Les transitions politiques ont l’habitude d’être des périodes d’incertitudes, où au lieu de palier au dérèglement fonctionnel des institutions, il se dessine des pratiques de complaisance qui reculent davantage le pays. Si une transition est à craindre par principe, une transition militaire l’est au plus. Mais il s’agit tout de même de craintes et non de fatalité, car il existe des exemples de pays où l’armée a permis les bases solides d’une véritable construction républicaine. L’histoire de l’humanité nous enseigne que l’armée a toujours été, si ce n’est le dernier recours, mais en tout un rempart des plus incontournables dans les moments de crise. C’est sur ce signe que nous entendons placer notre confiance en notre vaillante armée, avec circonspection, en restant lucides, critiques à toutes les velléités de désabusement. Nos propositions sont tout d’abord sur les consultations préalables, sans lesquelles rien ne serait possible ( I ) et les modalités de mise en place d’un organe permettant d’assurer le législatif et la prise en compte des problématiques spécifiques ( II ).
I. PHASES DE CONSULTATIONS
Elles doivent être INCLUSIVES et avec la participation de toutes les FORCES VIVES DE LA NATION ( société civile, partis politiques… ) et les partenaires internationaux ( les instances régionale et sous-regionale, notamment la CEDEAO et l’UA et tous autres partenaires au développement ), en vue de définir la feuille de route de la Transition, essentiellement sur les questions de délai de transition (A), la formation d’un gouvernement d’union nationale
A) Sur la feuille de route de la Transition.
Elle doit pouvoir identifier les missions spécifiques de la période transitoire nonobstant le fonctionnement régulier des instances qui permettent la continuité de L’Etat. C’est pourquoi il est souhaitable d’avoir une Transition complète qui débouche sur la RUPTURE et la REFONDATION. Rupture avec le système de pouvoir autoritaire et la Refondation politique du pays sur la moralisation de la vie publique. Nous avons soulevé six (6) points dans notre premier message qui méritent d’être examinés. Il faut prévoir un délai de 2 ans au minimum et de 3 ans au maximum afin d’organiser sereinement des élections libres et transparentes. Le plus important étant de relever q’une transition bâclée, précipitée a de fortes chances de produire des résultats insatisfaisants qui risquent de nous faire tourner en rond.
B) La formation d’un gouvernement d’union nationale.
Préconiser un gouvernement de consensus, dirigé par un Premier ministre civile est l’hypothèse la plus souhaitée, ainsi que des ministres civiles, militaires et paramilitaires. Il faudrait impérativement faire le choix d’un GOUVERNEMENT RESTREINT pour plus D’EFFICACITÉ et D’EFFICIENCE dans la gestion de cette période, de sorte à diminuer le train de vie de L’Etat ( précisément sur les dépenses de fonctionnement ) et minimiser de ce fait les poches de détournements de fonds. L’autre impératif est celui du CHOIX DE NOUVELLES TÊTES, en fonction de leurs compétences et de leur notoriété publique, pour éviter les contestations populaires. Le Conseil National pour le Redressement et le Développement ( CNRD ) a tout intérêt à avoir l’adhésion populaire de son côté. Mais si la société civile s’avère incapable de s’entendre, un gouvernement d’union nationale ne serait d’aucune utilité. Le CNRD devra en tirer les conséquences et nous proposer une équipe qui force RESPECT et ADMIRATION.
II. MISE EN PLACE D’UN ORGANE CONSTITUANT
Comme en 2009, avec le Conseil National de Transition (CNT), créer un organe constituant pour le projet de nouvelle constitution (A) , et la mise en place au sein de cette assemblée ( non souveraine ) des commissions nationales sur des questions d’envergure.
A) De l’organe constituant.
La désignation des membres de cet organe doit se faire par décret présidentiel, en tenant compte de toutes les sensibilités du pays, politique, culturelle, ethnique, religieuse. Il faut tout de même privilégier les membres du FNDC, front national de défense de la constitution. Ces << braves >> hommes et femmes ont mérité notre respect et ont toute la légitimité pour discuter de la nouvelle constitution. Il me semble d’ailleurs que ce ne serait pas exagéré de considérer que la Présidence de cet organe devrait leur revenir de droit. En tout état de cause, le projet de nouvelle constitution doit tout de même considérer ces points-ci :
1 – nombre et durée du mandat présidentiel, respectueusement 2 et 5 ans.
2 – l’âge minimum pour les candidatures aux présidentielles à 35 ans et déterminer ensemble l’âge maximum, en tenant compte de la marge de l’espérance de vie en Guinée. Sur ce point précisément, il faudrait éviter de vouloir tailler la Constitution sur des situations strictement personnelles des uns et des autres. Nous devons faire une Constitution qui fera long feu. Cela ne sera possible qu’en acceptant de s’élever plus que les implications personnelles et nos positions partisanes. Ces particularismes qui nous amènent sur le terrain glissant de l’ethnocentrisme, les débats de caniveau. Et il bien de rappeler que c’est en faisant uniquement le choix d’une CONSTITUTION QUI FASSE ÉCOLE POUR LES GÉNÉRATIONS À VENIR, c’est-à-dire une constitution aux allures d’une cité imprenable que aurons réussi de régler définitivement ce problème.
3 – les Candidatures indépendantes pour les élections présidentielles.
4 – Sur l’équilibre des pouvoirs, mettre un mécanisme moins compliqué pour engager la responsabilité du Président de la République et la procédure de destitution, en cas de transition.
5 – Instituer le Poste de Premier ministre avec plus de pouvoir réglementaire. C’est dire qu’il faut trouver un mécanisme qui concentre moins de pouvoirs dans les mains d’une seule personne etc…
Ce projet de Constitution doit être soumis au peuple de Guinée par voie référendaire avant les prochaines élections présidentielles. On éviterait ainsi de commettre les erreurs de 2010 où on a << adopté >> une constitution rédigée par une Assemblée constituante non souveraine par décret présidentiel.
 
B) De la création des commissions nationales.
Il faudra instituer au sein de cet organe constituant outre les commissions régaliennes ordinaires, notamment défense, affaires étrangères etc, des commissions qui permettent de prendre en charge des questions plus urgentes :
1 – Commission nationale de justice et de réconciliation.
2 – Commission indépendante d’audits financiers.
3 – Commission nationale de réflexion sur le système éducatif guinéen.
4 – Commission sur la gouvernance et les partis politiques.
Pour ne pas conclure, c’est au peuple de Guinée, surtout la JEUNESSE de se mobiliser afin d’accompagner cette transition, en vue de sa réussite. Le CNRD doit alors s’affranchir de toute affiliation politique et partisane, et éviter de tomber dans le piège des courtisans de palais. Le respect doit être dû à la communauté internationale, mais il revient au CNRD de faire son agenda en ayant pour boussole le sens patriotique et les défis à relever. Les nouvelles autorités doivent in fine et urgemment prendre des mesures appropriées contre ceux qui s’adonnent déjà à une entreprise
<< délibérée >> de DÉSINFORMATION, qui consiste ni plus ni moins qu’à détourner l’opinion nationale et internationale et créer ainsi de mouvement de contestation. Laisser cette attitude prospérer, c’est prendre le risque d’exposer davantage le pays à une instabilité.
Par Ali CAMARA.