Nous sommes nombreux et peut-être pas assez encore, ceux-là mêmes qui se demandent où va réellement notre pays; sur ses lendemains heureux qu’on nous a promis, mais qui peinent à voir le jour. Nous sommes de ceux qui tergiversent, pour ou contre, pour cause d’opinions politiques, philosophiques, de convenance; pour ou contre, à cause de nos intérêts propres, de nos mesquineries et des liens qui importent à nos yeux ( la famille, les amis, les proches ). POUR NOUS ET CONTRE LES AUTRES. Mais que seraient nos réalités si nous pouvions nous poser les bonnes questions ? Essayer de se tenir aux plus essentielles des interrogations, en se demandant comment va le guinéen aujourd’hui… Essayer de comprendre nos vies. De tout ce que nous reprochions aux régimes antérieurs, qu’est qu’on a pu changer ? De nos tiraillements politiques et << partisans >>, quels intérêts sommes-nous capables d’identifier au bénéfice de nos populations ? Des changements
<< substantiels >> qu’on nous chante, où pouvons-nous voir les << retombées >> véritables ? Que reste t-il de notre espoir, de notre avenir commun ?
En vérité, la politique nous monte à la tête et c’est peu de dire que la jeunesse guinéenne n’est invitée que pour se complaire dans les futilités. Où est passé l’emploi des jeunes ?
La réforme visionnaire du système éducatif, sans laquelle on ne peut prétendre au décollage ? Que fait-on de toutes ces promesses sans cesse renouvelées, et sans cesse déçues ? Combien parmi nous croient-ils encore à un avenir pour eux en Guinée ? Combien parmi nous peuvent-ils croire en l’assurance d’une vie meilleure en Guinée pour ainsi dire ? Si nous pouvions être honnêtes envers nous-mêmes… Il suffit d’interroger la Méditerranée et de voir combien de jeunes sont-ils prêts à braver ses obstacles – même au prix du sacrifice ultime pour rallier l’Europe – comme si le choix entre un lendemain probable et la certitude de la souffrance était moins compliqué qu’on le croirait. Sur nos plateformes, dans les discussions au grain, à bord du taxi, dans les marchés, les causeries familles, dans les amphis, partout on peut lire sur ces regards désabusés le flou, l’ombre qui emporte la lumière d’un jour promis, radieux…
On nous avait promis un éléphant. Nous y avons cru. Très longtemps ! Mais on nous demande maintenant de chanter pour la rôtisserie improvisée d’une chèvre efflanquée. On nous demande de redescendre sur terre, après nous avoir promis la lune si proche.
Vous devriez comprendre notre déception, nos colères légitimes.
Nous souffrons tous ! Il est difficile de soutenir le contraire, même si nos souffrances peuvent différer. Est-il encore possible de changer cette réalité ? Je veux bien continuer à le penser. Mais il faut cesser d’être naïfs : RIEN NE VIENDRA COMME PAR ENCHANTEMENT. Nous pouvons continuer à choisir le Prof. Alpha Condé, de demeurer dans l’opposition, d’être centristes ou neutres, apolitiques, ou rien de tout cela. Mais nous souffrirons encore tous. Et si ce n’est pas à nous de souffrir, ce sera à nos enfants et nos petits-enfants. N’est-il pas alors devenu urgent de réfléchir davantage sur l’héritage que nous voulons léguer ? Ou bien sommes-nous tout disposés à reprendre les mêmes erreurs depuis maintenant près de 63 ans ?
J’aurais bien aimé que le travail qui nous incombe soit moins ardu, mais il est complexe et éprouvant tant la RESPONSABILITÉ et la CONSCIENCE DES ENJEUX qui en sont les prémisses seront << absentes >>. Il importe peu de savoir de quel côté on se trouve quand la mer est agitée, le plus important est de savoir si on est réellement en sécurité.
Ali CAMARA