avez pu faire pour la jeunesse de Dalaba ?

Sur le plan sportif effectivement là, on avait un large programme, nous avons essayé de reprendre le terrain de Volley-ball et de Basketball. Cela est en cours, le chantier a été depuis l’an passé, nous comptons poursuivre ça, mais puisque y avait eu la pandémie du coronavirus, presque l’année 2020 a été une année morte, où on a ressenti beaucoup de difficultés avec la maladie. Donc ce programme vaste et ambitieux au niveau de la jeunesse est à revoir.

A combien s’élève le montant que vous avez bénéficié de l’ANAFIC?

Le montant c’est un milliard deux cent millions francs guinéens.

L’autre domaine que nous n’avez pas abordé, c’est la question de la Salubrité. En matière d’Assainissement, qu’avez-vous fait pour rendre Dalaba propre?

Au début, on a eu des difficultés pour pouvoir assainir la ville. On a appelé les femmes qui étaient en groupements, qui nous faisaient l’activité. Mais, vu les dépenses, parce que chaque activité, y a près de quarante ou cinquante femmes qui balayaient le marché, on avait une dépense très excessive. C’est ainsi que Solidarité ONG qui a un groupement de femmes, les a appelé, sensibilisé et essayé de nous épauler dans le cadre de l’Assainissement. Elles se sont retrouvés en groupes. Le groupe de chargeur, le groupe de Pellel Yéro, le groupe du marché et le groupe de Sily. Volontairement, elles se sont retrouvées, elles ont trouvé stratégie. A chaque fois qu’elles se retrouvent les samedis et les lundis, elles cotisent chacune 5000GNF. C’est comme dans les sérés, elles orientent le montant à deux femmes ou à trois femmes. Après maintenant elles se mettent à balayer la ville. Depuis des mois, la ville est très propre, balayée par ces femmes. Alors pour les encourager, l’ONG en collaboration avec la Commune, a invité toutes les femmes à se retrouver à la Commune. Alors les femmes sont venues, on a fait état de cet acte volontaire et patriotique de ces femmes, parce qu’elles ne sont pas payées, c’est comme un fonds qui roule entre elles volontairement. Alors on les a encouragé, on a prévu des satisfécits à donner à chaque groupe et une certaine prime d’encouragement. Alors chaque samedi et chaque lundi, ces femmes là viennent balayer. Si vous faites attention, l’artère que vous suivez là, elle n’est plus encombrée. Donc la ville vraiment par l’apport de ces femmes là, est très propre depuis des mois. Voilà comment on fait l’Assainissement à l’heure là. Ça soulage la Commune, ça soulage toutes les autorités.

Dites-nous comment est-ce que vous faites pour pouvoir mobilier des ressources?

D’abord pour pouvoir mobiliser des ressources, c’est ce qui est un peu difficile. Parce que la pandémie sévissant alors, ça impacté lourdement l’économie. Nous collaborons avec certaines ONG qui nous appuient, qui nous font des petits projets que nous soutenons effectivement. Il y a aussi à l’interne, les taxe que nous recevons au niveau du marché, au niveau des kiosques. C’est ce que nous sommes en train de réinvestir et de faire fonctionner la Mairie. Aussi, nous prévoyons des lotissements que nous sommes en train d’exécuter à l’heure là. Là aussi on crée un peu de recettes.

Quel est le secteur dans lequel vous misez beaucoup plus, pour pouvoir mobilier des ressources ou qui vous rapporte considérablement de recettes?

D’abord au niveau des taxes du marché, au niveau de chaque redevable que les services d’impôt réclament parce que nous avons là, les 80% , si y a recouvrement. Maintenant au niveau des bâtiments, on est en train de faire le recensement actuellement avec les services de l’impôt. Là il faut le reconnaître, c’est une taxe ancienne qui n’était pas recouvrée. Lorsqu’on va faire le recensement, on a tenu compte lors de la première session de l’année. Donc, on s’est entendu de mener des efforts considérables pour pouvoir être à bout de cette situation aussi.

Parlant de l’extension de la ville, vous avez évoqué le cas de lotissement pour rapprocher les citoyens, de la ville. Sauf qu’à ce niveau, il y a un problème. Des citoyens accusent les propriétaires terriens de vendre de parcelles sans le moindre lotissements et ça peu causer des problèmes à la longue. Qu’est-ce que vous êtes en train de faire dans ce sens pour freiner ce phénomène ?

Justement c’est ce que nous voulons éviter. A Hérémakonon, secteur de Goubhy, jusqu’au niveau de Diaguissa, on a sensibilisé les parents, on est en train de multiplier la sensibilisation pour que les gens acceptent effectivement, comme c’est une ville, de lotir pour éviter des casses futures. On a aussi un autre secteur qui est vers la plantation de forêt à Fouké, y a un Bowal là-bas, même hier on était avec l’habitat, on a fini de morceler, ils ont sorti la carte, ils ont donné le résultat hier. Alors on vient vers Hérémakonon encore, a Oukkordé à la rentrée de la ville, il y a un site là-bas que nous voulons en collaboration avec les coutumiers, entamé un lotissement très bientôt. On les a appelé, on les a sensibilisé, ils promettent de revenir dans des jours pour qu’on passe à l’action. Voilà pourquoi y a nécessité de lotir parce que si on laisse les constructions anarchiques, un beau jour, beaucoup de citoyens se verront leurs bâtiments cassés. C’est ce qu’on veut éviter, donc on les amène à comprendre, on les amène à adhérer sans contrainte.

Un autre souci qu’éprouvent les citoyens de la Commune urbaine de Dalaba, c’est celui relatif à la sécurisation du lac au niveau de Kampil, où beaucoup de personnes ont péri par noyade. Quelles sont vos réactions et quelle solution vous disposez pour mettre fin à ces morts en cascade ?

Après la dernière noyade, la Commune s’est rendue à Goubhy. Elle a convoqué les citoyens de Goubhy, a fait état avec ces citoyens la situation de ce lac, c’est-à-dire de cette retenue d’eau. La noyade a ravagé près de douze personnes depuis que le barrage a été construit jusqu’aujourd’hui. On en a fait état, y a eu une prise de conscience. On a vu que même si le barrage est là aidant, la négligence dans l’éducation, a fait que les enfants se noient là et c’est pas normal. Ils ont cité un manque de sécurisation, c’est-à-dire de clôture au niveau du barrage. Alors à ce niveau, la Commune a pris un engagement à mener des actions pour avoir des partenaires afin de clôturer le barrage bien que c’est vaste mais on fera tout pour clôturer. Deuxièmement, il fallait reboiser pour éviter que le lac soit en plein air et si vaste et l’ONG était venue de Labé, nous assister mais y avait eu au départ des discussions entre les citoyens riverains et nous. Au début on leur a expliqué le projet de l’ONG de Labé à partir de l’apport de l’OMVS. Actuellement on est en rapport avec un jeune ressortissant de Dalaba qui est en France, il nous a envoyé un document, il cherche de financement pour non seulement sécuriser la retenue d’eau et aussi traiter cette eau parce que y a le traitement là-bas mais, nous, nous pensons que c’est insuffisant. On a essayé ça encore de continuer et certainement de curer le barrage pour pouvoir éviter ce tarissement en saison sèche.

Autre volet, c’est l’arrêt des travaux de bitumage de la Ville de Dalaba, qui ont été lancés depuis des années. Mais il y a toujours un blocus à ce niveau. Qu’est-ce vous en savez ?

On ne sait pas. Nous avons été aussi demander un peu partout. Tous les travaux sur la ligne Labé, Pita, tout est bloqué depuis un bon moment. Les chantiers sont ouverts au niveau de la Ville, tous les caniveaux ont été creusés, certains sont entamé à être travaillés, vous voyez autour du marché, depuis, toutes les équipes sont allées. Depuis qu’ils ont bougé, rien n’a été infiltré, on se demande, j’ai toujours posé le problème aux TP, qui nous disent qu’ils vont revenir. Je ne sais pas si c’est un manque de financement ou quoi.

Nous avons appris aussi qu’il y a eu récemment un malentendu, entre les étudiants de l’Institut supérieur des sciences et de médecine vétérinaire de Dalaba et les citoyens de cette Ville. Pouvez-vous nous expliquer les causes de ce rififi?

C’est les conséquences des évènements de 2020. Lorsqu’il y a eu le décès d’un notable que les jeunes à partir de la capture d’un bandit coupeur de route à Bhoundou Saali pris là-bas, ils l’ont amené à la Gendarmerie. Arrivé au barrage, il a été fusillé par un agent de sécurité, il en est mort. Cette année a fait que les enfants défilent en Ville, que des bandits viennent s’attaquer parce que dès que y a mouvement, les bandits ciblent les lieux où ils peuvent trouver de l’argent. Ils sont venus s’attaquer aux bureaux de l’Institut ici, y a eu vol d’argent. Alors, certains ont été pris, cette année a fait que les étudiants soient révoltés, contre tout Dalaba pour eux. Donc il y a eu un grand mouvement. Les étudiants ont cherché à culpabiliser tout Dalaba pour ça, en abandonnant les voleurs qui sont venus là-bas, c’est une minorité c’est pas tout Dalaba. C’est ce qui a crée un tohu-bohu au niveau de la Ville. Finalement les autorités ont passé à la sensibilisation et nos ressortissants ont aidé, y avait eu beaucoup d’étudiants qui avaient voulu partir raconter des choses mais la cohabitation depuis la création de l’Institut, a dominé l’hospitalité tout est rentré en ordre. Depuis lors y a une intimité, y a une fraternité, y a une cohabitation pacifique entre les étudiants qui ont repris les logements en Ville. La population n’en a pas fait état, comme c’est des enfants d’autrui. Les jeunes aussi ont pris l’engagement même tout dernièrement on était en réunion avec tout le monde, nous sommes en train de sensibiliser parce que les conséquences ont été lourdes pour que désormais cela ne se répète plus. Parce que ce qui a été détruit, c’est Dalaba qui perd lourdement.

Entretien réalisé par Mamadou Aliou Diallo
pour maguineeinfos.com