Mariée et mère de trois enfants toutes filles, la trentaine a opté pour la soudure à cause de la rareté des filles ou femmes dans la pratique de ce métier. Du village  en ville, la dame n’a pas réfléchi deux fois pour orienter son choix sur ce métier qui reste pour la plupart,  pratiqué par les hommes. 

« Dès que j’ai rejoint mon mari à Kissidougou ici, il m’a demandé de choisir entre la couture et la coiffure. Mais lorsque nous sommes passés dans ce garage avant d’arriver en ville, sans réfléchir longtemps, je lui ai dit que c’est plutôt la soudure que je veux », rappelle Madeleine toute souriante.

Originaire de la sous-préfecture de  Yendè Millimou, dame au teint clair et courte de taille, a  plusieurs fois été blâmée par ses camarades. Celles-ci dit-elle, la qualifient de femme sale, lorsqu’elle se trouve dans sa tenue de travail. Malgré tout, rien n’a, et empêche à Kamano d’avancer humblement avec son choix auquel elle attache de prix.

« Souvent mes copines se moquent de moi surtout pendant les réunions. Elles me traitent de femme malpropre une fois que je viens en tenue de travail », témoigne l’originaire de Yendè Millimou.

Cette dame qui se fait appelé  » Kala Germaine »  qui veut dire en kissié « la maman de Germaine » au sein de ce garage, confie que c’est grâce à cette activité que ses besoins de ses enfants et ceux liés à la vie du foyer se passent à merveille.

Kala Germaine fait la soudure d’une porte

« Aujourd’hui, c’est grâce à ce métier que je parviens à résoudre les petits besoins de mes enfants et ceux de  la famille. Bien que je reconnais que c’est l’homme qui se charge de la nourriture et autres, mais j’avoue que je l’assiste beaucoup et grâce à cela nous économisons un peu. C’est cette raison qui fait d’ailleurs que mon mari aussi est très content de moi. Actuellement même, il ne veut même un seul jour que je m’absente au travail.»

Bien qu’elle soit la seule femme parmi cette dizaine d’apprentis qui évoluent dans ce garage, elle reconnait néanmoins n’avoir pas connu la stigmatisation. Au contraire, c’est une bonne collaboration qui se passe entre elle et ses maîtres d’abord, mais aussi entre les autres jeunes apprentis.

« Il se trouve parfois que je me mette à redresser ou couper une barre de fer qui semble dépasser ma force de femme, mais dès que le maître me voit, il ordonne à ces jeunes de me porter assistance. A leur tour, ils viennent me le récupérer tout doucement. Franchement tout se passe bien entre nous ici », reconnaît la dame.

Nourrice, Madeleine Kamano fait entre autres, la fabrication des portes et fenêtres, des fourneaux ordinaires, la répartition des lits métalliques et autres. C’est pourquoi elle se fait le devoir d’adresser un message fort à ses camarades qui considèrent souvent que les métiers comme la mécanique ou encore cette soudure, sont les métiers toujours réservés aux hommes.

« Ce qu’elles oublient et que je vais le leur rappeler, c’est qu’une femme qui exerce le métier des hommes, même de simple passage, tu es facilement repérée parmi les gens et cela donne de la valeur à la femme. Et lorsqu’on a la chance d’être vue de bon œil par certaines sociétés [entreprises, ndlr], tu peux rapidement avoir accès à un emploi. Donc moi, je leur dirai de s’intéresser aux métiers pratiqués par les hommes, puisque la couture et coiffure, si ça trouve parmi 10 femmes et que tout le monde sait le faire, qui va demander de l’aide à qui? », s’interroge la dame avant de terminer par dire qu’elle fera tout, si Dieu le veut bien, d’ouvrir dans un proche avenir, un garage à son propre compte. Une façon pour honorer son maître et de valoriser tout de même la question du genre en Guinée.

Depuis Kissidougou, Sâa Robert Koundouno pour maguineeinfos.com